Une véritable parabole du drame humain
Rome: Le cardinal Biffi s’intéresse aux aventures de Pinocchio
Rome, 20 juin 2002 (APIC) Le cardinal italien Giacomo Biffi a fait de la fable de Pinocchio une «lecture théologique» sur la création de l’homme et sur la «paternité de Dieu». Travaillant depuis 1977 sur ce thème, il vient d’écrire l’introduction d’une nouvelle édition italienne de cette histoire enfantine du 19ème siècle, de laquelle il tire une «conception providentielle de l’histoire».
Le cardinal Giacomo Biffi est connu pour être un «spécialiste» du chef- d’oeuvre de Carlo Collodi, écrivain italien de la Toscane ayant publié avec succès l’histoire de la marionnette de bois qui devient homme. L’archevêque de Bologne avait déjà publié un «commentaire théologique des aventures de Pinocchio», en 1977, qui suscita de vifs débats au moment de sa sortie en librairie. 25 ans plus tard, il revient sur le sujet à l’occasion d’une réédition de la fable, qu’il introduit lui-même.
«Dans cette manière de s’exprimer si simple, se cache une extraordinaire manifestation de puissance», écrit le cardinal Biffi dans l’introduction. «A première vue, l’intention de Geppetto l’artisan qui va sculpter Pinocchio, ndlr semble plutôt normale et ne suscite pas de réaction particulière». En revanche, «ce qui apparaît tout de suite avec évidence en dehors de toute tradition fabuliste, de toute pensée commune et surtout de tout bon sens, c’est qu’il donne à sa marionnette le nom de ’fils’».
Leçon de vie
«Chaque artisan ne peut que produire quelque chose d’autre et d’hétérogène à soi, quelque chose qui subsiste dans une nature radicalement différente de la sienne», poursuit l’archevêque de Bologne. Mais dans ce cas, avec l’appellation ’fils’, «la marionnette semble imprégnée de l’aspiration à devenir conforme à celui qui l’a créée et à obtenir la possession de l’être et de la dignité de son créateur».
L’histoire de Pinocchio s’est peu à peu révélée comme «une parabole du drame humain», explique alors le cardinal, dans laquelle Geppetto, «humble et pauvre homme capable en même temps de grands rêves et de projets audacieux, est le Dieu de qui tout provient et à qui tout doit revenir».
Finalement, la fable de Collodi est une véritable «leçon de vie», conclut le cardinal Giacomo Biffi. A l’époque où naissaient «les aventures de Pinocchio», souligne-t-il, «des hommes dotés d’intelligences extraordinaires comme Friedrich Nietzsche, Karl Marx, ou encore Sigmund Freud, élaboraient et faisaient connaître leurs doctrines». «C’est justement dans ces années-là qu’apparurent les prémisses de la mer de larmes qui irrigua la terre au 20ème siècle», ajoute-t-il, opposant ainsi ces «doctrines intellectuelles» à la «parole prophétique» de Carlo Collodi, «qui est devenu, dans un certain sens, annonciateur du Règne de Dieu, maître de vie, semeur de consolation et de joie».
Le cardinal Giacomo Biffi âgé de 74 ans – est connu pour son franc-parler et son sens de l’humour. Il a commencé à s’intéresser à Pinocchio dès l’âge de 18 ans et a publié son premier livre sur ce sujet en 1977, soit trente ans plus tard. Suscitant des polémiques les premières années, sa «lecture théologique» de Pinocchio est aujourd’hui fortement appréciée en Italie. (apic/imedia/pr)