Ukraine: Staline a dirigé la liquidation de l’Eglise grecque catholique

Un nouveau document met à jour les manœuvres du Kremlin

Moscou, 29 juillet 2009 (Apic) Ce n’est un secret pour personne: Staline a dirigé l’opération d’annexion de l’Eglise grecque catholique ukrainienne par l’Eglise orthodoxe russe en 1946. Mais un document qui vient d’être révélé, une lettre du premier secrétaire du parti communiste en Ukraine, Nikita Khrouchtchev, à Staline, apporte un éclairage nouveau sur cette opération.

Le document, daté du 17 décembre 1945 et tiré des archives secrètes du Kremlin, a pu être consulté par l’agence Apic à Vienne. Nikita Khrouchtchev y demande à Staline des instructions pour la suite des opérations en vue de l’annexion de l’Eglise grecque-catholique. Le document révèle également que «le comité d’initiative pour la réunion de l’Eglise grecque-catholique avec l’orthodoxie», soutenu par le parti communiste, a joué le rôle principal dans la liquidation de l’Eglise grecque-catholique en Ukraine. Ses initiateurs étaient les archiprêtres catholiques Gabriel Kostelnik, Michael Melnik et Anton Pelvetsky.

Au début 1945, une campagne médiatique intitulée «Revenez au plus vite dans les bras de votre véritable mère, l’Eglise orthodoxe russe» incitait les uniates à renoncer à leur Eglise. Le 11 avril, une étape de l’annexion était franchie avec l’arrestation simultanée de tous les évêques uniates d’Ukraine occidentale. Au début 1946, la radio moscovite annonçait que les évêques étaient condamnés à de lourdes peines de travaux forcés pour collaboration avec l’Allemagne.

Un «synode» sans évêque légitime

Les 8 et 9 mars à la cathédrale Saint-Georges de Lviv, un «Synode de l’Eglise grecque-catholique» réunissant 216 prêtres convoqués de force dénonçait l’Union de Brest-Litovsk qui, en 1596, avait donné naissance à l’Eglise gréco-catholique d’Ukraine. Il décidait par la même occasion de son attachement avec le patriarcat orthodoxe de Moscou. Aucun évêque légitime n’était présent à ce synode. Ils étaient tous internés depuis longtemps. Pelvetsky et Melnik, jusqu’alors prêtres grec-catholiques, furent immédiatement consacrés évêques.

Le drame de la «réunification» atteint un autre sommet le 9 décembre 1946. Les nouveaux évêques accueillent, avec les évêques orthodoxes Makari de Lviv et Nestor de Mukatchevo «l’abjuration de l’hérésie latine» par 204 prêtres. Le synode envoya même un message d’hommages à Staline et aux membres du gouvernement soviétique. Seulement 30% du clergé grec-catholique accepta de rejoindre l’orthodoxie. Environ 10% des prêtres fondèrent une Eglise clandestine et 10% partirent en exil.

C’est sous Gorbatchov, en 1989, que l’Eglise grecque-catholique d’Ukraine retrouve sa liberté de culte et sa reconnaissance. Elle compte aujourd’hui 15 évêques et près de 2’200 prêtres, 750 moines et 1’100 religieuses, 3’000 églises et 5 millions de fidèles. (apic/kp/bal/bb)

29 juillet 2009 | 16:22
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture: env. 2 min.
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