Mgr Morerod ouvre la porte aux Lefebvristes

Mgr Charles Morerod a autorisé la Fraternité sacerdotale saint Pie X de Mgr Lefebvre à célébrer le jubilé des 50 ans de sa fondation à la chapelle de Bourguillon et à l’église de St-Maurice, en vieille-ville de Fribourg. 4 à 500 personnes sont attendues pour la journée du 5 octobre 2019, dont une forte délégation du séminaire d’Ecône.

L’évêque de Lausanne, Genève et Fribourg accorde ainsi une dérogation spéciale à son décret de 2013 faisant interdiction de mettre à disposition les lieux de culte du diocèse pour des célébrations de la FSSPX toujours considérée comme schismatique par l’Eglise catholique.

L’évêque a accepté cette demande, pour plusieurs raisons, a expliqué à cath.ch Laure-Christine Grandjean porte-parole du diocèse. D’une part, les relations se sont assouplies notamment à travers la lettre du 27 mars 2017 de la Commission pontificale Ecclesia Dei aux ordinaires des Conférences épiscopales concernées au sujet des permissions pour la célébration de mariages de fidèles de la Fraternité sacerdotale saint-Pie X.

L’évêque relève aussi qu’ il s’agit d’une demande ponctuelle. Enfin, Mgr Morerod juge «vraiment problématique de ne pas accepter la FSSPX, tandis que nous le faisons pour les autres confessions chrétiennes (réformés, etc.)». Pour lui il s’agit d’un acte d’œcuménisme.

L’évêque souligne néanmoins que «ce qui est une fête pour la FSSPX ne l’est pas pour l’Eglise, car la division n’est pas une joie.»

«Tout le monde a été d’accord»

L’abbé Heinrich Mörgeli, du prieuré de la FSSPX à Enney, en Gruyère, se réjouit beaucoup de cet événement. «En 1969 notre fondateur, Mgr Marcel Lefebvre, avait demandé à Mgr Charrière de fonder un séminaire à Fribourg, où l’Université était encore assez traditionnelle, pour y former des prêtres fidèles à la tradition. Mgr Charrière avait répondu: ‘Je ne peux pas le faire, mais faites-le vous-mêmes!’. C’est ainsi que les premiers séminaristes se sont regroupés à Fribourg à l’automne 1969, avant la fondation formelle de la Fraternité en 1970.»

Pour la FSSPX il était donc important de pouvoir fêter ce jubilé à Fribourg. «Nous avons demandé l’autorisation au curé et au Conseil de paroisse qui ont demandé à l’évêque. Finalement, tout le monde a été d’accord.»

En fait, explique encore l’abbé Mörgeli, cette autorisation n’est tout à fait une première. La FSSPX a déjà célébré deux fois son pèlerinage du 1^er août à Fribourg sans difficulté. Et cela avait déjà été le cas pour la célébration des 40 ans de la FSSPX. «L’évêque nous a seulement demander de ne pas faire de publicité à l’extérieur, de ne pas solliciter les paroissiens de Fribourg et d’éviter toute tentative de récupération.»  

«Officiellement, nous ne sommes pas en pleine communion, reconnaît l’abbé Mörgeli, mais je pense que l’évêque estime notre apostolat. Nous ne sommes pas une secte et nous n’avons aucune volonté de détruire. Nous faisons un travail solide avec les jeunes et les familles pour leur transmettre la foi.» (cath.ch/mp)

Le décret diocésain de 2013

Les prêtres de la Fraternité sacerdotale saint Pie X (FSSPX) de Mgr Lefebvre ont l’interdiction d’employer des églises et chapelles catholiques pour tout service sacerdotal, en particulier la dispense des sacrements. C’est ce que rappelle un décret du 20 janvier 2013 de Mgr Charles Morerod, évêque du diocèse de Lausanne, Genève et Fribourg.

Cette même interdiction s’applique aux communautés non chrétiennes. Par contre pour des raisons de nécessité pastorale, les églises peuvent être mises à disposition des catholiques-chrétiens, des évangéliques-réformés, des luthériens, des orthodoxes et des anglicans.

Le décret de Mgr Morerod met en application une décision de la Conférence des évêques suisses (CES) concernant l’usage des églises et chapelles catholiques.

Dix ans après la levée de l’excommunication, où en sont les rapports entre Rome et Ecône?

Dix ans après la levée des excommunications frappant les quatre évêques de la Fraternité sacerdotale saint Pie X (FSSPX), ou en est le dégel annoncé entre les intégristes de Mgr Lefebvre et Rome? Si de part et d’autre les positions semblent figées, les traditionalistes bénéficient aujourd’hui d’une certaine reconnaissance de facto.