Devant la cathédrale de Bâle, déambulation de groupes de toutes origines, le 30 décembre 2017 ¦ © Bernard Litzler
Suisse

Taizé à Bâle: un bilan réjouissant

Il y a deux semaines, à fin décembre 2017, Bâle et sa région résonnaient des accents de la 40e Rencontre européenne de Taizé. Bilan de ce gigantesque rendez-vous de la jeunesse (20’000 participants), qui a renforcé l’œcuménisme et réuni des personnes d’horizons variés, même hors du cadre habituel des Eglises.

«Nous sommes très reconnaissants que tout se soit bien passé, estime à l’heure du bilan Frère Richard, de la communauté de Taizé. Après la Rencontre, nous avons déjà rencontré différents responsables d’Eglise et tous se disent très satisfaits». Le religieux est encore présent dans la région, en cette mi-janvier. Il va bientôt quitter Bâle avec le sentiment de la mission accomplie.

Le sentiment de contentement est légitime après cinq jours de mouvements en tous sens, entre le 28 décembre 2017 et le 1er janvier 2018. Mouvements ponctués de déplacements multiples, de prières de midi dans les églises de Bâle et de la région, de visites de la ville, de rendez-vous priants vespéraux à la Halle et à l’Arena Saint-Jacques. Mouvements pour les 20’000 jeunes présents et leurs familles d’accueil, mais aussi ambiances sonores avec les chants de Taizé, moments de partages, éclats de rire, joyeuses farandoles et temps de silence. La communauté de Taizé laisse derrière elle un profond goût de fête.

Frère Richard, de la communauté de Taizé, a organisé la Rencontre de Bâle avec les autorités suisses| © Georges Scherrer

Collaboration œcuménique

«Ce fut vraiment très impressionnant, une expérience incroyable, raconte Susi Labhart, administratrice de l’Eglise évangélique réformée du canton de Bâle-Ville. Cela a renforcé les communautés locales. Et tout cela s’est vécu sans pression, du début à la fin.» De voir chaque communauté ecclésiale enrichie de 200 à 300 personnes «a rendu vivantes les rues et les églises».

Les ateliers du matin et de l’après-midi ont attiré plus de monde qu’attendu, entre 300 et 500 participants. «La visite de la ville de Bâle, conduite par les sans-abri du journal Surprise, a constitué une forme de record, avec 1000 participants», rapporte Mme Labhart, réjouie.

«Des Suisses ont découvert leurs voisins, chez qui ils n’allaient pas plus loin que le seuil de la porte»

«La collaboration œcuménique existait déjà ici et dans la région, souligne Frère Richard. Et elle s’est beaucoup renforcée». Les baptistes, les mennonites et les Eglises évangéliques libres ont joint leurs forces à celles des trois Eglises reconnues. Pour constituer un bouquet qui a marqué les participants, les paroisses et les familles d’accueil.

«Notre autre grande surprise a été de constater que plus de 2000 personnes sont venu prier le soir avec les jeunes à Saint-Jacques», témoigne le religieux de Taizé. Affluence inattendue qui a nécessité certains réglages.

«Tramlis» envahis

Autre satisfaction: l’accueil a dépassé les limites des communautés d’Eglise. «Des personnes plutôt éloignées des Eglises ont soudain ouvert leurs portes pour recevoir des jeunes. Et des Suisses ont découvert leurs voisins, chez qui ils n’allaient pas plus loin que le seuil de la porte, indique Susi Labhart. Dans ma copropriété, nous avons hébergé 15 jeunes, répartis en quatre familles. Il y avait même des Brésiliens et des Chinois, en plus des Lettons, des Ukrainiens et des Polonais…».

Un groupe de pèlerins espagnols devant le Rhin, le 30 décembre 2017 ¦ © Bernard Litzler

«Il manquait encore 6000 places le 14 décembre, indique, encore admiratif Frère Richard. La ville de Bâle, par son Département de l’éducation, a réuni les concierges des gymnases pour les préparer à recevoir des jeunes… Et ce ne fut pas utile. Donc tous les participants ont été hébergés soit dans des familles, soit, plus rarement, dans des presbytères vides, donc dans des cadres moins neutres que ceux des salles de sport».

La résonnance de la rencontre a donc dépassé le strict cadre ecclésial. Bien sûr, la présence des jeunes a rajeuni le visage de la cité. Les Bâlois ont certes un peu protesté contre l’envahissement des «tramlis», mais la gentillesse et la correction des participants ont fait passer bien des frustrations avec le sourire.

Le savoir-faire de Taizé

Une fois encore – la communauté de Taizé possède un vrai savoir-faire en la matière depuis quarante ans – la coordination pour les transports (ici entre trois pays), l’organisation des repas et la sécurité ont nécessité une organisation impeccable. Grâce à une préparation rigoureuse et de longues semaines de coordination, les repas sont bien arrivés et ont été distribués sans trop d’attente, malgré les longues files, notamment dans le quartier de St-Jacques.

Certes, la répartition des jeunes entre les églises de la ville au moment de la prière de midi a parfois posé problème, reconnaît Frère Richard. Mais ces inconvénients apparaissent mineurs, au regard de la satisfaction largement exprimée par les participants et les organisateurs.

Les différents services de police et de sécurité ont également apprécié la patience et la correction des jeunes, assez éloignés des publics qu’ils canalisent habituellement. Et, dit Frère Richard, «même l’évêque de Bâle Felix Gmür a été étonné qu’une femme de la sécurité vienne se confier à lui, le samedi soir, à la grande prière de la Halle St-Jacques». Il est des fruits des Rencontres qui n’ont pas été prévus, même par la communauté œcuménique de Taizé. (cath.ch/bl)

Distribution de l’intervention de Frère Aloïs, prieur de Taizé, devant la cathédrale de Bâle, le 30 décembre 2017 ¦ © Bernard Litzler

 

Devant la cathédrale de Bâle, déambulation de groupes de toutes origines, le 30 décembre 2017 ¦ © Bernard Litzler
12 janvier 2018 | 17:27
par Bernard Litzler
Temps de lecture: env. 4 min.
Bâle (43), Frère Richard (1), Taizé (98)
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