Les abus sexuels marquent les personnes à vie (Photo d'illustration:wan mohd/Flickr/CC BY-NC-ND 2.0)
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Repentance des évêques de France pour les abus sexuels

Les évêques de France ont célébré le 7 novembre 2016 une messe pour le pardon des péchés commis par les membres du clergé. Réunis à Lourdes en assemblée plénière, ils ont reconnu avoir failli dans leur mission en restant parfois silencieux, face aux crimes de pédophilie. Ils se sont engagés à «déraciner l’arbre du mal» et à mieux écouter les victimes d’abus sexuels.

«Nous n’avons pas assez écouté les victimes comme elles l’attendaient et nous ne les avons pas toujours accompagnées avec la compassion nécessaire», a reconnu le cardinal André Vingt-Trois, archevêque de Paris qui présidait la célébration. L’épiscopat français a fait acte de repentance face au scandale des abus sexuels commis par des membres du clergé sur des enfants et des personnes vulnérables, rapporte le journal La Croix. Il a également imploré le pardon de Dieu face au silence qui a couvert ces faits.

La peur du scandale

Dans une homélie ferme et lucide, Mgr Luc Crepy, responsable de la Commission permanente de lutte contre la pédophilie au sein de l’épiscopat, a reconnu que les évêques avait failli à leur mission en n’étant pas meilleurs que le reste de la société. «Nous avons pu en être complices, nous évêques, par notre silence, notre passivité ou notre difficulté à entendre et à comprendre la souffrance» des victimes. En cause: la volonté de sauvegarder l’image de respectabilité de l’Église et la peur du scandale.

De scandale il en était précisément question dans l’évangile du jour qui n’avait pas été choisi pour la circonstance: «Il est inévitable que surviennent des scandales, des occasions de chute ; mais malheureux celui par qui cela arrive! Il vaut mieux qu’on lui attache au cou une meule en pierre et qu’on le précipite à la mer, plutôt qu’il ne soit une occasion de chute pour un seul des petits que voilà… » (Luc 17,1-6).

«Nous n’avons pas accordé suffisamment de crédit à la parole de ceux qui ont été blessés et trahis» par un membre de l’Église, a poursuivi Mgr Crepy, confessant une forme d’ignorance et d’indifférence. Au nom de la centaine d’évêques présents, il a demandé pardon pour leur manque de courage et de discernement pour affronter le fléau des abus sexuels dans l’Église.

En matière de pédophilie, il n’y a pas d’excuses ou de demi-mesures, a-t-il affirmé, alors que, quinze ans plus tôt, dans le même hémicycle, certains applaudissaient Mgr Pierre Pican, condamné en première instance pour avoir couvert les crimes pédophiles de l’abbé Bissey.

Depuis, l’Église de France a fait du chemin dans la lutte contre la pédophilie, la prévention et la prise de conscience de la souffrance des victimes, commente La Croix. Avec entre autres, la mise en place en avril dernier, après les révélations des abus du Père Preynat, à Lyon, et les appels du pape François, de nouvelles mesures orientées vers un meilleur accueil des personnes abusées par un membre du clergé, notamment la création dans chaque diocèse d’une cellule d’écoute.

Pas de pardon sans justice

Face à la tentation de pardonner trop vite pour tourner la page d’affaires douloureuses, Mgr Crepy a rappelé que le pardon ne peut être accordé au pécheur que s’il se repent et que pardonner n’est pas oublier. Ce qui suppose, du côté des victimes, un long chemin de mémoire douloureuse.

Du côté de la hiérarchie, il n’y aura pas de pardon sans justice : «Pardonner est en premier lieu l’affaire des victimes, mais cela n’est possible que si les auteurs sortent de tout déni, prennent véritablement conscience du mal commis et manifestent un repentir qui ne soit pas seulement des mots, mais une profonde repentance et une volonté ferme d’un travail profond sur eux-mêmes, a souligné Mgr Crépy.

Par cette célébration les évêques se sont engagés à «déraciner l’arbre du mal» de la pédophilie dans l’Église, en avançant sur un chemin de purification et de justice, ainsi que d’écoute des souffrances des victimes. Après la messe, les évêques étaient invités à jeûner, en signe de pénitence. (cath.ch-apic/cx/mp)

Les abus sexuels marquent les personnes à vie (Photo d'illustration:wan mohd/Flickr/CC BY-NC-ND 2.0)
7 novembre 2016 | 13:22
par Maurice Page
Temps de lecture: env. 3 min.
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