Mise en garde du patriarche de Moscou aux uniates

Moscou: Le transfert de l’Eglise gréco-catholique ukrainienne à Kiev fait bondir Alexis II

Moscou, 16 août 2005 (Apic) Le transfert du siège de l’Eglise gréco- catholique ukrainienne (uniate) de Lviv à Kiev fait bondir le patriarche de Moscou et de toutes les Russies, Alexis II. Ce dernier met garde l’Eglise gréco-catholique ukrainienne contre ce transfert, prévu le 21 août. Alexis II exprime en outre l’espoir que le Vatican adoptera «une approche équilibrée et raisonnable» de cette question.

Selon Alexis II, le transfert à Kiev est «sans aucun doute une démarche inamicale qui renforcera encore les tensions dans nos rapports avec l’Eglise gréco-catholique ukrainienne et le Saint-Siège», a estimé le chef des orthodoxes russes, cité par l’agence Itar-Tass.

Le 9 août, l’Eglise uniate a confirmé le transfert l’archevêque majeur de l’Eglise gréco-catholique, le cardinal Lioubomir Housar, et que ce dernier deviendrait «archevêque majeur de Kiev et de Galicie» (régions occidentales ukrainiennes).

De l’avis du patriarche de Moscou, hostile à ce transfert, de tels actes ne sauraient être justifiés ni d’un point de vue historique, ni, à ses yeux, par des canons ecclésiastiques. a Alexis II rappelle à ce propos le rôle central joué par Kiev dans l’histoire de l’orthodoxie russe.

Dans le passé, le transfert du siège des Uniates à Kiev avait été freiné par le Vatican, soucieux de préserver ses relations, déjà mauvaises, avec les orthodoxes russes, d’une nouvelle détérioration.

L’Eglise gréco-catholique d’Ukraine – Eglise de rite byzantin dite «uniate» parce que rattachée à Rome – va donc installer le 21 août son siège dans la capitale Kiev. Jusqu’à présent, l’archevêché majeur des gréco- catholiques se trouvait à Lviv, en Galicie orientale, à l’Ouest de l’Ukraine. L’Eglise orthodoxe russe, dans laquelle les uniates avaient intégrés de force par Staline après la seconde guerre mondiale, est opposée à ce transfert.

Selon l’Eglise gréco-catholique, à la tête de laquelle se trouve le cardinal Lubomyr Husar, le titre de son chef sera adapté: il ne sera plus «archevêque majeur de Lviv des Ukrainiens» mais désormais «archevêque majeur de Kiev et de Galicie».

Les explications de Mgr Lonchyna

Dissoute par Staline en 1946 et sortie des catacombes lors de la perestroïka de Mikhaïl Gorbatchev, l’Eglise uniate d’Ukraine, forte de plus de 5 millions de fidèles, a lutté pour retrouver ses églises et cimetières attribués à l’époque à l’Eglise orthodoxe russe. Le Patriarcat de Moscou est fortement opposée à ce transfert du siège de l’Eglise uniate, et le Vatican n’est pas pressé de provoquer un regain de tension avec l’Eglise orthodoxe, mais l’Eglise gréco-catholique souhaite toujours être érigée en patriarcat.

Dans une interview accordée à Rome à l’Agence I.Media, partenaire romain de l’Apic, Mgr Hlib Lonchyna, représentant-procurateur auprès du Saint-Siège de l’Eglise gréco-catholique d’Ukraine, expliquait les raisons de ce choix, en relevant que cela faisait un moment que ce plan était en cours de préparation, «mais il fallait que les circonstances permettent ce transfert. Désormais, le cardinal Lubomyr Husar sera archevêque majeur de Kiev-Halyc des Ukrainiens».

Selon Mgr Lonchyna, ce n’est pas le pape qui a validé cette décision. «C’est notre synode qui a pris cette décision conforme aux canons de la CCEO, le code canonique oriental, lors de sa réunion à Kiev du 5 au 12 octobre 2004.

Ecrit dans le droit canonique

Pour Mgr Lonchyna, dans le droit canonique, il est écrit que le siège de la hiérarchie principale de notre Eglise doit être dans la ville principale du pays. Dans tous les pays, le responsable de l’Eglise du lieu siège dans la capitale: le patriarche de Moscou est à Moscou, le patriarche des serbes est à Belgrade. S’il est vrai que la majorité des greco- catholiques est dans la partie occidentale, nous sommes partout en Ukraine. Il y a aussi beaucoup de fidèles dans la partie orientale. Même si nous n’y avons pas beaucoup d’églises.

Constations écartées

Mgr Lonchyna écartait en outre les contestations des orthodoxes en ces termes: «Les orthodoxes considèrent Kiev comme leur territoire canonique. Mais on ne peut pas dire qu’un territoire est seulement pour les orthodoxes et qu’un autre est pour les catholiques. Parce que là où sont les fidèles, là doivent être les prêtres et les évêques. Nous souhaitons donc que le siège métropolitain de l’archevêque majeur soit à Kiev, dans la capitale. En Europe occidentale, il y a des évêques orthodoxes dans toutes les grandes villes comme Vienne, Bruxelles ou Paris. Si les orthodoxes peuvent être dans des territoires traditionnellement catholiques et latins, pourquoi les greco-catholiques ne pourraient-ils pas rester dans les territoires, certes majoritairement orthodoxes, mais où nous avons des fidèles qui ont le droit d’avoir une pastorale ?»

Et d’ajouter: «Nous nous référons au baptême de la Russie de Kiev. Notre ligne des métropolites est ininterrompue depuis ce baptême jusqu’au cardinal Husar. Kiev est un siège historique où l’Union de Brest a été signée par le métropolite de Kiev. Lviv est un siège important mais pas le siège principal. Eriger un patriarcat à Lviv serait fermer l’Eglise greco- catholique dans un provincialisme, faire comme si les gréco-catholiques n’étaient que dans la partie occidentale». (apic/ag/imedia/pr)

16 août 2005 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture: env. 3 min.
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