Les pentecôtistes brésiliens sont très prosélytes (photo Jean-Claude Gerez)
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Une nouvelle organisation religieuse naît chaque heure au Brésil

Depuis 2010, une nouvelle organisation religieuse naît en moyenne chaque heure au Brésil. C’est ce qui ressort d’une étude de l’administration fiscale brésilienne qui a enregistré 67’951 entités sous la rubrique «organisations religieuses ou philosophiques», soit une moyenne de 25 par jour.

«Soyez féconds et multipliez-vous.» L’exhortation biblique a été prise au pied de la lettre par le monde évangélique et les autres. D’après le rapport du fisc brésilien, repris par le quotidien O Globo, ce phénomène peut s’expliquer de plusieurs manières, parmi lesquelles la facilité pour ouvrir de nouvelles églises, le renforcement du mouvement néo pentecôtiste et les avantages fiscaux.

Le processus pour ouvrir une organisation religieuse ou philosophique au Brésil est, il est vrai, simple et rapide. Il suffit en effet d’enregistrer l’acte de fondation de l’entité au Palais de Justice ou chez un notaire, demander à être inscrit au Registre national des personnes juridiques (CNPJ) et enfin de demander à la mairie et au gouvernement de l’État concerné l’autorisation de fonctionnement et l’immunité fiscale.

Une église… à la maison

La Constitution brésilienne interdit en effet d’imposer fiscalement «les temples de n’importe quel culte», qui sont donc exonérés d’impôts sur la propriété et sur les revenus provenant de dons. Le texte constitutionnel établit également la liberté de culte. Il n’y a ainsi aucune obligation de présenter de prescriptions théologiques ou de doctrine pour ouvrir une église.

Cette facilité fait que de multiples organisations, sans même posséder un lieu -propre ou loué- pour recevoir les fidèles, peuvent communiquer l’adresse d’un logement personnel et la faire valoir comme celle d’une église.

Vie et mort… rapides

La théologienne Maria Clara Bingemer explique ce phénomène de multiplication de nouvelles entités religieuses par la migration massive de fidèles. «L’expérience la plus commune est qu’une fois qu’ils maitrisent la doctrine et les prêches, de nombreux fidèles néo-pentecôtistes finissent par ouvrir leur propres lieux de culte. Ces derniers sont d’ailleurs souvent d’anciens catholiques ou protestants», assure la théologienne.

La théologienne brésilienne Maria Clara Bingemer (photo Jean-Claude Gerez)

L’une des autres particularités de ces entités, c’est qu’elles peuvent disparaître aussi vite qu’elles sont nées. La preuve, d’après l’Institut brésilien de la planification et des impôts, sur les 67’951 organisations religieuses créées depuis 2010, il n’existe à ce jour plus que 21’333 CNPJ actifs. Soit moins d’un tiers. L’état champion est celui de São Paulo qui compte pas moins de 17’052 entités religieuses.

Motivation plus fiscale que religieuse

Cette énorme croissance des organisations religieuses dans le pays a généré de nombreux soupçons. Le principal d’entre eux est que nombre de ces associations religieuses ne seraient finalement que des façades, sans aucun caractère religieux, créées uniquement pour obtenir l’exonération fiscale.

Un projet de loi est en cours d’examen au Congrès, pour remédier à ces abus et pouvoir retirer les licences utilisées illicitement. Mais il n’existe pour l’instant aucun consensus sur la question parmi les parlementaires. (cath.ch/jcg/mp)

Les pentecôtistes brésiliens sont très prosélytes (photo Jean-Claude Gerez)
13 avril 2017 | 14:14
par Maurice Page
Temps de lecture: env. 2 min.
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