Grande Mosquée de Bruxelles  | © William Murphy, Dublin
International

L’Exécutif des musulmans de Belgique mis hors-jeu par le gouvernement

L’Exécutif des musulmans de Belgique (EMB) est mis hors-jeu par le gouvernement fédéral à Bruxelles. Le vice-Premier ministre belge et ministre de la Justice Vincent Van Quickenborne a décidé d’entamer la procédure de retrait de reconnaissance de l’EMB, l’instance représentative du culte islamique de Belgique.

Van Quickenborne affirme que l’EMB, chargé de la gestion du temporel du culte musulman, «ne peut plus être un interlocuteur». Longtemps critiqué par le gouvernement, l’Exécutif des musulmans de Belgique pourrait être dissout dans quelques jours. Le ministre de la Justice Van Quickenborne l’accuse de ne pas être représentatif de tous les musulmans du pays.

Au Parlement, le ministre flamand avait eu des mots très durs envers l’EMB: «Je regrette que la communauté musulmane soit tenue en laisse depuis des mois par son organe soi-disant représentatif».

Influences étrangères sur les mosquées

La décision du ministre du parti des libéraux et démocrates flamands Open Vld a été qualifiée d’«inacceptable», par Mehmet Ütsün, le président de l’EMB basé à Bruxelles. L’EMB, jusqu’ici l’interlocuteur officiel de la communauté musulmane de Belgique auprès des autorités publiques belges, est accusée de manque de transparence ainsi que de «perméabilité aux influences de pouvoirs étrangers», notamment turcs et marocains; et via des institutions turques comme la «Diyanet İşleri Başkanlığı» (Présidence des affaires religieuses turques) ou le «Milli Gôrüs» (organisation islamique européenne basée en Allemagne), et marocaines, comme le Rassemblement des musulmans de Belgique financé directement depuis le Maroc. Comme représentant officiel de la communauté musulmane, l’EMB percevait jusqu’ici de l’Etat belge quelque 600’000 euros de subsides annuels.

L’EMB, miné par des dissensions internes depuis des années, avait en outre vu la Sûreté de l’Etat soupçonner son président Mehmet Ütsün d’être lié à l’extrémisme. «L’organisation n’est pas représentative de tous les musulmans de notre pays, estime Van Quickenborne, et on y voit une vieille génération qui a perdu tout contact avec les jeunes musulmans. C’est néfaste pour l’islam moderne. Cet exécutif ne peut plus être un partenaire de discussion!» 

Décision «inacceptable»

Pour Mehmet Ütsün, il n’appartient pas au ministre, mais plutôt à la communauté musulmane, de juger l’Exécutif des musulmans. Dans un communiqué, l’EMB dit souhaiter «que le ministre de la Justice respecte l’Etat de droit et les principes constitutionnels de notre pays. Le culte musulman dispose de l’autonomie de s’organiser lui-même et n’a pas besoin d’ingérence du monde politique».

«Ce à quoi l’on assiste, c’est du jamais vu. Nous vivons dans un pays séculier où la séparation de l’Eglise et de l’Etat est garantie par la Constitution. Le monde politique peut nous critiquer mais ne peut pas décider à notre place», a souligné Mehmet Ütsun, interrogé par l’agence de presse Belga. Pour le ministre belge de la Justice, l’Exécutif des musulmans ne représente plus aujourd’hui l’ensemble de la communauté musulmane de Belgique.

Si l’EMB est privé de sa reconnaissance, cela ne veut pas nécessairement dire qu’il n’y aura plus de nomination de professeurs de religion musulmane ou que plus aucune mosquée ne sera reconnue. «Les entités fédérées resteront toujours compétentes pour reconnaître des mosquées sur base individuelle», relève le ministre de la Justice. (cath.ch/cathobel/com/be)

Grande Mosquée de Bruxelles | © William Murphy, Dublin
21 février 2022 | 16:14
par Jacques Berset
Temps de lecture: env. 2 min.
Belgique (193), culte islamique (1), EMB (2), musulmans (179)
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