Mauritanie: Une école forme des femmes imams

Offensive de l’islam modéré

Nouakchott, 21 octobre 2012 (Apic) Une école de théologie de Mauritanie forme, depuis début octobre 2012, des femmes imams pouvant officier dans des mosquées, rapporte le site internet libanais «Araboo.com». C’est une première dans un pays musulman d’Afrique subsaharienne. Ces futures dirigeantes de prières devraient jouer «un rôle essentiel» dans la consolidation des valeurs de l’islam modéré dans le pays.

Le programme d’éducation de femmes imams est dispensé dans un département du Centre de formation des imams de Mauritanie. Les cours spéciaux de l’institut visent à éduquer des femmes dans la charia, la loi islamique. L’objectif est de former pendant les années à venir, «des générations» d’intellectuelles religieuses et de «moufties», qui seront chargées d’interpréter la loi musulmane et auront le pouvoir d’émettre des fatwas ou avis juridiques. L’objectif final est de consolider les valeurs de modération dans la société mauritanienne musulmane.

La tradition alliée à la modernité

Selon Mohamed Aly Ould Emmamma, responsable de la communication du centre, les cours combinent une formation traditionnelle islamique aux éléments les plus importants de l’enseignement moderne. L’enseignement traditionnel est celui des mahdharas, les écoles islamiques en Mauritanie. Il se fonde sur la mémorisation et l’apprentissage de la doctrine.

L’enseignement traditionnel actuel prive les femmes d’une vue «équilibrée et objective» des évènements, explique Mohamed Emmamma. Ce qui peut entraîner la publication de «fatwas déviationnistes et même parfois de fatwas extrémistes».

Les féministes en soutien

Pour pouvoir poursuivre la formation, les candidates doivent, entre autres, mémoriser au moins un quart du Coran et avoir une maîtrise spécialisée de charia et de linguistique, ou un diplôme équivalent. Elles doivent également être recommandées par un Sheikh, un responsable, de mahdhara connu. Ce dernier doit attester du niveau scientifique de l’étudiante.

Les militantes féminines saluent cette initiative. «C’est un travail colossal qui donnera aux femmes imams une nouvelle vision de l’islam», déclare Menina Mint Abdallah, ancienne ambassadrice et chercheuse spécialisée dans l’éducation des filles. La formation leur conférera la capacité d’expliquer cette religion au vu des évolutions actuelles. Elles pourront également délivrer un discours modéré qui cherchera à «développer et à encourager les interactions positives avec autrui», affirme l’ancienne ambassadrice.

«Les musulmanes doivent assumer leur rôle d’éducatrices des enfants au foyer et d’éducatrices de la société», assure Fatima Mint Ibrahim, une autre défenseuse des droits de la femme, qui envisage de s’inscrire à cette nouvelle formation. (apic/ibc/rz)

21 octobre 2012 | 16:35
par webmaster@kath.ch
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