Les LGBT brésiliens, mieux reçus dans l’Eglise que dans la société

Le Réseau de groupes catholiques LGBT au Brésil est dans un processus d’intégration au sein de l’Eglise dans le pays. Ses responsables saluent un accueil plus favorable dans l’institution que dans la société brésilienne.

Les responsables du Réseau affirment que l’épiscopat et les mouvements laïcs accordent à présent davantage d’attention au Réseau que par le passé. Des mesures importantes ont été prises récemment pour l’intégrer dans la vie ecclésiale, rapporte le 26 octobre 2023 le site américain Crux. Le Réseau de groupes catholiques LGBT au Brésil (Rede Nacional de Grupos Catolicos LGBT) compte actuellement 23 groupes dans 10 États brésiliens, ainsi que deux groupes en ligne.

Bien que ces associations ne fassent pas partie des conseils locaux de laïcs diocésains, le Réseau est devenu membre du Conseil national de laïcs en août 2022. «Il y a des groupes conservateurs au sein du Conseil, mais aucun d’entre eux ne s’est opposé à leur admission», a indiqué Marcio Oliveira, secrétaire du Conseil national des laïcs.

Renforcement des partenariats

En août 2023, le Réseau a tenu une réunion avec les responsables de la Conférence épiscopale à Brasilia, la première dans l’histoire du mouvement. «Ce fut une rencontre très positive (…) Parfois, les gens peuvent avoir l’impression que nous voulons promouvoir une rupture. Mais il était clair pour l’épiscopat que nous faisons partie de l’Église et que nous voulons marcher avec elle sur le chemin synodal», a déclaré Luis Rabello, responsable du Réseau.

De prochaines étapes potentielles, y compris la création d’une commission de la conférence épiscopale pour accompagner le réseau LGBT, ont été discutées lors de la réunion. Marcio Oliveira est persuadé que les groupes locaux seront en mesure d’intégrer les conseils diocésains et de consolider leur participation ecclésiale locale.

Enthousiasmés par le Synode

Selon le laïc brésilien, la campagne permanente du pontife en faveur d’une «Église ouverte, capable d’atteindre les périphéries géographiques et existentielles» a créé une atmosphère d’acceptation et de tolérance. En tant que membre du Conseil des laïcs, le Réseau a pu participer à d’importantes rencontres de l’Église brésilienne, notamment à la phase sud-américaine du Synode des évêques sur la synodalité en mars. Le Synode mondial, qui s’est achevé fin octobre à Rome, n’a toutefois pas abordé de front le sujet de l’homosexualité, le terme LGBT n’apparaissant même pas dans le rapport final. Le texte mentionne cependant les «personnes qui se sentent marginalisées ou exclues de l’Église en raison de leur situation matrimoniale, de leur identité et de leur sexualité et qui demandent également à être entendues et accompagnées, et à ce que leur dignité soit défendue».

Les «bloc chrétien» contre les LGBT

Mais alors que le Réseau a trouvé dans l’Église catholique une atmosphère d’ouverture et de dialogue, il s’est heurté à une plus grande résistance dans la société et la politique brésiliennes. Dans une lettre ouverte publiée à l’issue de sa quatrième rencontre nationale, début octobre 2023 dans la ville de Fortaleza, le réseau catholique a dénoncé les «groupes fondamentalistes de base chrétienne au sein du Congrès brésilien» qui ont agi pour restreindre les droits des LGBT.

Ce que l’on appelle le «bloc chrétien», composé principalement de politiciens liés aux églises évangéliques, a fait pression pour que le Congrès approuve un projet de loi visant à empêcher le mariage entre personnes de même sexe au Brésil. «Si ce projet de loi est adopté par la Chambre des députés et le Sénat, la Cour suprême le déclarera certainement inconstitutionnel. Mais il aura un effet politique sur la société», a averti Luis Rabello.

La montée du conservatisme au Brésil ces dernières années, lorsque l’ancien président Jair Bolsonaro a galvanisé le soutien des catholiques traditionalistes et des églises évangéliques, est considérée par le responsable du Réseau comme l’une des causes de l’intolérance envers les personnes LGBT. «Ce processus trouve également un écho dans l’Église (catholique), avec des groupes conservateurs qui ont une attitude anti-LGBT», a-t-il déclaré. «Je pense que ces groupes traditionalistes évitent de contredire directement la parole du pape», a cependant relevé Marcio Oliveira. (cath.ch/crux/arch/rz)