Mgr Jacques Gaillot auprès des sans-papiers, à Berne en 2001 (Photo: Keystone)
Suisse

Mgr Gaillot: «L'avenir est ouvert» pour les femmes et les laïcs dans l'Eglise

Alors que le pape François vient d’exprimer son souhait de créer une commission pour réfléchir au diaconat féminin, l’évêque français Jacques Gaillot estime que «l’avenir est ouvert» dans l’Eglise, pour les femmes et les laïcs. Lors d’une conférence, fin mars à Versoix, dans le canton de Genève, le prélat français s’est également exprimé sur l’accueil des réfugiés, le terrorisme, la miséricorde.

Révoqué en 1995 de sa charge d’évêque d’Evreux, dans le nord de la France, Mgr Jacques Gaillot a été nommé évêque du diocèse disparu de Parténia (Algérie). A 80 ans, il n’a rien perdu de sa
verve, son humour, sa douceur et de ses convictions. A propos de son âge, il confie: «Ce qui m’intéresse c’est d’ajouter la vie aux années ». Les épreuves quant à elles, «nous aident à mieux comprendre ceux qui sont éprouvés. Dans les difficultés on se révèle», a-t-il confié en insistant sur le choix de Jésus de s’adresser d’abord aux pauvres.

Est-ce que les laïcs, les femmes ont un rôle à jouer dans l’Eglise? «L’avenir est ouvert», a dit Mgr Gaillot en citant le titre d’un séminaire à venir. «Partons des ressources du peuple chrétien. Avançons ensemble. Prenons des initiatives (…) N’oublions pas que le prêtre est un baptisé au milieu des baptisés». «Il y a beaucoup de ressources dans le peuple chrétien: le don de l’Esprit Saint, la Parole de Dieu, l’Eucharistie, la présence de Dieu en nous, la prière de Jésus, Marie, les saints…Nous sommes comblés. C’est peut-être nous qui n’accueillons pas suffisamment les dons de Dieu (…) Les dons sont variés, il faudrait que cette richesse serve à l’Église».

Mais faut-il permettre aux laïcs d’assurer l’homélie?, insiste quelqu’un. «Je sais qu’en certaines circonstances, des laïcs font l’homélie. A mon avis ce n’est pas simplement une question de permission, mais avant tout une question de formation et d’aptitude à dire la foi en lien avec la vie. Avec des mots simples».

Autre question: la tradition d’accueil de l’Église et la situation de l’asile en Occident. Il s’agit d’une tradition «vivante et positive qui continue. Après l’appel du pape, beaucoup se sont montrés disponibles à l’accueil. Dans notre communauté (la Congrégation du Saint-Esprit à Paris) nous avons accueilli plusieurs migrants. Deux Afghans et un Kurde irakien de Mossoul. Tous les trois musulmans. L’accueil des étrangers est une bénédiction pour ceux qui les reçoivent. La communauté où je vis a été transformée par la présence de ces migrants: leur humanité, leur disponibilité, leur sens du service et aussi leur courage! Ce qui m’attriste – a-t-il poursuivi – c’est de voir qu’aujourd’hui dans l’Union européenne nous avons plus de respect pour les frontières que pour les étrangers. On dresse des murs, des barbelés, alors que nous ne sommes pas submergés».

Interpellé sur la Miséricorde, Mgr Gaillot a répondu par une image: «Si je devais dessiner la miséricorde, je dessinerais quelqu’un avec les bras grands ouverts qui se porte vers l’autre pour l’accueillir. La miséricorde exprime un excès, la gratuité d’amour, le pardon. Elle est une provocation, elle nous sort de la logique du donnant -donnant. Le ›après tout ce que j’ai fait pour eux, voilà la maigre récompense’, n’appartient pas à la Miséricorde, elle ne connaît pas cette déception, elle va de l’avant».

Face aux terrorismes qui se réclament de Dieu, l’évêque estime qu’il ne faut surtout pas «répondre par la haine, la violence, le racisme. La violence entraîne toujours la violence». Si des jeunes choisissent la voie du terrorisme, «est-ce parce qu’ils sont en panne d’aventure, en panne de sens, d’idéal? Ce sont des jeunes qui voudraient se donner, faire quelque chose de leur vie, mais ils n’ont pas d’horizon, ni d’aventure. La société leur paraît plate».

Mgr Gaillot, reste très actif, surtout auprès des plus marginalisés. Il est président de l’association Droit devant! pour les sans-papiers, président d’honneur de Relais logement, pour les sans-abris et il continue de visiter des prisonniers: «pour témoigner l’Évangile, nous avons besoin que l’autre nous reconnaisse comme un frère pour lui.». (cath.ch-apic/sba/rz)

Pour lire l’article en entier, dans le Courrier pastoral de l’ECR

Mgr Jacques Gaillot auprès des sans-papiers, à Berne en 2001
14 mai 2016 | 07:31
par Raphaël Zbinden
Temps de lecture: env. 3 min.
femmes (165), Jacques Gaillot (5), Laïcs (41)
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