Un évêque allemand critique l’instruction sur les paroisses

Mgr Franz-Jozef Bode, évêque d’Osnabrück (Allemagne) a publié le 22 juillet 2020 sur le site de son diocèse une lettre ouverte dans laquelle il exprime sa déception quant à l’instruction sur les paroisses présentées par la Congrégation pour le clergé le 20 juillet dernier. Selon lui, le Saint-Siège met en avant des normes «dépassées par la réalité» qui poussent à une «conversion au cléricalisme».

L’instruction Sur la conversion pastorale de la communauté paroissiale au service de la mission évangélisatrice de l’Église de la Congrégation pour le clergé, parue le 20 juillet 2020, tente de trouver des solutions à la crise que rencontre le modèle paroissial dans une société mondialisée, numérisée, et marquée par la baisse du nombre de vocations. En plus de solutions concrètes, le texte appelle à une «conversion pastorale» pour permettre à l’Église de retrouver sa place dans la société.

Mgr Bode, évêque d’Osnabrück, considère que le texte encourage plutôt une «conversion au cléricalisme», en particulier toute la partie législative qui occupe la seconde moitié de l’instruction. Celle-ci met en avant des normes «dépassées par la réalité», insiste l’évêque, dont le diocèse fait appel à cinq laïcs pour occuper des postes de direction.

Tout en affirmant être en conformité avec le droit canon, le prélat allemand regrette que le texte ne prenne pas en compte les démarches synodales, rappelant la publication d’Être Église ensemble, texte rédigé par la Conférence des évêques d’Allemagne en 2016, qui recommande notamment la collaboration de l’ensemble des croyants dans la gouvernance de l’Église. Dans l’instruction, affirme-t-il, le prêtre est au contraire «trop mis en avant».

Une injuste «appréciation des services des laïcs»

De plus, les contraintes imposées dans le document sont un «frein à la motivation et l’appréciation des services des laïcs», déplore Mgr Bode. Il fait référence à la partie déclarant que les diacres, consacrés et laïcs ayant des responsabilités ne peuvent cependant pas être appelés «curé», «co-curé», «pasteur», «chapelain», «modérateur» ou «responsable paroissial».

Ce sont les recommandations contre ce dernier terme, utilisées pour désigner les responsables laïcs de son diocèse, qui suscitent particulièrement l’ire de l’évêque. Rappelant la pénurie importante de prêtres qui touche l’Allemagne, il insiste sur le fait que l’Église dépend «de la coopération intensive de tous ceux qui ont été baptisés et confirmés».

L’Église en Allemagne est particulièrement active en matière d’expérimentation et de réforme dans le domaine pastoral, comme en témoigne le récent projet porté par l’évêque de Trêves, Mgr Stephan Ackermann, de réduire drastiquement le nombre de paroisses de son diocèse. Ce dernier a pour sa part interprété l’instruction comme un «encouragement» à poursuivre sa réforme diocésaine, recalée dans sa première mouture par le Saint-Siège. (cath.ch/imedia/cd/rz)