Les prêtres du diocèse de Lugano ont discuté des défis de leur vie quotidienne | © Ti-Press / Samuel Golay
Suisse

Lugano: les prêtres appelés à prendre soin d’eux-mêmes et des autres

Prendre soin des relations quotidiennes et de la qualité de vie pour soi et pour tous: tels sont les deux principaux défis qui sont ressortis de l’événement «Être prêtres ensemble: aujourd’hui, ici, pour qui, pour quoi?» (Essere preti insieme: oggi, qui, per?). Trois-quart des prêtres du diocèse se sont rencontrés du 29 au 31 août 2022 au Palais des Congrès de Lugano.

Les 130 participants, dont de nombreux intervenants, étaient un signe évident du besoin profond de se retrouver après l’isolement de la pandémie, rapportent les organisateurs de l’assemblée dans un communiqué. Rapports, travaux de groupe, mise en réseau, mais aussi moments informels de convivialité ont ponctué ces trois jours.

Le sentiment général était positif: l’assemblée a répondu à un besoin latent de dialogue et d’écoute mutuelle. Le thème sous-jacent a suscité un vif intérêt: la dimension humaine de la vie du prêtre, son ouverture aux relations et son attention à prendre soin de lui-même en même temps que du peuple de Dieu, selon ce que préconise l’apôtre Paul aux responsables de l’Église d’Éphèse: «Veillez sur vous-mêmes et sur tout le troupeau» (Actes des Apôtres 20,28). Des expériences des dernières années au Tessin, dont certaines étaient particulièrement difficiles, ont été évoquées en toute transparence.

Donner plus de poids aux processus qu’aux programmes

En ouvrant les travaux, Mgr Valerio Lazzeri, évêque de Lugano, a souligné la dimension «existentielle» de l’événement, qui a mis l’accent sur les défis de la solitude, de la perte, de toutes les crises mondiales qui touchent également les prêtres aujourd’hui. Mgr Lazzeri a souhaité l’adoption d’un regard réaliste, d’un exercice d’attention à soi-même, qui ne doit toutefois pas être autoréférentiel. Cela «non pas pour restaurer une caste», mais pour «se retrouver autour de cet insaisissable ‘non’ qui nous a conquis un jour».

En visioconférence de Novare, en Italie, le Père Brunello Floriani a mis en garde contre la tentation de «justifier les exceptions», de faire trop de compromis par rapport aux idéaux auxquels un prêtre a adhéré par sa vocation, avec le risque de se détruire. Il a invité à se sentir membre d’un presbytère, à ne pas s’attendre à porter seul le fardeau et la joie de la mission. Il a rappelé l’importance de faire confiance au Christ, en donnant plus de poids, comme le dit le pape François, aux «processus» qu’aux «programmes».

Pour que le prêtre soit «un homme libre»

Nicola Gianinazzi, psychothérapeute et théologien, a souligné la convergence de plus en plus claire, aujourd’hui, entre les experts de différentes disciplines, autour du fait que l’humain est essentiellement fait pour être en relation, échanger des idées, des sensations, des informations, des sentiments.

Don Marco d’Agostino, du diocèse de Crémone (Italie), actif dans la formation des prêtres, a exhorté à se souvenir que ” les prêtres sont avant tout des hommes «. C’est à travers l’humanité du prêtre que passent sa mission et son témoignage. Il a invité le prêtre à être un homme libre, capable d’affronter la vie et d’exprimer ce qu’il considère comme important, tout en se sentant toujours un «disciple» parmi les autres.

Le poète et philosophe Marco Guzzi, contacté depuis Rome, a tracé les contours de la «crise anthropologique» actuelle, le changement rapide qui se produit dans notre façon d’être humain. Un processus que nous pouvons pressentir mais dont nous ne connaissons pas encore les contours précis. Pour lui, le changement véritablement nécessaire consiste à passer d’un mode de vie conflictuel à une attitude fondée sur la relation et la fraternité universelle, le seul «développement durable» pour l’avenir de l’humanité.

Une forme de rencontre à poursuivre

La synodalité est certainement l’un de ces espaces de liberté, de transformation et de croissance, comme l’a montré l’enquête menée dans le diocèse de Lugano. Elle a révélé le désir de beaucoup de Tessinois d’avoir une Église ouverte, participative, qui donne la parole aux femmes, aux jeunes, où l’on peut cultiver des relations de qualité et maintenir vivante une fraternité réelle et sincère. Le besoin des laïcs de voir leurs compétences réellement mises à profit est apparu clairement. Des éléments qui ont confirmé la mélodie générale de cette assemblée de prêtres.

Le résultat des discussions sera confié à l’évêque, afin qu’il puisse faire l’objet de travaux futurs. Le souhait de beaucoup a été que le contenu et la forme de cette assemblée, à bien des égards nouvelle et prophétique, puissent connaître une suite. (cath.ch/catt/cv/rz)

Les prêtres du diocèse de Lugano ont discuté des défis de leur vie quotidienne | © Ti-Press / Samuel Golay
1 septembre 2022 | 12:08
par Raphaël Zbinden
Temps de lecture: env. 3 min.
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