«Quel avenir pour les indigènes en Amazonie péruvienne?» (280491)

Un Jésuite fribourgeois témoigne lundi soir à l’Université de Fribourg

Fribourg, 28avril(APIC) Défenseur de l’autonomie et de l’identité culturelle des communautés indigènes d’Amazonie, depuis près de vingt ans au Pérou où il dirige le Centre amazonien d’anthropologie et d’application pratique (CAAAP), le Père Pierre Guerig, un jésuite d’origine fribourgeoise,

témoignera lundi soir à 20h15 à l’Université de Fribourg sur le sombre

avenir des Indiens de l’Amazonie péruvienne.

Invité par l’Association Suisse-Pérou, qui soutient financièrement et

moralement son engagement en Amazonie préruvienne, Pierre Guerig décrira,

comme il l’a déjà fait la semaine dernière à Genève et à Martigny, la situation de violence et d’injustice qui règne dans cette région du Pérou.

A partir d’un film-vidéo réalisé par le CAAAP, une institution sans but

lucratif, fondée par l’Eglise catholique pour favoriser la promotion des

indigènes, le Père Guerig décrit qu’il appelle «une situation explosive

d’injustice sociale et de misère». Il y a tout d’abord le contexte politique violent et repressif dominé par l’armée gouvernementale et deux groupes

terroristes, dont les narco-trafiquants et le «Sentier Lumineux», qui a

massacré la communauté «La Florida» où lui-même a travaillé durant quelques

années. S’y ajoutent encore une très forte crise économique et sociale qui

frappe la grande majorité de la population, la dangereuse épidémie de choléra qui a déjà causé la mort de 1’000 personnes et atteint 100’000 autres,

et les nombreuses maladies à l’état endémique.

Menaces sur l’identité culturelle et physique des Indiens d’Amazonie

Dans les merveilleux paysages verts d’Amazonie péruvienne vivent 60

groupes ethniques dont le mode de vie est menacé par les industriels et les

commerçants qui exploitent la forêt amazonienne. L’avancée de la culture

occidentale en Amazonie menace l’identité culturelle des populations indigènes, les rites d’un travail basé sur la solidarité et la symbiose avec la

nature, dénonce Pierre Guérig. Et de lancer un cri d’alarme : l’existence

même des indigènes est en jeu, puisqu’ils sont sans défense devant les maladies apportées par les colons.

Pour faire face à ce lent génocide, l’Eglise catholique a fondé le CAAAP

qui travaille dans neuf diocèses et selon deux axes: la recherche et l’application pratique sur le terrain. C’est à Lima, la capitale du Pérou, que

se préparent les programmes, tandis que les activité sur le terrain se réalisent en Amazonie à partir de cinq centres: Iquitos, Pucallpa, Rio Tambo,

Tarapoto et La Merced.

Six lignes de direction guident le travail du CAAAP: la défense de la

vie et l’éducation à la paix et au respect des droits de l’homme; l’éducation interculturelle qui valorise la culture de chaque groupe ethnique; la

promotion de l’organisation au sein des villages et aussi entre les ethnies; la diffusion de documentation pour faire connaître la réalité amazonienne (livres, revues); l’analyse de la situation pour présenter des alternatives valables; enfin, un département de la formation pour apprendre

aux Indigènes à retrouver leur rôle dans la construction de l’Amazonie,

tout ce travail étant effectué non pas pour les Indiens, mais avec eux et

par eux-mêmes. (apic/sr/ba/be)

Encadré

Entré dans la Compagnie de Jésus après des études en génie civil au Technicum de Fribourg, le Père Guerig a rédigé au terme de ses études de théologie un travail de mémoire sur l’inégalité des termes de l’échange. Ordonné

prêtre en 1972, il a fait de la pastorale en paroisse durant deux ans à Genève avant d’effectuer un travail de doctorat de 3ème cycle en sociologie à

la Sorbonne sur «Les conditions de vie et de production des paysans péruviens».

Cette recherche ainsi que deux séjours parmi les paysans des hauts- plateaux péruviens, l’ont tout naturellement préparé à ses futures activités.

Il entre ainsi en 1980 au CAAAP, dont la direction lui est rapidement confiée par les neuf évêques de l’Amazonie péruvienne qui en assument collectivement la présidence. (apic/sr/be)

28 avril 1991 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 3  min.
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