Les nationalistes veulent interdire l’Eglise orthodoxe d’Estonie Vue de la capitale Tallin | Ramon Cutanda Lopez/Flickr/CC BY 2.0)
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L'Eglise orthodoxe russe estime qu'elle ne risque pas d'être isolée

L’Église orthodoxe russe reste optimiste quant aux perspectives de sa position dans le monde, estime le Patriarcat de Moscou. Mais un parti nationaliste estonien demande aux autorités de Tallinn d’interdire l’Église orthodoxe estonienne du Patriarcat de Moscou, accusée de justifier les actions militaires de la Russie en Ukraine.

«Je n’exclus pas que certains pays inamicaux puissent prendre certaines mesures pour restreindre nos activités à l’étranger», admet le métropolite Antonij (Antoine) de Volokolamsk, chef du département des relations ecclésiastiques extérieures du Patriarcat de Moscou.

Mais, le responsable orthodoxe refuse d’évoquer le risque d’un quelconque isolement. A ce propos, «je veux parler des églises vides, de l’exode des croyants, du déclin de la vie ecclésiastique», a déclaré début octobre le métropolite Antonij lors de l’émission «L’Église et le monde» (Tserkov’ i mir), diffusée sur la chaîne de télévision Rossia-24. Il a également relevé que l’Église russe n’avait pas encore rencontré d’exemples de restrictions de son ministère à l’étranger, «sauf, peut-être, en Lettonie».

Les nationalistes veulent interdire l’Eglise orthodoxe d’Estonie

Mais la pression se fait de plus en plus forte dans les pays baltes. Ainsi en Estonie, un parti nationaliste estonien d’extrême-droite exige l’interdiction de l’Église orthodoxe estonienne du Patriarcat de Moscou, une Eglise qui a pourtant soutenu la déclaration du Conseil des Églises d’Estonie du 19 mars 2022, condamnant les actions militaires de la Russie en Ukraine. Dans ce pays, où les russophones forment une importante minorité, nombre d’entre eux ont le passeport estonien et s’affirment comme «citoyens estoniens».

Selon le journal estonien Postimees, les représentants du parti nationaliste estonien «Patrie» exigent la suppression de l’Eglise orthodoxe d’Estonie, une juridiction auto-administrée mais rattachée canoniquement au Patriarcat de Moscou. L’un des objectifs de cette Eglise serait de populariser l’idéologie du « monde russe » (Russkij Mir), qui postule l’unité de tous les peuples parlant russe, accuse le parti nationaliste estonien. «Cette Eglise est une menace pour la sécurité de l’Etat et de la société estonienne au sens large», affirme-t-il.

L’Eglise refuse de prendre partie

De son côté, l’Eglise orthodoxe d’Estonie, dans une société divisée, relève qu’il continue d’y avoir des appels pour qu’elle prenne une position sur les événements qui se déroulent en Ukraine et qu’elle fasse à chaque fois des déclarations politiques. «Mais si l’Église s’implique dans ces conflits et, avec les politiciens, commence à condamner avec colère les événements qui se déroulent, où une personne trouvera-t-elle du réconfort dans son âme troublée ?» Elle refuse de prendre de tels positions et estime que «l’Église est appelée à prêcher la paix dans le Christ, et c’est sa vocation».

Les auteurs de la déclaration proposent de mettre fin aux activités de l’Eglise orthodoxe d’Estonie, de nationaliser ses biens immobiliers et mobiliers et de les transférer à l’Église orthodoxe apostolique estonienne, créée en 1996 par le patriarche de Constantinople. En outre, ces militants ont appelé à l’annulation du permis de séjour du métropolite Eugène de Tallinn et des religieux de cette Eglise qui justifieraient l’opération militaire en Ukraine, ainsi qu’à les expulser du pays. «Nous attendons du ministre de l’Intérieur Lauri Läänemets qu’il agisse rapidement et de manière décisive», a déclaré le parti dans un communiqué.

Soutien de l’Eglise russe à l’annexion de territoires ukrainiens

Les partisans nationalistes remarquent que des représentants de l’Église orthodoxe russe ont assisté à Moscou à la cérémonie de signature des actes d’annexion à la Russie des républiques populaires de Donetsk et de Lougansk et des régions de Zaporijjia et de Kherson, le 30 septembre, à la salle Saint-Georges du Grand Palais du Kremlin de Moscou. Ces territoires sont censés former des nouveaux sujets de la Fédération de Russie.

Le Patriarcat de Moscou, aligné sur la politique du président Poutine, était représenté lors de cet événement par le métropolite Antoine de Volokolamsk, président du Département des relations ecclésiastiques extérieures du Patriarcat de Moscou, le métropolite Denis de Voskressensk, chancelier du Patriarcat de Moscou, le métropolite Panteleimon de Lougansk et d’Altchevsk, V. Legoïda, président du Département synodal responsable des relations de l’Église avec la société et les médias, directeur intérimaire du Service de presse du Patriarcat de Moscou.  (cath.ch/interfax/eod’e/be)

Les nationalistes veulent interdire l’Eglise orthodoxe d’Estonie Vue de la capitale Tallin | Ramon Cutanda Lopez/Flickr/CC BY 2.0)
6 octobre 2022 | 17:50
par Jacques Berset
Temps de lecture: env. 3 min.
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