Depuis le mois de mai, Stella Maris subit des provocations de la part de juifs ultra-orthodoxes | © Idodootal/Wikicommons
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Terre sainte: les chrétiens dénoncent «le mépris» qu'ils subissent

Alors que le monastère Stella Maris de Haïfa a subi de nouvelles pressions de la part de juifs ultra-orthodoxes, les chefs des Églises catholiques de Terre Sainte appellent les autorités israéliennes à sortir de leur léthargie face aux actes de mépris visant la communauté chrétienne du pays.

Cécile Lemoine/terresainte.net

Jour de prière et de solidarité au monastère Stella Maris de Haïfa. Maronites, melkites, latins… Ce 27 juillet, les chefs des Églises catholiques de Galilée sont tous présents pour montrer leur soutien à la communauté chrétienne et aux frères Carmes.

Provocations régulières

Depuis le mois de mai, l’église Stella Maris subit des provocations régulières de la part de juifs ultra-orthodoxes issus de la communauté de Breslav. Ces disciples du rabbin Eliezer Berland viennent y prier Elie, prophète de l’Ancien Testament qu’ils estiment enterré à cet endroit.

Après une période d’accalmie, due à la présence continue de la police autour du sanctuaire, un nouvel incident a éclaté, le 23 juillet dernier. Un groupe d’étudiants en yeshiva (école religieuse juive), venus spécialement en bus, a voulu prier devant l’église Mar Elias. Des chrétiens locaux, qui se relaient pour empêcher ces provocations, les ont violemment repoussé, générant quelques affrontements avant que la police n’intervienne.

Réunis devant l’église Mar Elias et s’adressant à une foule de plusieurs centaines de personnes, les représentants des Églises catholiques ont loué le courage de leurs fidèles avant de les exhorter à «agir avec sagesse, de leur propre gré, et à respecter la loi.» 

Ils ont également tenu à remercier les autorités civiles israéliennes pour leur  compréhension et coopération», avant de souligner que la situation peinait à être pleinement contrôlée: «Nous élevons à nouveau la voix pour appeler les autorités responsables de ce pays, y compris le gouvernement, les ministres, les fonctionnaires, et la police, à accélérer leur travail pour empêcher les empiétements sur les lieux saints chrétiens, et prendre des mesures légales contre leurs auteurs.»

Respect des droits fondamentaux

Un appel de plus en plus régulier et unanime, dont la commission Justice et Paix de l’Assemblée des Ordinaires catholique de Terre Sainte (AOCTS), se fait également le porte-voix dans son dernier communiqué, publié ce vendredi 28 juillet.

«Les chrétiens sont déconcertés et étonnés que les autorités israéliennes chargées de l’application de la loi, si perspicaces lorsque des Juifs sont harcelés d’une manière ou d’une autre, semblent si peu efficaces pour mettre fin à ces attaques», écrit la commission, dirigée par le patriarche émérite Michel Sabbah.

Dans un entretien accordé à Vatican News, Mgr Pierbattista Pizzaballa, patriarche latin de Jérusalem récemment créé cardinal, et président de l’AOCTS, a souligné que les chrétiens de Terre sainte ne cherchaient pas de protections spéciales, mais seulement le «respect des droits fondamentaux qu’un État démocratique devrait garantir à tous les citoyens et à toutes les communautés, quelle que soit leur appartenance religieuse.»

Ne pas rester silencieux

«Déconcertation», «étonnement», «incompréhension»… Le vocabulaire du communiqué traduit l’impuissance du clergé face à la montée de ces actes de mépris, surtout chez les plus jeunes: «Qui alimente continuellement leur hostilité? Qui les expose à l’intolérance religieuse, au racisme et à l’irrespect flagrant des droits d’autrui?», s’interroge la commission, avant de s’adresser «aux éducateurs, aux chefs religieux et à tous les parents»: «Comment pouvez-vous rester les bras croisés ou même cautionner cette manifestation flagrante de mépris pour autrui?»

Si dans l’ensemble ces appels semblent rester vains, la commission Justice et paix estime que «rester silencieux et refuser d’agir enhardit cette minorité marginale», avant de conclure avec inquiétude: «L’histoire nous a malheureusement appris que ce qui semble être le comportement scandaleux d’une minorité aujourd’hui peut devenir la pratique acceptée d’une majorité demain, à moins qu’il ne soit immédiatement dénoncé et stoppé à la source.»

À Stella Maris, les Carmes, responsables du sanctuaires ont pris une série de décision pour tenter de faire face aux intimidations des juifs ultra-orthodoxes. S’ils ont promis que l’église resterait ouverte à tous, ils érigeront une clôture pour contrôler leur propriété. Les frères Carmes ont également donné suite à la plainte portée à la police et affirme leur bonne coopération avec la municipalité de Haïfa. (cath.ch/terresainte.net/bh)

Depuis le mois de mai, Stella Maris subit des provocations de la part de juifs ultra-orthodoxes | © Idodootal/Wikicommons
31 juillet 2023 | 16:09
par Rédaction
Temps de lecture: env. 3 min.
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