Mali: Deux cents coups de fouet pour un couple reconnu coupable d’adultère

Les salafistes décidés à appliquer la charia

Bamako, 21 juin 2012 (Apic) Un homme et une femme non mariés ont reçu chacun cent coups de fouet le 20 juin 2012 à Tombouctou, au nord du Mali, pour avoir eu un enfant hors mariage. Les salafistes du mouvement Ansar Dine (les défenseurs de la religion musulmane) qui contrôlent la ville depuis mars entendent y imposer la charia (loi islamique).

Plusieurs groupes islamistes radicaux, tels que Ansar Dine, Al Qaida au Maghreb islamique, le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (MUJAO) contrôlent les villes de Gao, Tombouctou et Kidal, au nord du Mali, où ils ont décidé d’appliquer la Charia. Le châtiment corporel a eu lieu au centre de la ville, devant la grande mosquée de Sankoré, et devant une foule nombreuse.

Pour les salafistes d’Ansar Dine, ce premier cas d’application de la charia est un message et un avertissement. Car désormais, la loi islamique leur sera appliquée en cas de délit. Six autres femmes qui donné naissance à des enfants sans être mariées seront sanctionnées prochainement, a déclaré un membre de la police islamique, chargé de veiller au respect scrupuleux des consignes du mouvement.

Selon le site internet de Radio France internationale (RFI), Hamaradane 23 ans, cuisinier au chômage, a été arrêté la semaine dernière, devant la maison de sa fiancée Zebou. Il a été dénoncé pour adultère et a passé 48 h au siège de la police islamique. Il a été ensuite présenté à un cadi ou juge des affaires islamiques, qui l’a condamné, avec sa fiancée, à 100 coups de fouet chacun. Cette sentence a été exécutée publiquement le 20 juin. Selon un témoin, «ils ont été amenés sur la place face au public. Ils n’ont pas été déshabillés, sont restés avec leur tenue et on a commencé à administrer à chacun cent coups de cravache».

Selon un autre témoin, cité par RFI, «les gens sont curieux parce qu’on n’a jamais vu ça dans notre ville ! On vient pour voir si c’est vrai ! Notre ville est une ville laïque, ce n’est pas une ville de charia» Un reporter de la télévision malienne a filmé la scène. Les habitants avaient été informés par un message diffusé sur radio ’Bouctou’, une radio locale, désormais contrôlée par les islamistes.

«Nous ne sommes pas des démocrates»

Pour le représentant local d’Ansar Dine, Sanda ould Boumama, par cette sanction, ils ont donné l’exemple. L’adultère n’est pas permis. Se référant au Coran, il a ajouté: «pour nous la charia doit être appliquée, que la population l’accepte ou pas, on va l’appliquer. On ne demande pas l’avis de qui que ce soit. Nous ne sommes vraiment pas démocrates.»

Ansar Dine a annoncé en soirée que les deux jeunes gens avaient été mariés en fin de journée. Hamaradane et Zebou sont désormais libres et échappent au bannissement de la ville pendant un an. Le cadi qui a célébré leur union est celui qui les avait puni.

La semaine dernière, des membres du MUJAO avaient brûlé des cartons de cigarettes et fouetté des fumeurs à Bourem, une ville du nord du Mali qu’ils occupent et contrôlent. En mai à Gao, ils avaient empêché des jeunes de jouer au football et de regarder la télévision, ce qui avait provoqué de violentes manifestations anti-islamistes. (apic/rfi/ibc/mp)

21 juin 2012 | 15:22
par webmaster@kath.ch
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Mali (60), Tombouctou (3)
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