Le pape s’adresse aux survivants du crash de 1972 dans les Andes

Le pape François a écrit un message aux survivants du crash aérien survenu en 1972 dans les Andes. Certains d’entre eux furent forcés de recourir à l’anthropophagie sur les passagers morts pour survivre. «Vous vous êtes accrochés à ce que vous aviez de plus précieux, ainsi qu’au désir et à la volonté d’aller de l’avant et de continuer à vivre», leur a écrit le pontife.

La lettre du pape a été diffusée à l’occasion d’une messe célébrée à Montevideo, en Uruguay, pour les survivants du crash survenu le 13 octobre 1972, en territoire argentin. L’avion transportait des joueurs de rugby uruguayens qui devaient se rendre au Chili pour y disputer un match. Sur 45 passagers, seuls 16 survécurent, qui furent finalement secourus le 23 décembre 1972.

Hommage à «ceux qui ne sont pas rentrés»

La messe a été organisée 50 ans, jour pour jour, après la catastrophe. Elle a été présidée par l’archevêque de Montevideo, le cardinal Daniel Sturla. Une lettre du pape François a été lue par Gustavo Zerbino, un survivant qui avait collaboré avec le pape François à travers la fondation Scholas Occurrentes.

«La célébration de l’Eucharistie est l’invitation du Seigneur à se souvenir, à se rappeler avec gratitude son passage dans nos vies et dans notre histoire», écrit le pape. Il a rendu hommage à «ceux qui ne sont pas rentrés». S’adressant aux survivants, sans évoquer frontalement la question de l’anthropophagie, le pontife argentin leur a rappelé les «situations extrêmement difficiles, tragiques oserais-je dire, où l’hostilité et l’incertitude, la solitude et l’abandon, l’insignifiance et la privation, parmi tant d’autres choses, prenaient le dessus sur vos journées, vous mettant continuellement à l’épreuve».

La volonté de vivre

«Dans cette situation de dépossession, de pénurie totale, vous avez néanmoins été capables de vous souvenir et de faire appel à ce que vous aviez appris, enfants, dans vos foyers et dans l’éducation que vous aviez reçue», ajoute le pape dans son message.

«Vous étiez ensemble, vous formiez une équipe, et vous aviez la force et le soutien de la prière. Vous vous êtes accrochés à ce que vous aviez de plus précieux, ainsi qu’au désir et à la volonté d’aller de l’avant et de continuer à vivre». Il salue «un témoignage pascal, où la douleur et l’incompréhension de ce que vous avez vécu se transforment, pour beaucoup, en un signe de vie et d’espérance», écrit le pontife.

«C’est vrai, il y a beaucoup de moments où nous devons faire face à des situations extrêmes mais, en communauté et avec la prière, aidons à nous ouvrir à l’espérance», souligne le pape. Il a livré cette conclusion en forme de métaphore: «N’oubliez pas de prier pour moi qui ai aussi mes ›montagnes’ à franchir.»

Compréhension pour les survivants

Le crash d’un avion transportant de jeunes joueurs de rugby uruguayens, survenu le 13 octobre 1972 dans les Andes argentines, a marqué l’histoire en raison de la survie de 16 passagers, qui eurent la vie sauve après avoir consommé les restes de leurs compagnons d’infortune. L’aventure a été retracée dans le film de fiction Les survivants (1993).

L’un des survivants, Pancho Delgado, révéla leurs conditions de survie lors d’une conférence de presse, en utilisant l’image de l’eucharistie pour expliquer cet acte. Ce cas d’anthropophagie, qui suscita un vaste engouement médiatique mais aussi des interrogations sur la licéité morale de cet acte, fit l’objet d’une absolution de la part du pape Paul VI. Les épiscopats chilien et uruguayen exprimèrent également leur compréhension pour les survivants, compte tenu des conditions extrêmes de leurs plus de deux mois passés à attendre les secours. (cath.ch/imedia/cv/rz)