Les migrants traversent souvent la mer au péril de leur vie. | © Coast Guard News/Flickr/CC BY-NC-ND 2.0
Vatican

Le pape invite à conjurer l’exode des réfugiés et à surmonter les peurs        

Rome, 01.10.2015 (cath.ch-apic) «Conjurer» l’exode des réfugiés et surmonter les préjugés et les peurs: c’est l’invitation lancée par le pape François dans un message en vue de la Journée mondiale des migrants et des réfugiés (17 janvier 2016), publié le 1er octobre 2015. Dans ce message, le pape évoque aussi l’importance de «l’identité» et la nécessité, pour chaque migrant, de respecter le patrimoine spirituel du pays hôte, ainsi que d’obéir à ses lois et de contribuer à ses charges, pour mieux s’intégrer.

Après avoir exhorté, début septembre, chaque paroisse européenne à accueillir une famille de réfugiés, le pape François insiste cette fois sur la nécessité de s’attaquer aux «causes» de la vague migratoire actuelle. «L’Eglise est aux côtés de tous ceux qui s’emploient à défendre le droit de chacun à vivre avec dignité, avant tout en exerçant leur droit à ne pas émigrer pour contribuer au développement du pays d’origine».Pour cela, il faut «aider les pays d’où partent les migrants et réfugiés», et ainsi «conjurer, si possible dès le début, les fuites de réfugiés et les exodes dictés par la pauvreté, par la violence et par les persécutions».

«Il est indispensable que l’opinion publique soit informée de tout cela et correctement, insiste le pape, notamment pour prévenir des peurs injustifiées et des spéculations sur la peau des migrants». Et le pontife de citer des «nouvelles formes d’esclavages gérées par des organisations criminelles», telles que les enfants soldats, ou les victimes du trafic d’organes, de la mendicité forcée et de l’exploitation sexuelle.

L’intégration comme enrichissement réciproque

Le pape relève cependant que les réfugiés «interpellent les individus et les collectivités» en «défiant leur mode de vie traditionnel et bouleversant parfois l’horizon culturel et social», suscitant alors suspicions et peurs. «Comment faire pour que l’intégration se transforme en un enrichissement réciproque», et qu’elle «prévienne le risque de la discrimination, du racisme, du nationalisme extrême ou de la xénophobie? (…) Les débats sur les conditions et sur les limites à poser à l’accueil ne cessent de se multiplier, reconnaît-il, non seulement au niveau des politiques et des Etats, mais aussi au sein de certaines communautés paroissiales qui voient leur tranquillité traditionnelle menacée». En Hongrie, un évêque a récemment estimé que le pape avait tort d’encourager à l’accueil des migrants économiques.

Obéir aux lois et contribuer aux charges du pays hôte

C’est une nouveauté dans le discours du pape François: une fois accueillis, les migrants doivent eux aussi s’adapter aux lois et coutumes du pays pour mieux s’y intégrer. «La question de l’identité n’est pas une question d’importance secondaire», souligne-t-il ainsi. «Celui qui migre, poursuit-il, est contraint de modifier certains aspects qui définissent sa personne, et même s’il ne le veut pas, force celui qui l’accueille à changer (…) Il est important de considérer les migrants non seulement en fonction de la régularité ou de l’irrégularité de leur condition, mais surtout comme des personnes qui, une fois leur dignité assurée, peuvent contribuer au bien-être et au progrès de tous, en particulier (…) en respectant de façon reconnaissante le patrimoine matériel et spirituel du pays hôte, en obéissant à ses lois et en contribuant à ses charges». Alors, seulement, il sera possible de «surmonter les préjugés et les peurs» pour «faire fructifier une culture de la rencontre».

La question de l’immigration a toujours été particulièrement chère au pape François. Son premier déplacement, trois mois après son élection, fut consacré à l’île sicilienne de Lampedusa, tristement connue pour les nombreux naufrages d’embarcations de migrants au large de ses côtes. Il y avait prononcé un discours désormais célèbre où il fustigeait la «globalisation de l’indifférence». (apic/imedia/bl/rz)

Les migrants traversent souvent la mer au péril de leur vie. | © Coast Guard News/Flickr/CC BY-NC-ND 2.0
1 octobre 2015 | 13:53
par Raphaël Zbinden
Temps de lecture: env. 3 min.
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