Les Églises déplorent l’arrêt par Berlin du financement du sauvetage en mer
Le ministère des Affaires étrangères allemand a décidé le 25 juin 2025 de suspendre le soutien aux organisations de sauvetage en mer. Des Églises allemandes, impliquées dans cette démarche, critiquent une décision qui met de nombreuses vies en péril.
Au premier trimestre 2025, l’État allemand a versé 900’000 euros aux organisations de sauvetage civil en mer Méditerranée, après un total de deux millions en 2024. La décision de la nouvelle coalition de droite au pouvoir d’y mettre fin impactera considérablement les activités de ces ONG. Cela alors que le Bundestag avait voté en 2022 ce financement jusqu’en 2026. Sur les 21 organisations participant à la flotte de sauvetage en Méditerranée centrale, 10 sont en effet allemandes.
L’Église protestante engagée
Les Églises chrétiennes, notamment protestantes, en Allemagne, entretiennent des liens étroits avec plusieurs ONG de sauvetage en mer. Elles leur offrent notamment un soutien idéologique, financier et logistique. L’Église protestante d’Allemagne (EKD) a financé ou soutenu des projets comme Sea-Watch, ou United4Rescue, pour le sauvetage maritime. L’EKD a également contribué à l’achat du navire Sea-Watch 4, un bateau de sauvetage opéré en coopération avec plusieurs ONG.
Les Églises catholiques allemandes sont moins présentes dans des initiatives directes, mais certaines paroisses ou organisations affiliées (par exemple Caritas) participent à la collecte de fonds ou à l’hébergement des migrants.
Encore plus de noyades en Méditerranée
Parallèlement à des organisations humanitaires, l’EKD a publiquement regretté la décision de Berlin, rapporte le site evangelisch.de (26 juin). Le délégué aux réfugiés de l’Église, Christian Stäblein, a déclaré que face au désengagement de l’État, il restait désormais une fois de plus à la société civile de sauver des vies humaines et de défendre l’humanité, ainsi que le droit international. «La subvention de l’État pour le sauvetage civil en mer était un engagement politique en faveur de l’humanité. La décision du nouveau gouvernement fédéral de mettre fin à cette aide salvatrice représente un contrepied fatal à cette avancée», a déclaré le responsable protestant.
L’initiative internationale SOS Méditerranée a souligné que cette mesure du gouvernement s’inscrivait dans une tendance inquiétante à rendre l’aide humanitaire plus difficile par des moyens politiques et administratifs. Anna di Bari, membre du conseil d’administration de l’initiative Sea-Eye, a assuré que «cela entraînera à l’avenir encore plus de noyades en Méditerranée».
La Méditerranée est l’une des routes de migration les plus dangereuses au monde. Depuis 2014, plus de 32’200 personnes ont perdu la vie ou sont portées disparues lors de la traversée, selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM). (cath.ch/envangelisch/ag/rz)