Mgr Eric de Moulins-Beaufort, président de la Conférence des évêques de France à Lourdes: le catholicisme français est secoué par les révélations sur les abus   | © KEYSTONE/MAXPPP/Manuel Blondeau
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Les évêques français ne veulent pas élire «un sauveur ni un messie»

Mgr Eric de Moulins-Beaufort, président de la Conférence des évêques de France (CEF), a appelé ses compatriotes à un «choix responsable» pour l’élection présidentielle, dont le premier tour a lieu le 10 avril 2022. Sans privilégier un parti, les évêques français prônent un vote d’ouverture et de solidarité.

«Dimanche, nous n’élirons pas un sauveur de la France, ni un messie, ni quelqu’un qui devrait incarner tout le bien à faire», a déclaré Mgr Moulins-Beaufort, dans son discours de clôture de l’Assemblée plénière de printemps de la CEF, le 8 avril à Lourdes.

«Nous aurons à choisir un responsable politique, homme ou femme, celui ou celle qui aura à conduire notre pays dans les temps toujours incertains où l’humanité avance, dans ces temps spécialement incertains de fractures sociales, de crise sanitaire, de crise écologique, de guerre toujours possible» , a ajouté le fraîchement réélu président de la CEF.

Ni fermeture, ni euthanasie

L’archevêque de Reims n’a nommé aucune formation politique. Mais ontr transparu, en filigrane de son discours, les inquiétudes liées au score prévu comme «historique» de l’extrême-droite. Face aux discours nationalistes et s’approchant parfois du révisionnisme brandis par les représentants de cette tendance, l’Eglise du pays exhorte à l’humilité. «Notre pays ne se définit pas par la nostalgie de ses grandeurs passées», a ainsi relevé Mgr de Moulins-Beaufort.

Il a aussi réagi aux orientations protectionnistes de la droite conservatrice, notamment concernant l’Europe et l’immigration, en soulignant que le pays «ne se grandit pas en prétendant s’entourer de murs».

L’archevêque de Reims s’est aussi attaqué, cette fois davantage du côté gauche de l’échiquier, aux politiques sociales jugées incompatibles avec la doctrine catholique, telles que le suicide assisté. «Il [le pays, ndlr.] ne se grandirait pas non plus s’il en venait à renoncer à accompagner les êtres humains jusqu’au bout de leur vie en les entourant de fraternité au profit d’une mort prétendument douce».

Le président de la CEF considère ainsi que le pays «est vivant lorsqu’il porte au milieu des nations la voix du respect de toute personne humaine et de l’espoir de pouvoir nouer une alliance avec elle.»

Un vote catholique «éclaté»

Le discours de Mgr de Moulins-Beaufort renvoie globalement au document publié par les évêques le 18 janvier dernier. Intitulé L’espérance ne déçoit pas, il dévoilait la position de l’épiscopat sur les enjeux de l’élection présidentielle. Les prélats y invitaient en particulier les chrétiens à cultiver le sens des «responsabilités à l’égard de tous», la «vigilance éthique et sociale», ainsi que «l’espérance». Il exhortait en outre à ne pas céder à l’amertume, au découragement ou à la peur.

Le texte ne mentionnait pas non plus explicitement de formations politiques. Comme le signale le magazine La Vie, les évêques, eux-mêmes très divers, savent qu’ils s’adressent à des communautés fortement éclatées – pour ne pas dire divisées – en termes de sensibilités politiques. Le premier tour de 2017 avait en effet révélé l’extrême diversité du vote catholique. Les Français se reconnaissant comme tels avaient été 14 % à voter pour Jean-Luc Mélenchon lors du premier tour, 4 % avaient choisi Benoît Hamon, 22 % Emmanuel Macron, 28 % François Fillon, 6 % Nicolas Dupont-Aignan, et 22 % Marine Le Pen. (cath.ch/cx/lavie/rz)

Mgr Eric de Moulins-Beaufort, président de la Conférence des évêques de France à Lourdes: le catholicisme français est secoué par les révélations sur les abus | © KEYSTONE/MAXPPP/Manuel Blondeau
10 avril 2022 | 16:10
par Raphaël Zbinden
Temps de lecture: env. 2 min.
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