Mgr Ma Yinglin, évêque illégitime chinois, lors d'une ordination sacerdotale en mai 2016 (Photo: MEP)
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Nouveau round de négociations entre Rome et Pékin

Le Vatican s’apprête à accueillir d’ici la fin du mois une délégation venue de Pékin pour discuter de la finalisation d’un éventuel accord entre l’Eglise catholique et le régime chinois. Pour «Eglises d’Asie» l’issue des négociations reste toujours aussi délicate à discerner.

Après la visite à Pékin d’une délégation romaine en mars dernier, c’est donc au tour d’une délégation chinoise de faire le voyage de Rome, rapporte «Eglises d’Asie» l’agence d’information des missions étrangères de Paris. Les négociateurs chinois devraient rencontrer leurs homologues du Saint-Siège dans les prochains jours. Selon des sources chinoises, la composition de la délégation chinoise a légèrement évolué sans qu’il soit néanmoins possible d’en tirer des conclusions quant à l’issue des débats. Du côté romain, il y a eu également un ou deux changements.

L’issue des négociations reste toujours aussi délicate à discerner. Les parties verrouillent toute communication. Les rumeurs qui circulent ressemblent plus à des fuites organisées pour laisser à penser que l’accord sur le point d’aboutir va dans telle ou telle direction.

Le pardon romain pour les évêques ‘officiels’

Ce que l’on peut dire avec une certaine évidence est que l’un des points des négociations concerne le sort réservé aux sept évêques ‘officiels’ qui ne sont pas en communion avec Rome. Pékin ne peut que vouloir leur ‘légitimation’ par le pape, tandis que Rome tient à faire respecter les principes qui gouvernent l’Eglise et l’impossibilité manifeste de réintégrer certains des sept dans la communion du corps épiscopal.

En Chine, on pense que le pardon du pape François pour deux des sept évêques excommuniés est quasi acquis: il s’agit de Mgr Ma Yinglin, évêque de Kunming, et de Mgr Guo Jincai, évêque de Chengde, respectivement président et secrétaire général de la Conférence des évêques ‘officiels’ de Chine.

Un autre point de négociation concerne la place et le rôle des évêques ‘clandestins’ non reconnus par Pékin. Ils sont au nombre d’une trentaine. Rome veut obtenir des garanties quant à la reconnaissance par les autorités chinoises de leur statut et de leur rôle épiscopal. Parmi les autres sujets au menu des négociations figure le mode de nomination futur des évêques, l’usage prévalant à ce jour étant tout sauf formalisé.

L’évêque de Macao en visite auprès de Ma Yinglin

En l’absence de communication officielle, les observateurs commentent ce que l’actualité laisse entrevoir. Ainsi, du 29 mai au 2 juin derniers, l’évêque de Macao, Mgr Lee Bun-sang s’est rendu à Pékin, où il a rencontré Mgr Ma Yinglin, président de la Conférence épiscopale ‘officielle’ et vice-président de l’Association patriotique des catholiques chinois. De là à envisager une reconnaissance romaine, le pas est rapidement franchi.

Le dimanche 11 juin, Mgr Ma Yinglin a concélébré la messe en sa cathédrale du Sacré-Cœur, en présence de trois évêques ‘clandestins’ du Hebei. Ces trois derniers ont certainement été fortement incités à le faire par les autorités chinoises afin de renforcer la stature de Mgr Ma Yinglin.

Par ailleurs, le 20 juin, l’ambassadeur d’Allemagne à Pékin a appelé les autorités chinoises à mettre fin au harcèlement dont l’évêque ‘clandestin’ de Wenzhou est la cible. Le 18 mai dernier, Mgr Shao Zhumin a été soustrait à ses fidèles. Il est depuis détenu dans un lieu secret. «Sa pleine et entière liberté de mouvement devrait lui être rendue», a demandé l’ambassadeur par voie de communiqué.

Que peut-on attendre dès lors de ces négociations? Début février, l’évêque de Hongkong, le cardinal John Tong Hon, a publié un plaidoyer en faveur de la conclusion d’un accord entre la Chine et le Saint-Siège. Tout en soulignant que les libertés actuelles ne sont pas complètes, il a mis en avant le fait que l’Eglise se devait de saisir le moment pour obtenir une liberté essentielle pour elle, à savoir la nomination par le pape des évêques.

Toujours depuis Hongkong, le point de vue de l’évêque émérite du diocèse, le cardinal Joseph Zen Ze-kiun, est différent. Selon lui, Pékin n’a aucunement l’intention de desserrer le contrôle exercé sur les religions et les catholiques ne feront pas exception. Rome n’a pas les moyens de faire respecter par la Chine les modalités d’un éventuel accord. (cath.ch/eda/mp)

Mgr Ma Yinglin, évêque illégitime chinois, lors d'une ordination sacerdotale en mai 2016
21 juin 2017 | 17:17
par Maurice Page
Temps de lecture: env. 3 min.
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