Le pape reçoit un cadeau embarrassant d'Evo Morales

La Paz, 08.08.15 (cath.ch-apic) A son arrivée à La Paz (Bolivie), dans la soirée du 8 juillet 2015, le pape François a reçu un cadeau fort surprenant de la part du président socialiste Evo Morales: la réplique d’un crucifix en forme de faucille et de marteau confectionné par le père jésuite Luis Espinal (1932-1980).

Le pape François a semblé visiblement gêné. Si la symbolique de ce présent est «ambiguë» de nos jours, a reconnu le lendemain le père Federico Lombardi, porte-parole du Vatican, le père Espinal n’entendait pas, à l’époque, faire de cette œuvre «une interprétation marxiste de la religion».

Un cadeau sur fond de polémique

Ce cadeau inattendu a très vite suscité la polémique sur les réseaux sociaux, certains accusant le président Evo Morales d’utiliser le pape à des fins politiques, d’autres assurant que le chef de l’Eglise catholique avait clairement manifesté sa désapprobation. Le père Lombardi a cependant expliqué que ce présent était une réplique de la croix en forme de faucille et de marteau, confectionnée à l’époque par le père jésuite Luis Espinal, également artiste, assassiné en 1980 sous la dictature de Luis Garcia Meza. La veille, au cours de son transfert de l’aéroport d’El Alto vers La Paz, le pape François s’était d’ailleurs arrêté pour prier en silence devant le lieu de son assassinat.

«Pour le père Espinal, a expliqué le père Lombardi, ce crucifix n’était pas un signe d’interprétation marxiste de la religion, mais plutôt de dialogue» entre l’Eglise et le monde communiste. Soulignant le problème «d’interprétation des œuvres artistiques», le directeur du Bureau de presse du Saint-Siège a encore insisté sur le fait qu’il ne s’agissait pas, pour le père Espinal, d’une «idéologisation» de la foi.  Reste que le choix d’Evo Morales a été considéré par l’Eglise locale, en froid avec l’ancien syndicaliste, comme une véritable provocation. Le père Lombardi s’est interrogé sur l’utilisation actuelle de ce symbole, qu’il a jugé «ambigu» et «problématique».

A La Paz, le président Evo Morales avait, dans le même temps, remis une médaille décorative au pape François, représentant le même symbole, la plaçant autour de son cou. «D’ordinaire, par principe, a noté le père Lombardi, le pape n’accepte jamais aucune décoration». Le porte-parole du Vatican a également noté que le pape ne connaissait pas, jusqu’à son arrivée à La Paz, l’existence de ce crucifix. (apic/imedia/bh)

 

Evo Morales, le président bolivien, offre au pape un crucifix en forme de marteau et de faucille.
10 juillet 2015 | 10:11
par Bernard Hallet
Temps de lecture: env. 2 min.
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