Protestations des dirigeants politiques et religieux du pays

Nigéria: Un Etat du nord-ouest décide d’instaurer la charia

Lagos, 27 octobre 1999 (APIC) Le parlement de l’Etat de Zamfara au nord-ouest du Nigéria a adopté à l’unanimité, l’introduction de la loi islamique dans son arsenal juridique. La charia ne s’appliquera cependant qu’aux musulmans majoritaires dans cette partie du pays. Si les ambassadeurs des pays islamiques comme l’Arabie Saoudite, le Soudan ou le Pakistan se sont félicités de cette décision, de nombreux dirigeants politiques et religieux du pays ont vivement protesté.

Le nouveau texte qui entrera en vigueur dès le début de l’année prochaine, a été approuvé par le gouverneur civil de l’Etat, Ahmed Sani qui y a opposé sa signature. Cette nouvelle loi ne fait cependant, pas l’unanimité. Elle est dénoncée aussi bien par les dirigeants nigérians que par les musulmans et les chrétiens du pays. Le président Olusegun Obasanjo (un chrétien) et son vice président, Alaji Alhu Abubacar (un musulman), ont pris contact avec les leaders musulmans et chrétiens de l’Etat de Zamfara pour discuter d’une solution à la controverse née de la nouvelle de l’adoption de la charia.

L’association chrétienne du Nigeria qui a sévèrement critiqué cette mesure. Elle estime que son application pourrait provoquer des conflits religieux et ethniques dans l’Etat. De son coté, le chef suprême des musulmans du Nigeria, Alaji Muhamadu Machido, a dépêché un émissaire auprès du gouverneur de Zamfara pour lui demander de suspendre l’application de la loi islamique, par crainte qu’elle ne dégénère en affrontement violents entre musulmans et chrétiens.

Dans le même temps, le gouverneur de l’Etat voisin de Kaduna, Muhamadu Macodu, a tenu à assurer les habitants de sa région de son intention de ne pas appliquer la législation islamique dans la province. Selon lui, aucune disposition de la Constitution fédérale du Nigéria n’autorise son application dans un quelconque Etat.

L’ex président musulman Alaji Shehu Shagari qui a dirigé le pays de 1979 à 1985 avant d’être renversé par un coup d’Etat, a lui aussi mis en garde le gouverneur de l’Etat de Sokoto, Attahiru Bafari contre toute introduction de la charia. Ce gouverneur s’est en effet dit prêt à suivre l’exemple de l’état de Zamfara en imposant la charia.

Malgré les nombreuses protestations, le gouverneur Ahmed Sani affirme être décidé à appliquer la charia dans son Etat. Il a justifié sa position par le fait qu’aucun musulman ne peut s’opposer à cette méthode de justice. Elle est dissuasive et permet de freiner la criminalité, la dégradation des moeurs, telles que la prostitution et l’alcoolisme, a-t-il dit.

Considéré comme le pays peuplé d’Afrique, le Nigeria anglophone compte 120 millions d’habitants dont 45% de musulmans, 45% de chrétiens et 10% d’animistes. (apic/ibc/mp)

27 octobre 1999 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture: env. 2 min.
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