Le pape approuve leurs nouvelles Constitutions

Rome: Les carmélites ont désormais le choix entre deux règles (181091)

Vatican, 18octobre(APIC) Le 14 octobre, en la fête de sainte Thérèse

d’Avila, réformatrice du carmel au XVIe siècle, les carmélites du monde entier ont pris connaissance d’une lettre de Jean Paul II leur annonçant

l’approbation d’une seconde Constitution plus «réformiste» pour l’Ordre. Le

8 décembre 1990, le pape avait déjà approuvé une Constitution dite «traditionnaliste». Les deux textes, où l’esprit carmélitain est identiquement

préservé, permettent de garder l’unité entre les carmels qui se sont séparés après Vatican II. Le message du pape est accompagné d’un décret du

cardinal Jean Jérôme Hamer, préfet de la Congrégation pour les Instituts de

vie consacrée et les Sociétés de vie apostolique, invitant les monastères à

fixer un délai convenable (Noël 1992?) pour faire leur choix et en informer

le Saint-Siège.

La nouvelle législation des carmélites est en chantier depuis un quart

de siècle. C’est en effet en 1966, un an après la clôture de Vatican II,

que le préposé général des carmes lance la consultation en vue de réaliser

la mise à jour demandée par le Concile.

En 1977, Paul VI approuve la réforme «ad experimentum» pour une période

de cinq ans. Au terme de celle-ci, en 1982, une nouvelle consultation fait

apparaître que 80% des 810 monastères y sont favorables. Le nouveau texte

contient la règle primitive du XIIIe siècle de saint Albert de Jérusalem et

les Constitutions élaborées en 1567 par sainte Thérèse (et remaniées ensuite par les Pères Carmes en 1581 à Alcala, où, malgré les objections, Thérèse se soumit dans un esprit d’obéissance), ainsi que des «Déclarations»

précisant les nouvelles dispositions juridiques.

Processus stoppé net

Le processus va pourtant être stoppé par le Saint-Siège deux ans plus

tard devant la résistance d’un groupe de monastères conservateurs: en 1984,

le cardinal Agostino Casaroli, secrétaire d’Etat, propose au nom du pape un

autre texte répondant à la demande du groupe minoritaire (mais que refuse

en 1986 80% des monastères). Le Saint-Siège décide en outre de confier au

dicastère romain des religieux la rédaction de la nouvelle législation. Et

c’est avec stupeur que les moniales apprennent en décembre dernier que le

pape a approuvé la législation «répondant à la demande d’un groupe de monastères», comme l’écrit Jean Paul II dans sa récente lettre.

Une décision «surprenante et inquiétante», écrit aux moniales déconcertées le préposé général des carmes, en constatant que c’est à Jean Paul II

que revient désormais de résoudre la question essentielle «de l’unicité ou

de la pluralité de textes de Constitutions pour les carmélites déchaussées

et, par voie de conséquence, le problème très grave de l’unité ou de la division de l’Ordre».

C’est dire si la nouvelle de l’approbation d’une seconde règle est accueilie avec soulagement par les carmélites favorables à la réforme. La

crainte existait en effet que soient imposées à l’ensemble de l’Ordre, au

nom de l’unité, les règles et Constitutions approuvées par le pape en décembre dernier à la demande du groupe minoritaire. Elles attendaient toutefois de prendre connaissance du nouveau texte avant de se faire une opinion

définitive. Le texte original des Constitutions auquel est joint le texte

des Constitutions primitives et des Constitutions d’Alcala, a en effet été

rédigé en italien. Les traductions en espagnol, français et anglais sont

pratiquement achevées.

Une même règle, un même charisme, un même patrimoine

En autorisant enfin la promulgation d’une législation que les monastères

«réformistes» attendent depuis de nombreuses années, Jean Paul II veut tenir compte, explique-t-il dans sa lettre, «d’appréciations différentes qui

naissent d’une même volonté de fidélité au Seigneur».

Après l’approbation en décembre dernier d’un premier texte de Constitution préparé selon les instructions données au nom du pape par le cardinal

Casaroli en 1984 et proposé à l’ensemble des monastères, en laissant à chacun la liberté de l’adopter, le Saint-Siège a approuvé le nouveau texte

«pour répondre aux désirs des autres monastères», écrit Jean Paul II. Ainsi

s’achève, constate le pape, «un long processus (…) au cours duquel le

Saint-Siège, conscient de l’importance de votre vocation spécifique, aussi

bien pour la famille du Carmel que pour toute l’Eglise, a soumis à un particulier discernement votre législation, pour sauvegarder l’héritage spirituel de sainte Thérèse».

«L’un et l’autre texte, également approuvés par l’Eglise, veulent être

’une fidèle interprétation du charisme thérésien’», précise Jean Paul II.

Les différences ne se rapportent donc ni «à la substance du charisme contemplatif carmélien-thérésien, ni au retour nécessaire et constant à son

inspiration primitive». Elles correspondent plutôt à «des modalités diverses d’interpréter l’adaptation aux conditions changeantes des temps et de

formuler la législation des Instituts religieux, dont l’approbation est de

la compétence exclusive du Siège Apostolique». Il s’agit par conséquent

«d’appréciations différentes qui naissent d’une même volonté de fidèlité au

Seigneur».

Je veux, ajoute le pape, «que l’approbation de deux textes des Constitutions (…) maintienne vivante l’unité spirituelle de tout le Carmel thérésien, au sein de ses légitimes traditions historiques et tenant compte de

nouvelles circonstances, lieux et culture où son charisme s’incarne».

«Vous toutes, carmélites déchaussées, ensemble avec les carmes déchaussés, vous formez dans l’Eglise le même et unique Ordre des Frères et Soeurs

déchaussés de la Bienheureuse Vierge Marie du Mont-Carmel. Toutes et tous,

vous avez en commun la même règle, le même charisme carmélitain thérésien

et le même patrimoine spirituel transmis par vos saints parents Thérèse de

Jésus et Jean de la Croix». (apic/cip/pr)

18 octobre 1991 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture: env. 4 min.
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