Frère Thierry Hubert, producteur du Jour du Seigneur  | © G. Poli CIRIC
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Thierry Hubert, acteur de la nouvelle grille du Jour du Seigneur

Le 25 décembre 2018, le Jour du Seigneur (JdS) a célébré les 70 ans de la première diffusion mondiale d’une messe à la télévision. Le dominicain Thierry Hubert, nouveau patron du JdS, revient sur l’élan insufflé en 1948 par le Père Raymond Pichard, un pionnier. Et annonce le retour à la messe à 11h dès le 6 janvier 2019. 

Le dominicain Thierry Hubert a pris depuis quelques mois les rênes du Jour du Seigneur. En effet, les religieux dominicains se succèdent à la tête de la plus ancienne émission de la TV française. Le Père Hubert a succédé au Père Philippe Jaillot, qui a lui-même repris la maison parisienne de la Rue de la Glacière des mains d’un autre confrère, le Père Philippe Jeannin.

Le JdS célèbre ses 70 ans. Comment se sent-on comme producteur de la plus ancienne émission de la TV française?
On se sent très petit. Ou, pour reprendre l’image de saint Bernard de Chartres, je suis comme «un nain assis sur des épaules de géants». Je reçois, en arrivant, un magnifique héritage qui témoigne de 70 ans d’histoire de la société comme de celle l’Eglise, 70 ans d’un compagnonnage entre instance religieuse et service public. Je suis arrivé émerveillé du potentiel de créativité des équipes, heureuses de travailler.

«Il faut trouver de nouveaux moyens pour rejoindre le téléspectateur là où il est»

Le Père Raymond Pichard a marqué votre institution. Vous vous en sentez l’héritier?
Il faut garder du Père Pichard son extraordinaire audace et son goût de répondre aux attentes de ses contemporains et de l’Eglise par un investissement professionnel des medias. L’exigence qui en découle doit nourrir notre manière de travailler.

Le Père Pichard peut agir comme une figure tutélaire, évidemment, d’où le risque est de se sentir écrasé et tétanisé. Mais je pense que la succession de sept producteurs dominicains, aux personnalités généreuses et variées, me met en distance de cette éventualité. C’est plus facile de s’inscrire dans cette lignée de frères producteurs que seulement successeur direct du fondateur.

Comment se concrétise aujourd’hui l’élan tracé par ce glorieux prédécesseur?
Plus que la réitération du geste du Père Pichard, c’est son intuition profonde que l’on doit toujours mettre en œuvre. Le défi numérique, la multiplication des écrans, la «délinéarisation» de la télévision, quand on regarde son programme non plus à son heure de diffusion, mais en replay à l’heure que l’on veut, nous oblige à sortir de nos habitudes pour trouver de nouveaux moyens pour rejoindre le téléspectateur là où il est.

Quels sont les défis actuels du Jour du Seigneur?
Aux défis déjà mentionnés s’ajoute la multiplication des chaines de la TNT notamment. Mécaniquement, elle amène à une baisse d’audience. D’autre part, la formule débutée il y a sept ans n’arrivait plus actuellement à être lisible pour les téléspectateurs. En arrivant au mois de février dernier, on m’a demandé de lancer une nouvelle grille éditoriale, avec un nouveau magazine et une évolution des horaires. Nous allons donc retrouver la messe à 11h, après le magazine.

«Ne considérez jamais la foi comme un obstacle mais comme un élan»

Nous avons établi une nouvelle dynamique avec comme ligne éditoriale «L’élan de la foi». L’expression est empruntée à l’abbé Mugnier qui, dans sa correspondance à la poétesse Marie Noel, écrivait le 28 février 1918: «Ne considérez jamais la foi comme un obstacle mais comme un élan.» Un nouveau plateau, de nouvelles rubriques, chercheront à apporter un élan de communion et à faire de l’émission dominicale l’élan de la semaine.

Vous avez des projets pour 2019?
Sur le plan numérique, nous développerons et sortirons deux nouvelles propositions en ce premier semestre 2019. Une application Le Jour du seigneur pour smartphones et tablettes afin de rejoindre sur des écrans plus petits un public devenu moins consommateur de télévision sur écran classique. Puis, d’ici quelques mois, nous sortirons une plate-forme mettant en valeurs tout le patrimoine audiovisuel chrétien dont le CFRT/Jour du Seigneur est dépositaire. Notre présence sur les réseaux sociaux va également être réaffirmée en engageant une stratégie plus développées.

Et en matière de documentaires?
En parallèle à ces activités, nous avons une branche «documentaires» de 26 mn ou 52 mn, à destinations des chaines publiques. Nous devrions avoir la mise en production de neuf documentaires de 26 mn pour une diffusion durant l’été 2019 et des programmes plus longs dont la finalisation reste encore à faire. Les projets ne manquent pas. Ce qui permet leur réalisation, c’est la joyeuse conscience de participer collectivement à une œuvre qui nous dépasse: «Annoncer l’Evangile à la télévision»!


La messe à 11h

Changement de grille dès le 6 janvier 2019 sur France 2. Le Jour du Seigneur diffuse son magazine de 10h30 à 11h, puis la messe à 11h désormais.

Le 6 janvier, l’invitée du magazine sera la religieuse assomptionniste Cécile Renouard, professeure de philosophie au Centre Sèvres à Paris, et enseignante à l’Ecole des Mines de Paris et à Sciences Po – Paris. Le 13 janvier, l’invité sera le philosophe suisse Alexandre Jollien. (cath.ch/bl)

 

Frère Thierry Hubert, producteur du Jour du Seigneur | © G. Poli CIRIC
27 décembre 2018 | 17:20
par Bernard Litzler
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