Les acteurs ont animé 5 tableaux historiques, emmenant avec eux les spectateurs, tout au long du parcours historique. (Photo: Séverine Rouiller/Clin d'Oeil)
Suisse

Saint-Maurice: 15 siècles en deux heures de spectacle

Saint-Maurice, 15.08.2015 (cath.ch-apic) Le spectacle de rue de Saint-Maurice traverse les 15 siècles de l’histoire de l’Abbaye. Itinérant, il fait voir, en cinq tableaux, l’influence et le rayonnement du lieu, objet de bien des convoitises.

Une quarantaine de bénévoles, huits acteurs du Théâtre du Saule Rieur de Genève, une scénographie soignée, des dialogues enlevés, drôles parfois, tragiques et spirituels: telle la «ronde nocturne et poétique sur les pavés d’Agaune» proposée jusqu’au 6 septembre à Saint-Maurice. Une ronde sous forme de spectacle itinérant avec cinq tableaux, cinq épisodes de la longue vie de l’Abbaye.

Alain Bagnoud, professeur de langue française à Genève, a écrit le livret et Cyril Kaiser a mis en scène les cinq actes de la ronde. «Nous avons voulu, parmi les temps forts de ce Jubilé, créer un théâtre de rue, indique Jean-Jacques Rey-Bellet, co-président du Jubilé. Car la ville de Saint-Maurice et l’Abbaye ont un destin lié, même si ce ne fut pas toujours la bonne entente».

La lance qui fait gagner

Pari réussi. Cyrille Rieder, chanoine de Saint-Maurice, et Soeur Claudia, religieuse de Saint-Augustin, participent au jeu. Le public qui se déplace avec les acteurs et une cariole de matériel est invité à suivre les cinq temps forts choisis. Il passe ainsi de l’église Saint-Sigismond à la place Val-de-Marne, à la Maison de la Pierre, puis à la Place du Parvis pour finir sur le site archéologique du Martolet, emplacement initial de la tombe de Maurice.

Soeur Claudia ouvre la marche, avec Cyrille Rieder, curé de St-Sigismond, qui accueille le public dans son église. Le premier acte plonge dans l’histoire tragique de Sigismond, qui, en 522, fait assassiner son fils Sigéric. Accablé par la culpabilité, le roi des Burgondes se retire à Saint-Maurice pour expier son crime.

Les spectateurs suivent ensuite un cortège funèbre qui les transporte en 1032: sur la dépouille de Rodolphe III, roi de Bourgogne, se battent l’empereur du Saint-Empire, Conrad le Salique, et Eudes de Blois. Objet du litige: la lance de Maurice «celle qui fait gagner des batailles». L’empereur l’emportera, ouvrant pour l’Abbaye une ère de prospérité, dont bénéficiera notamment le Trésor. Maurice est alors honoré dans tout le Saint-Empire romain germanique.

L’échec de Bonaparte

Nouveau déplacement du public, dans la rue principale, jusqu’à la belle Maison de la Pierre. Sa cour intérieure forme un écrin à partir duquel les spectateurs vont entendre le roi de France Louis IX, saint Louis : il a besoin des reliques de Maurice pour repartir en croisade (il a échoué la première fois). Scène tragique et forte qui se clôt sur une envolée vocale.

Le déplacement vers l’Abbaye s’interrompt sur la Place du Parvis. La Révolution française a essaimé en Suisse et les bonnets phrygiens distribués au public symbolisent le changemennt d’époque. Le premier Consul Bonaparte fait halte à Saint-Maurice. Ses intentions sont pragmatiques : s’emparer du Trésor, que les chanoines, par précaution, ont caché. Echec du futur empereur. Mais devant le premier Consul, est présenté le martyre de Maurice et de ses compagnons. Retour sur l’histoire des commencements : le refus de prêter serment à l’empereur romain coûte la vie à Maurice et à la légion thébaine. Clin d’oeil à travers les siècles, d’un empereur à l’autre.

Le final du spectacle emmène au purgatoire et au paradis. Purgatoire pour Sigismond, Conrad, saint Louis et un soldat napoléonien, qui tournent, à l’infini. Et paradis, au final, sur le site du Martolet : «Au paradis, les masques tombent». Sous le regard du chanoine Jean-Paul Amoos, sollicité à la fenêtre de l’Abbaye, les acteurs des 1500 ans nouent la gerbe des siècles traversés dans une envolée vocale, symbole de fraternité. Au milieu des vieilles pierres du site archéologique, sur la tombe de Maurice, le final prend valeur d’engagement. Des hommes et des siècles passent, la grâce demeure. «Aimez et faites ce qui vous plaît», avait dit saint Augustin. Le chanoine Amoos, de la fenêtre de l’Abbaye l’a rappelé. (apic/bl)


Encadré:

Le reportage du 19:30:

Jusqu’au 6 septembre

«Des hommes et des siècles» est joué jusqu’au 6 septembre, de 20h à 22h. Maximum 120 personnes par représentation.

Billetterie : Office du tourisme de Saint-Maurice, tél. 024 485 40 40. Courriel : location@martolet.ch

Prix : Adultes :  40 fr. ; Jeunes (16 ans révolus) : 20 fr.

 

Les acteurs ont animé 5 tableaux historiques, emmenant avec eux les spectateurs, tout au long du parcours historique.
15 août 2015 | 08:30
par Bernard Litzler
Temps de lecture: env. 3 min.
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