La pensée de Confucius a marqué la société de plusieurs pays, dont la Chine | © peinture du 18e siècle
Vatican

Le Saint-Siège s'engage dans le dialogue avec le confucianisme

Les 8 et 9 mars 2024, le Saint-Siège participera à Taïwan à un congrès pour promouvoir le dialogue entre le christianisme et le confucianisme, annonce le dicastère pour le Dialogue interreligieux le 7 mars. Il s’agit d’un pas historique dans les échanges entre l’Église catholique et cette tradition philosophico-religieuse plurimillénaire, terreau culturel et spirituel de la Chine et d’autres pays asiatiques.

La rencontre se tiendra dans l’Université catholique Fu Jen, dans la capitale Taipei. Le but de la réunion est de «formuler des lignes directrices officielles pour les catholiques qui s’engagent dans un dialogue avec les adeptes du confucianisme». Le dicastère pour le Dialogue interreligieux coorganise l’événement.

Dans son communiqué, le dicastère en charge des questions interreligieuses, dirigé par le cardinal Miguel Angel Ayuzo Guixot, affirme que cette rencontre représente «un pas en avant significatif» dans la promotion du dialogue christiano-confucéen. Une première session s’était tenue en ligne le 19 janvier dernier avec des participants originaires de Chine, de Taïwan, de Malaisie, de Corée du Sud, du Japon et du Vietnam – pays où la tradition confucéenne est centrale ou prégnante.

Rapprochement diplomatique avec la Chine et le Vietnam

Cette rencontre s’inscrit dans la dynamique plus générale de rapprochement entre le Saint-Siège et les grandes traditions culturelles et spirituelles de l’Extrême-Orient. Le pape François, qui dans sa jeunesse rêvait de devenir missionnaire en Asie, a ainsi participé à des rencontres avec de hauts dignitaires des religions orientales lors de ses voyages au Japon, en Thaïlande, en Mongolie ou en Corée du Sud.

Cette promotion du dialogue interreligieux représente aussi un pas important du point de vue du rapprochement diplomatique que le Saint-Siège promeut avec le Vietnam et la Chine. Le premier a autorisé l’installation d’une représentation pontificale permanente sur son territoire en juillet dernier alors qu’un accord pastoral sur la nomination des évêques a été trouvé avec le second en 2018. Se déroulant à Taïwan, cette rencontre permet enfin au Saint-Siège d’établir des contacts avec les «deux Chines» sans risquer d’éveiller les tensions actuelles qui entourent les revendications de Pékin sur le territoire taïwanais.

La Chine, société confucéenne

Kongzi – Maître Kong, en chinois – est un philosophe chinois qui a vécu au VIe et Ve siècle av. J.-C. Son enseignement a donné naissance à l’école de pensée confucianiste qui devint le socle religieux et culturel de la Chine pendant de nombreux siècles. S’y greffent par la suite les deux autres religions que sont le bouddhisme et le taoïsme.

On doit aux missionnaires jésuites, arrivés en Chine au XVIe siècle, la redécouverte de Confucius et la latinisation de son nom. Le jésuite Matteo Ricci – auquel le pape François a récemment rendu hommage et qui est en passe de devenir bienheureux – puis ses successeurs, vont s’appuyer très largement sur les enseignements du penseur pour inculturer le christianisme dans l’Empire du Milieu.

Le confucianisme, référence des libres-penseurs

Cette dynamique connaît cependant un temps d’arrêt avec la «querelle des rites», au XVIIIe siècle, à l’issue de laquelle le Saint-Siège prononce l’interdiction des rites non chrétiens. Dans le même temps, Confucius devient une des figures de référence de certains milieux libres penseurs occidentaux qui voient dans son héritage une preuve de la possibilité pour une société de promouvoir la sagesse et la vertu sans avoir recours aux religions.

En Chine, Confucius est une figure centrale qui fut seulement contestée sous Mao Zedong. Ce dernier s’était violemment opposé à sa pensée, la considérant comme contraire aux principes de sa Révolution culturelle. Pendant cette période, le confucianisme survit sous sa forme traditionnelle dans la diaspora chinoise, ainsi qu’à Taïwan et Hong Kong.

Aujourd’hui, le président Xi Jinping a fait du confucianisme un des piliers de sa politique nationaliste de «sinisation» de la société. (cath.ch/imedia/cd/rz)

La pensée de Confucius a marqué la société de plusieurs pays, dont la Chine | © peinture du 18e siècle
7 mars 2024 | 16:21
par I.MEDIA
Temps de lecture: env. 3 min.
Partagez!