Sion: agents pastoraux et Conseils de communauté en dialogue

Le collège des Creusets, à Sion (VS), a accueilli les 25 et 26 mars 2017 une session pastorale, réunissant pour la première fois 300 agents pastoraux et membres des Conseils de Communauté (Cocoms) du diocèse de Sion. Divers ateliers proposés par l’équipe de Talenthéo ont permis de favoriser le dialogue au sein des équipes pastorales.

Grand brouhaha dans la salle de sport du collège des Creusets à Sion: les 300 prêtres et laïcs du diocèse de Sion se déplacent à l’invitation des animateurs de l’équipe Talenthéo, pour former des cercles de discussion. Toute la physionomie de la salle a changé, on y voit une des méthodes de l’équipe pour amener les gens à évoluer. «Dites les qualités que vous appréciez chez votre voisin  de gauche. Quelle meilleure espérance pour votre paroisse avez-vous au fond du cœur? Vous avez environ deux minutes».

Les discussions s’animent. Des rires fusent, d’autres groupes discutent plus sérieusement. A l’image de ce  démarrage dynamique, rien ne sera figée durant la session pastorale du diocèse de Sion qui se déroule sur deux jours.

Des ateliers pour se faire «bousculer»

Les ateliers vont se succéder tout au long du week-end pour «bousculer» les uns et les autres et les amener à dialoguer en équipe pastorale. Expression corporelle, avec entre autres du mime, exercices de respiration, bilans personnels sur la base de réflexion. «Où en suis-je avec l’adoration, la vie fraternelle, la formation, le service et l’évangélisation?» demande l’équipe d’animateurs. Chacun fait le point sur ces «cinq essentiels» de la vie de chrétien dans la paroisse, avant d’échanger en équipe.

«Seul, on avance vite. Ensemble, on avance plus loin», résume Pierre-Bernard Le Bas, un des coachs de l’équipe Talenthéo qui anime cette session. L’idée est d’amener les équipes à se connaître «en profondeur», pour favoriser un dialogue qui sera la base de la construction collective d’un projet pastoral. Il s’agit pour les paroisses d’avoir «une vision» à plus ou moins long terme pour susciter des vocations pastorales. «S’il n’y a pas d’échange, c’est la mort du groupe. Nous luttons contre le ‘on a toujours fait comme ça’, qui tue à coup sûr toute tentative d’évolution et la capacité d’une paroisse à se projeter plus loin dans le temps», ajoute le disciple missionnaire, comme il aime à se surnommer.

Pierre-Bernard Le Bas, un des coachs de l’équipe Talenthéo qui animait la session pastorale du diocèse de Sion (Photo: B. Hallet)

Laïcs et prêtres ensemble

«Les agents pastoraux étaient les seuls à avoir suivi cette formation. Cette expérience doit être vécue en commun. Les laïcs ont un rôle important à jouer en paroisse, ils sont des graines semées dans la vie quotidienne, au travail, en famille et dans la société, explique Pierre, actif dans le secteur de Savièse (VS). Ils démultiplient les forces du prêtre qui, seul, ne peut pas aller loin, ajoute-t-il. L’abbé Pascal Lukadi, curé de Massongex (VS), abonde dans son sens: «Le prêtre ne se sent pas seul dans la paroisse s’il est entouré. Il est chrétien avec les autres et la responsabilité de l’évangélisation est partagée avec la communauté».

«Nous construisons l’Eglise diocésaine par notre présence, nous sommes là au titre de notre baptême. A nous de devenir actifs de cette construction», lance Mgr Lovey, évêque du diocèse de Sion, en ouverture de cette session. Il demande à l’assistance de chercher de nouveaux chemins qui mènent au but, grâce à une recherche en communauté. Pour ce faire, Mgr Lovey a souhaité élargir cette formation, jusque-là réservée aux agents pastoraux, aux membres des Cocoms et aux «personnes de bonne volonté». Une première dans le diocèse.

Un goût nouveau de la paroisse

«C’est magnifique! s’enthousiasme Magda. Cela donne un goût nouveau de la paroisse et l’envie de se mettre au service de l’Eglise du mieux qu’on peut», témoigne cette responsable des servants de messe officiant dans le secteur de Sierre. La méthode est intéressante et sûrement productive, estime Patrick Riat, de la paroisse de Muraz (VS).

Il attire cependant l’attention sur les moyens dont disposeront les équipes pastorales des paroisses pour mettre en œuvre cette dynamique de changement. «Il faut veiller aux ressources humaines dont nous disposons et aux forces disponibles de chacun, pour ne pas risquer la surcharge. Si on ajoute des tâches, alors que retire-t-on du cahier des charges?».

Pierre-Bernard Le Bas comprend cette «peur d’être mangé». Il explique qu’il aborde régulièrement cette thématique dans les sessions qu’il anime. Il mime l’expression de la main, puis du coude et enfin du bras pris dans l’engrenage. «Il faut répondre à l’appel du Christ en toute conscience, être immergé dans l’Amour du Christ. Mais le Christ ne gère pas notre agenda». A chacun donc d’être capable de ne pas se  laisser submerger au gré des demandes, «qui feraient de nous des hommes mangés».

Une demande de parole et d’écoute

Cette session pastorale est la dernière d’un cycle de quatre rencontres qui ont lieu dans le diocèse de Sion depuis 2015. L’équipe de Talenthéo a noté une véritable libération de la parole au sein des équipes du diocèse depuis la première session au Bouveret. «Une confiance est née dans le groupe», note Pierre-Bernard Le Bas. Il a constaté une forte demande de prise de parole et d’écoute. «Ce parcours commence à porter ses fruits», se réjouit Pierre-Yves Maillard,  vicaire général du diocèse, en constatant la forte participation à cette session pastorale.

«Il ne s’agit pas ici de suivre un apprentissage ou d’enseigner une doctrine. Nous sommes là pour être et faire Eglise», souligne-t-il. Il espère que le but sera atteint dimanche en fin d’après-midi et que ce week-end amorcera une nouvelle dynamique en paroisse. (cath.ch/bh)