La ville de Marawi, sur l’île philippine de Mindanao (Photo: flickr/arcibaldo/CC BY-NC 2.0)
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Philippines: la minorité catholique de Mindanao, frappée au cœur 

L’attentat à la bombe du 3 décembre 2023 qui a tué quatre étudiants lors de la messe à l’Université d’État de Mindanao, au sud des Philippines, a provoqué un choc violent au sein de la population. La communauté catholique, très minoritaire dans cette région musulmane, entend néanmoins maintenir le dialogue.

La petite communauté des quelque 40’000 catholiques de la prélature territoriale de Marawi, sur l’île de Mindanao, dans le sud des Philippines, est habituée à ce «dialogue de vie» avec les musulmans. Elle vit immergée, en effet, dans la «Région autonome du Mindanao musulman» (ARMM), qui comprend cinq provinces majoritairement musulmanes.

Les catholiques très largement majoritaires dans la nation philippine (90%) se retrouvent ici en situation de minorité. L’ARMM compte quelque 6 millions de musulmans qui revendiquent l’autonomie ou l’indépendance depuis des décennies. Notamment par le biais d’une rébellion armée, tels que le groupe Abu Syyaf.

«L’attaque a suscité la perplexité, l’émotion et une immense douleur chez tous, chrétiens et musulmans», a expliqué à l’agence Fides, l’évêque Edwin Angot de la Peña, qui dirige la prélature territoriale de Marawi. «Ils nous frappent au cœur, c’est-à-dire pendant l’Eucharistie, le moment le plus élevé de notre foi. Il y a tant de peur en ce moment, mais la foi nous accompagne et nous soutient. Même en ce temps de tribulation, nous sentons la présence du Seigneur», dit-il.

La messe célébrée dans le gymnase – utilisé comme chapelle catholique – à l’université était suivie par une assemblée composée d’étudiants, de professeurs, de membres du personnel universitaire et d’autres fidèles. Les victimes décédées sont quatre étudiants catholiques; 54 autres personnes ont été blessées, dont sept sont toujours dans un état critique. Selon les observateurs, des groupes locaux inspirés par l’État islamique ont agi par représailles après de récents affrontements entre l’armée et les militants.

Processions annulées

Par prudence, lors de la prochaine fête de l’Immaculée Conception, le 8 décembre, il n’y aura pas les processions habituelles. Les fidèles sont appelés à mettre des bougies sur les rebords des fenêtres, et à prier le rosaire à la maison. Les évêques de la région détermineront ce qu’il convient de faire, en particulier pour les célébrations de l’Avent et de Noël.

L’évêque relève aussi la solidarité des communautés musulmanes locales. Les gens sont immédiatement intervenus pour transporter les blessés à l’hôpital et apporter une aide concrète aux victimes et à leurs familles. «Ces gestes nous disent que cette violence brutale et insensée n’aura pas le dernier mot, qu’elle ne parviendra pas à démolir les bonnes œuvres construites depuis tant d’années», conclut-il.

Le prélat dit enfin avoir beaucoup apprécié les paroles de proximité du pape comme une source de grande consolation et d’espérance. (cath.ch/fides/mp)

La ville de Marawi, sur l’île philippine de Mindanao
5 décembre 2023 | 17:04
par Maurice Page
Temps de lecture: env. 2 min.
Attentat (68), Mindanao (7), musulmans (179), Philippines (153), Terroriste (5)
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