Le train partira de la gare du Vatican (Photo:Alex Egervary/Flickr/CC BY-NC-ND 2.0)
Vatican

Le Vatican méconnu: la gare ferroviaire

Rome, 12 mai 2015 (Apic) Située au sud de la Cité du Vatican, à 200 mètres de la basilique Saint-Pierre, la gare ferroviaire du Vatican a été peu utilisée pour le transport. Les accords du Latran, signés le 11 février 1929, ayant décidé de doter le nouvel Etat du Vatican de plusieurs infrastructures, l’Italie offrit au pape des rails et une gare, afin de mettre le petit Etat en communication avec les voies ferrées de l’Etat italien. En 2003, elle a été transformée en boutique et propose désormais notamment des produits de luxe détaxés.

Dès 1929, Giuseppe Momo, l’architecte de confiance de Pie XI (1922-1939), fut chargé de construire la gare et de percer l’enceinte du Vatican pour y placer une grande porte métallique donnant sur les 862 mètres de voies ferrées parcourant le Vatican. Inauguré en 1933, le bâtiment en marbre blanc, haut de 17 mètres, fut financé par le ministère italien des travaux publics. Il est surmonté par les armes de Pie XI.

La décoration intérieure ne fut pas non plus négligée: huit grandes colonnes de marbre ornent un hall entouré de salons et des bureaux du personnel. La gare accueillit sa première locomotive en 1934. Mais à l’époque, le Vatican ne disposait d’aucun matériel, ni d’entreprise de chemin de fer, ni même de chef de gare. A partir de cette date, le bâtiment a servi pour un simple trafic de marchandises.

A la fin des années 1980, et pendant une vingtaine d’années, la gare fut transformée en entrepôt pour du matériel et des jouets. A Noël, le personnel du Vatican venait y acheter les cadeaux pour les enfants. Pendant un temps, la gare a également abrité un petit musée philatélique et numismatique.

Les papes et la gare

Depuis l’invention du train, les papes avaient montré peu d’intérêt envers cette nouveauté. Grégoire XVI (1831-1846) s’était fermement opposé à un projet de gare au Vatican, pour lequel il aurait dit «chemin de fer, chemin d’enfer!». Son successeur Pie IX (1846-1878) avait ouvert la voie en lançant la construction de connexions reliant Rome aux villes d’Ancône et de Bologne, qui faisaient encore partie des Etats pontificaux. Il fut cependant bien vite rattrapé par l’Unité d’Italie et l’annexion des territoires pontificaux par les Piémontais en 1861. La raison principale de ce manque d’intérêt provient donc du fait que, depuis 1870, les papes étant considérés comme prisonniers au Vatican, la question du transport ne se posait pas. Le premier pape à monter dans un train fut finalement un pontife défunt. En effet, le 13 avril 1959, après sa canonisation, le corps de Pie X (1903-1914) fut envoyé à Venise, ville dont il avait été patriarche.

Par la suite, quelques papes ont utilisé cette gare pour prendre le train. Le 4 octobre 1962, Jean XXIII a quitté Rome par la voie ferrée afin de se rendre en pèlerinage à Lorette et Assise, à bord d’un train prêté par le président italien. Jean Paul II utilisa la gare à deux reprises: le 8 novembre 1979, il parcourut une distance symbolique jusqu’à la gare italienne de San Pietro, à quelques centaines de mètres, à l’occasion de la journée du cheminot; le 24 janvier 2002, il se rendit à Assise en compagnie de 200 chefs religieux du monde entier à bord de quatre voitures prêtées par les chemins de fer italiens.

Le 21 mai 2011, la gare a repris temporairement du service pour quelques heures, pour permettre le départ d’un train spécial organisé par l’organisation caritative catholique Caritas internationalis, pour une récolte de fonds sur une large partie du territoire italien, à l’occasion de son 60e anniversaire. Benoît XVI a également emprunté un train au départ du Vatican, le 27 octobre 2011, pour se rendre à son tour à une rencontre interreligieuse à Assise. Les voies ferrées de la cité n’étant pas électrifiées, le train était conduit par une locomotive diesel.

Sous le pontificat du pape François, la gare du Vatican aura connu plusieurs opérations baptisées «le train des enfants», en lien avec le ›Parvis des gentils’, initiative du Conseil pontifical pour la culture qui a pour but d’encourager le dialogue avec les non-croyants. En juin 2013, le pape avait ainsi accueilli quelque 250 enfants en difficulté venus par le train de Milan, Bologne et Florence. En mai 2014, il avait présidé une rencontre avec quelque 500 jeunes Italiens en difficulté. Une rencontre est de nouveau prévue cette année, le 30 mai prochain, avec des enfants dont les mères sont en prison.

Le magasin de luxe

En mai 2003, le Vatican a décidé de transformer sa gare en un magasin de prêt-à-porter, maroquinerie, parfumerie et bijouterie, où sont vendus des produits détaxés: sacs, valises, matériel électronique, tabac… Un rayon d’habillement pour les prêtres est également disponible. Les fonctionnaires et employés de la cité et des ambassades auprès du Saint-Siège ont accès, sur présentation d’une carte, aux rayons du magasin.

Pas moins de 40’000 cartes d’accès au magasin sont actuellement en circulation, soit dix fois plus que le nombre d’employés du Vatican. La fermeture de ce magasin un peu trop luxueux serait à l’étude, à la demande du pape François. (apic/imedia/cd/rz)


Encadré

Série sur les lieux emblématiques du ›Vatican méconnu’

On pourrait croire que le Vatican se limite à la place et à la basilique Saint-Pierre. Pourtant, avec ses 44 hectares de terrain, l’Etat de la Cité du Vatican possède tous les attributs d’un Etat à part entière. Plus petit Etat au monde – quatre fois moins que la principauté de Monaco -, il est composé de bâtiments, de cours, de petites places, de quelques rues et de jardins.

Ainsi le Vatican possède une gare, des magasins, des tribunaux, une radio, et nombre de services utiles aux quelque 900 résidents et 2800 employés, ainsi qu’au rayonnement du Saint-Siège. Des lieux qui ont tous leur histoire, souvent postérieure à la signature des Accords du Latran, en 1929, entre Benito Mussolini et le cardinal Pietro Gasparri.

Mais le territoire du Vatican s’étend également au-delà de ses 3,2 kilomètres de frontières. Il s’agit des palais extraterritoriaux, du ›Vatican-hors-les-murs’, dont le plus important est la résidence d’été des papes à Castel Gandolfo, ainsi que les basiliques majeures et certains bureaux de la curie.

Au fil des semaines à venir, l’agence I.MEDIA proposera de retrouver un de ces lieux emblématiques du ›Vatican méconnu’ parmi lesquels la Maison Sainte-Marthe, nouveau cœur du Vatican ; le Palais du Gouvernorat, siège des services généraux, techniques et économiques ; la gare ferroviaire, devenue magasin de luxe ; la reproduction de la Grotte de Lourdes où les papes aiment à se recueillir ; le monastère Mater Ecclesiae où s’est retiré Benoît XVI (2005-2013) ou encore la Casina Pio IV, siège de l’Académie pontificale des sciences. (apic/imedia/cd/rz)

Le train partira de la gare du Vatican
12 mai 2015 | 11:19
par Raphaël Zbinden
Temps de lecture: env. 4 min.
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