La multiculturalité engendre de nombreuses questions (Photo:zoetnet/Flickr/CC BY 2.0)
Suisse

Multiculturalité: il faut promouvoir la cohésion sociale

«Ce n’est pas simplement l’intégration (et encore moins l’assimilation) des migrants qui doit constituer l’objectif commun, mais bien la cohésion sociale». Tel est l’un des constats tirés par les Chrétiens de gauche romands réunis le 30 janvier 2016 à Yverdon pour leur traditionnelle journée d’étude, sur le thème «Réussir une Suisse multiculturelle?».

La rencontre a permis de réfléchir aux difficultés que rencontrent tant les migrants que les autochtones, mais aussi aux conditions qui permettent de les surmonter, affirment les Chrétiens de gauche romands dans un communiqué.

Jean-Claude Métraux, psychiatre et co-fondateur de Appartenances, une association s’efforçant de favoriser l’intégration des migrants, a pris position, en début de journée, pour une intégration créatrice, permettant à chacun de tisser sa propre toile en conservant un rapport à ses origines. Ce qui s’oppose à la tentation de refuser l’intégration, comme à celles de renier sa culture ou de se réfugier dans une double marginalisation par rapport à sa communauté et à une société qui imposerait l’assimilation. Cela implique une politique de la reconnaissance aussi bien des différences que du besoin de sécurité et d’estime réciproque, des immigrés comme des autochtones.

Policiers et immigrés

Lionel Imhof, responsable du projet Multiculturalité de la Police de Lausanne, n’a pas caché les difficultés que rencontrent les policiers et les immigrés dans leurs relations.

Un noir n’est pas forcément un dealer!

Les policiers sont par définition surtout confrontés à des étrangers délinquants et cela implique qu’ils soient de mieux en mieux formés, ce à quoi s’attachent les polices cantonales et communales, en lien avec des associations comme l’Organisation suisse d’aide aux réfugiés (OSAR) et des responsables de communautés. L’objectif est de bien connaître le terrain, de favoriser le rapprochement, de contrer les stéréotypes (un noir n’est pas forcément un dealer!), sans négliger la vigilance, a-t-il expliqué.

Gagner la confiance réciproque

L’après-midi a été consacré à une table ronde à laquelle participaient Cécile Ehrensperger, du Service jeunesse et cohésion sociale de la ville d’Yverdon-les-Bains, Ada Marra, conseillère nationale socialiste, Sandrine Ruiz, vice-présidente de l’Union vaudoise des associations musulmanes, et Lionel Imhof, de la Police de Lausanne. Elle a permis de confirmer la nécessité de travailler à la cohésion sociale, au profit de toute la population. De trouver des équilibres, entendre les peurs des citoyens sans aboutir à une politique mortifère, gagner la confiance réciproque; d’aider les migrants à trouver une place dans la société sans se replier dans le communautarisme.

Trouver le moyen de vivre ensemble

Les expériences positives ne manquent pas, mais elles démontrent que cette recherche demande un engagement positif personnel, un travail de proximité, des contacts au quotidien et surtout du temps, a déterminé la table ronde. Les programmes d’intégration devraient bénéficier de moyens plus importants et il faudrait limiter les obstacles légaux et administratifs qui compliquent les efforts des migrants et les rendent dépendants de l’aide sociale. «On le leur reproche alors que c’est notre majorité politique qui crée leur précarité économique», ont constaté les intervenants.

Ainsi donc, ce n’est pas simplement l’intégration (et encore moins l’assimilation) des migrants qui doit constituer l’objectif commun, mais bien la cohésion sociale: trouver le moyen de vivre ensemble, dans le respect des uns et des autres, sans nier les problèmes que pose la coexistence des cultures. (cath.ch-apic/com/rz)

La multiculturalité engendre de nombreuses questions
1 février 2016 | 11:18
par Raphaël Zbinden
Temps de lecture: env. 2 min.
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