Le Frère Jean-Pierre Schumacher est le dernier survivant du monastère de Tibhirine (capture d'écran YouTube)
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Le dernier survivant de Tibhirine mène une vie paisible au Maroc

Le Frère Jean-Pierre Schumacher, 94 ans, dernier survivant de la communauté des moines trappistes de Tibhirine, en Algérie, mène depuis 2000 une nouvelle vie au monastère Notre-Dame de l’Atlas, à Midelt, au sud du Maroc.

Dans cet endroit de «la capitale marocaine de la pomme», à 1’521m d’altitude, entre les chaînes du Moyen et du Haut Atlas, le religieux âgé consacre son temps à la promotion et à la défense du vivre-ensemble, ainsi que du respect mutuel entre musulmans et chrétiens. Il vit et travaille sur les lieux avec d’autres membres de sa communauté cistercienne, rapporte le quotidien marocain Libération. Le pape François l’a reçu, lors de sa visite au Maroc, les 30 et 31 mars 2019.

Contact avec les soufis

Le trappiste avait lui-même choisi de s’installer à Tibhirine au tout début de sa vie religieuse, en 1964. Il a quitté le pays à la suite de l’enlèvement de ses sept compagnons religieux, dans la nuit du 26 au 27 mars 1996. Les Frères Jean-Pierre et Amédée, qui dormaient dans une autre partie du monastère échappèrent à la rafle de présumés islamistes. Les têtes des moines kidnappés furent retrouvées dans la région le 30 mai.

Quatre ans plus tard, Frère Schumacher a rejoint les moines du monastère Notre-Dame de l’Atlas à Midelt, à une centaine de kilomètres de Fès, haut lieu de l’islam soufi et malékite.

«En Algérie, nous avons vécu une expérience particulière avec des musulmans soufis, raconte-t-il à Libération. Nous étions si proches les uns des autres. Nous avions un souci commun, celui de savoir comment se rapprocher de Dieu et avoir Sa bénédiction». Il a souhaité «pouvoir persévérer dans cette même voie, d’asseoir des relations basées sur le respect d’autrui, sa bonne compréhension tout en s’enrichissant mutuellement».

Accueil chaleureux

Se réjouissant de «l’accueil chaleureux et exemplaire» de la population de Midelt et des Marocains en général, il a ajouté: «Je mène une vie religieuse et spirituelle paisible et sereine, identique à celle de Tibhirine«.

Le monastère Notre-Dame accueille des étrangers de nombreux pays d’Europe et d’Amérique. Cela offre des occasions «de nouer des relations, de prier ensemble, d’échanger et de s’interroger sur notre vécu sur cette terre de paix, mais aussi, d’enrichir le côté spirituel chez eux».

Au plan local, le monastère reçoit aussi des chrétiens du Maroc. «Ils viennent se recueillir et partager des moments pleins de spiritualité et de piété. Les prêtres du monastère entretiennent des relations d’amitié solides avec les habitants de Midelt», a souligné le trappiste.

L’importance du respect mutuel

Le Frère Jean-Pierre Schumacher a fait part de sa volonté, et de celle des autres moines de faire connaître davantage la vie des populations locales, notamment sur le plan religieux. Son vœu: mener ensemble une vie «basée sur l’affection, la compréhension et le respect mutuels».

Parlant de la récente visite officielle du pape François au Maroc, à l’invitation du Roi Mohammed VI, il a souligné son caractère «singulier». «Lors de ce voyage, le Saint-Père a insisté sur l’importance du respect mutuel et du vivre-ensemble entre musulmans et chrétiens, ainsi que sur la nécessité de faire régner les valeurs d’amitié, de fraternité, d’entraide et de solidarité entre les adeptes des deux religions». (cath.ch/ibc/libe/rz)

Le Frère Jean-Pierre Schumacher est le dernier survivant du monastère de Tibhirine (capture d'écran YouTube)
9 avril 2019 | 13:32
par Raphaël Zbinden
Temps de lecture: env. 2 min.
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