La ville de Prato, en Toscane, abrite une importante industrie textile (Photo:Massimilianogalardi/Wikimedia Commons/CC BY-SA 3.0)
Vatican

Prato: Le pape invite à combattre «le cancer de la corruption»

Prato, 10.11.2015 (cath.ch-apic) Au début d’un déplacement de quelques heures en Toscane, le 10 novembre 2015 le pape François s’est rendu dans la ville industrielle de Prato où il a exhorté à combattre «le cancer de la corruption» et «le poison de l’illégalité». Depuis cette ville où vivent de très nombreux Chinois employés dans l’industrie textile, dont des clandestins, le chef de l’Eglise catholique a demandé un «travail digne» pour chacun, dénonçant l’exploitation et les «conditions de vie inhumaines» de certains.

Depuis une chaire en pierre située sur la façade gothique en marbre blanc et vert de la cathédrale de Prato, le pape François s’est adressé à des milliers de fidèles de cette ville, à une vingtaine de kilomètres au nord de Florence. L’évêque de Rome les a appelés à «sortir», à «ne pas être fermés dans l’indifférence». Il a invité l’Eglise et les fidèles à ne pas laisser leur foi «enfermée dans une caisse», mais à prendre le «risque» de «marcher sur les chemins accidentés d’aujourd’hui».

Contre la culture du déchet

«Je vous remercie pour les efforts constants que votre communauté met en œuvre pour intégrer chaque personne, en luttant contre la culture de l’indifférence et du déchet», a également affirmé le pape. Tournée vers l’industrie textile depuis le Moyen-Age, Prato a vu arriver depuis le milieu des années 1990 une très forte immigration, essentiellement venue de Chine. La ville toscane compte officiellement plus de 16’000 Chinois, sur un total de 190’000 habitants, mais cette communauté compterait en fait plus de 40’000 membres, voire 50’000, dont de nombreux clandestins employés dans l’industrie du vêtement, parfois victimes de la mafia chinoise.

«On ne peut rien fonder de bon sur les trames du mensonge et sur le manque de transparence», a assuré le pape. Il a reconnu que «rechercher et choisir toujours la vérité n’est pas facile», mais que «c’est cependant une décision vitale qui doit profondément marquer l’existence de chacun et même de la société, pour qu’elle soit plus juste et honnête».

Un travail digne

«La sacralité de chaque être humain requiert pour chacun le respect, l’accueil et un travail digne», a encore affirmé le pape François avec force avant d’évoquer la mort accidentelle, en 2013, de sept Chinois dans l’incendie de leur usine. «Ils vivaient et dormaient à l’intérieur même du hangar dans lequel ils travaillaient», a relevé le pape avant de dénoncer avec force cette «tragédie de l’exploitation et des conditions de vie inhumaines, et cela n’est pas un travail digne!»

«La vie de chaque communauté exige que l’on combatte jusqu’au bout le cancer de la corruption, le cancer de l’exploitation humaine et du travail, et le poison de l’illégalité», a soutenu le pape François, interrompu et littéralement acclamé par la foule. «Ne cessons jamais de lutter pour la vérité!», a-t-il réclamé.

Avant de prendre la parole sur la place de la cathédrale, le pape François avait brièvement vénéré, à l’intérieur de cet édifice de style romano-pisan, la Sacra cintola (la ceinture sacrée). Selon la tradition, cette ceinture aurait été donnée par la Vierge Marie à l’apôtre saint Thomas, puis apportée à Prato depuis la Terre sainte, au début du 12e siècle, par un marchand de la ville. (apic/imedia/ami/rz)

La ville de Prato, en Toscane, abrite une importante industrie textile
10 novembre 2015 | 11:51
par Raphaël Zbinden
Temps de lecture: env. 2 min.
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