L’importance de l’Eucharistie durant les conflits au Burundi
Rome: Des pères synodaux évoquent le lien entre l’Eucharistie et la paix
Rome, 9 octobre 2005 (Apic) Des pères synodaux du Burundi, de Tanzanie et des Etats-Unis ont évoqué le lien entre l’Eucharistie et la paix lors de leurs interventions au Synode sur l’Eucharistie à Rome, les 7 et 8 octobre.
L’évêque burundais Gervais Banshimiyubusa a souligné l’influence positive de l’Eucharistie lors de la récente guerre civile dans son pays. L’évêque tanzanien Severine Niwemugizi a aussi présenté le lien entre l’Eucharistie, la paix, la justice et la réconciliation. Un archevêque de rite oriental en poste aux Etats-Unis a demandé, quant à lui, qu’il soit fait référence, pendant la célébration de la messe, à l’amour envers les ennemis.
Lors de la 9e congrégation générale, dans l’après-midi du 7 octobre, l’évêque burundais de Ngozi est intervenu devant ses collègues sur «l’importance de l’Eucharistie dans les moments de conflit». Mgr Gervais Banshimiyubusa a ainsi expliqué que, lors de la guerre qui a marqué le pays de 1993 à 2003, «les célébrations eucharistiques sont restées les lieux privilégiés où les gens de diverses ethnies pouvaient se rencontrer pour prier en faveur de leur réconciliation». L’évêque burundais a affirmé que la participation à la messe «nourrissait régulièrement l’espérance du peuple en vue d’une possible réconciliation», et que l’écoute de la parole de Dieu «interpellait tout le monde, sans parti pris, en vue de la conversion des coeurs et des mentalités».
«Au-delà de tout, la célébration eucharistique fut une source de grâce qui donnait aux chrétiens un courage surnaturel pour agir à contre courant, en refusant, souvent au prix de leur sang, toute solidarité négative basée sur l’unique fraternité naturelle d’ethnie ou d’intérêts égoïstes», a encore soutenu Mgr Banshimiyubusa.
Pas d’Eucharistie en vivant dans la violence
Intervenant dans la matinée du 8 octobre, lors de la 10e congrégation générale, l’évêque tanzanien de Rulenge a expliqué que le Christ avait fait de l’Eucharistie «un don de paix». Le président de la Conférence épiscopale tanzanienne, Mgr Severine Niwemugizi, a rappelé que «l’on ne peut célébrer et recevoir l’Eucharistie tout en continuant de vivre dans la peur ou la violence». «Nous ne pouvons pas non plus recevoir et goûter cette paix si nous ne sommes pas réconciliés avec Dieu et avec nous-mêmes» ou «le coeur plein de haine, de rancoeur et de sentiments de vengeance», a-t-il encore déclaré.
A son tour, l’archevêque grec-melkite de Newton (Etats-Unis) a insisté sur la notion de pardon et de sacrifice. Mgr Cyrille Salim Bustros a ainsi regretté que le document de travail préparatoire au Synode, l’Instrumentum Laboris, ne fasse pas référence au lien entre le nouveau commandement de ’l’amour de Dieu et du prochain’ et «l’amour parfait et universel qui englobe les ennemis et va jusqu’au sacrifice de soi pour eux dans la mort».
«L’Instrumentum Laboris, a expliqué l’évêque de rite oriental, parle de la violence et du terrorisme». «Ce qui manque dans le texte, a-t-il aussitôt déploré, c’est la clarification du lien entre le nouveau commandement et la victoire sur la violence». Et d’expliquer que «c’est en aimant ses ennemis et en priant pour ceux qui l’ont mis à mort, et en leur pardonnant, que Jésus a vaincu la violence et le terrorisme». Mgr Cyrille Salim Bustros a enfin fait part aux pères synodaux de la proposition d’introduire ces notions dans la prière eucharistique de la messe. (apic/imedia/ami/bb)