Les initiants craignent pour les populations d'insectes atteintes par les pesticides | © Meradis/Pixabay
Suisse

Oeco recommande le 'oui' aux initiatives pesticides et eau potable

Le groupe «Oeco Eglises pour l’environnement», basé à Berne, recommande d’accepter les initiatives populaires «pour une eau potable propre» et «pour l’interdiction des pesticides de synthèse», soumises au peuple le 13 juin 2021. L’organisation œcuménique remarque toutefois certaines faiblesses dans les textes.

Le comité du groupe recommande de déposer un double ‘oui’ dans les urnes, cela «en dépit de quelques aspects incertains et peu clairs, car c’est finalement au Parlement qu’il appartiendra de mettre en œuvre les initiatives au niveau législatif».

Dans une perspective éthique et écologique, il y a urgence – il n’est pas acceptable que la Suisse porte atteinte à la biodiversité, aux ressources hydriques, au sol et au climat par sa politique agricole, assure oeco dans un communiqué. Une proportion de ‘oui’ élevée pourrait insuffler une nouvelle dynamique.

Des «points faibles»

«La démarche des auteurs de l’initiative concernant la pratique des subventions a aussi ses faiblesses», remarque toutefois l’organisation basée à Berne. Il n’est pas précisé par exemple combien de grandes entreprises agricoles poursuivront leur production sans subventions et augmenteront ainsi la pollution de l’environnement. Par ailleurs, l’importation des denrées alimentaires et l’attitude des consommatrices et consommateurs en matière d’achat ne sont pas influencées. L’agriculture produisant de manière écologique n’aurait pas de garantie de pouvoir écouler sa production. Le Parlement aurait cependant la possibilité d’intervenir concernant l’octroi des subventions et l’établissement des prix, note oeco.

Hausse des prix

Avec l’interdiction d’importer des biens obtenus avec l’usage de pesticides, l’initiative sur les pesticides pourrait également enfreindre les règles du libre-échange. En outre, les deux initiatives auraient pour conséquence une augmentation de l’intensité du travail dans l›agriculture, ce qui se répercuterait sur les prix. Comme la part du budget du ménage dédiée aux produits alimentaires dans la population suisse est plus faible que jamais, une certaine hausse des prix devrait être tolérable, soutient toutefois l’organisation œcuménique. Les consommatrices et les consommateurs peuvent eux aussi par le choix de leurs aliments contribuer à un mode d’alimentation durable.

Contre l’excès d’engrais

Malgré ces points discutables, le comité «d’oeco Eglises pour l’environnement» relève que «chacune des deux initiatives a des points forts particuliers par le fait qu’elles abordent l’excès d’engrais si nuisible pour la biodiversité comme conséquence de l’importation massive de fourrage (initiative pour l’eau potable) ou prennent également en compte les produits alimentaires importés (une Suisse sans pesticides de synthèse)». (cath.ch/com/rz)

Que veulent les initiatives?
L›initiative «Pour une eau potable propre et une alimentation saine – Pas de subventions pour l’utilisation de pesticides et l’utilisation d’antibiotiques à titre prophylactique » demande que les paiements directs ne soient plus versés qu’aux entreprises agricoles qui n’utilisent pas de pesticides, réduisent leur cheptel si la surface de production de fourrage est insuffisante et n’utilisent pas d’antibiotiques à titre prophylactique.
L’initiative «Pour une Suisse libre de pesticides de synthèse» adopte une autre approche et exige l’interdiction des pesticides de synthèse dans la production agricole, dans la transformation des denrées alimentaires, dans l’entretien du sol et du paysage; elle interdit aussi d’importer des aliments à des fins commerciales contenant des pesticides de synthèse ou produits à l’aide de pesticides de synthèse. RZ

Les initiants craignent pour les populations d'insectes atteintes par les pesticides | © Meradis/Pixabay
2 juin 2021 | 17:56
par Raphaël Zbinden
Temps de lecture: env. 2 min.
Partagez!