Le cardinal Aveline a souhaité «revenir avec des possibilités d’embarquer plus de monde dans cette dynamique synodale, pour ne pas rester sur un petit échantillon» | © Diocèse de Marseille
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Une semaine «décisive» s'ouvre pour le Synode, estime J.M. Aveline

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«On est devant une semaine assez décisive», a assuré le cardinal Jean-Marc Aveline, archevêque de Marseille, lors d’un briefing organisé au Saint-Siège le 23 octobre 2023, alors que vient de s’ouvrir la dernière semaine de la première session du Synode sur l’avenir de l’Église, grand chantier de réflexion qui rassemble 464 participants du monde entier à Rome tous le mois.

Le cardinal Aveline, seul cardinal de l’Hexagone présent parmi les membres choisis personnellement par le pape, a confié à la presse les quatre sentiments qui l’ont habité depuis le début des travaux le 4 octobre, à commencer par la joie et la curiosité. «Et je n’ai pas été déçu», a-t-il glissé. 

Le prélat de 64 ans s’est dit aussi traversé d’un sentiment de «gravité», faisant observer que si «déjà en arrivant le monde était en crise, pendant qu’on était là les crises se sont aggravées». Le 7 octobre, trois jours après l’ouverture du Synode, les participants apprenaient l’attaque du Hamas contre Israël, qui a transformé le conflit latent en guerre ouverte. «Les soucis du monde nous rappellent qu’on ne va pas discuter 20 ans sur des petites choses, il faut aussi que l’Église prenne sa responsabilité et serve l’amour que Dieu porte au monde», a-t-il lancé. 

«Les soucis du monde nous rappellent qu’on ne va pas discuter 20 ans sur des petites choses.»

Jean-Marc Aveline

Enfin, le cardinal Aveline a parlé de son sentiment «d’appréhension», lié au fait qu’en France, «on a beaucoup de marge de progression» quant à la participation à ce grand Synode ouvert au niveau des diocèses en 2021. Il a souhaité «revenir avec des possibilités d’embarquer plus de monde dans cette dynamique synodale, pour ne pas rester sur un petit échantillon». S’il a reconnu avoir apprécié la «liberté de parole» dans les échanges, il a cependant mis en garde au passage contre la tentation de la «lutte pour être sûr d’avoir le leadership». 

Envisageant la dernière semaine de ce Synode, l’archevêque de Marseille a estimé que «ce qu’on a maintenant à vivre est assez important». Il s’agit de «se mettre d’accord sur les points auxquels nous arrivons, sur les questions qui restent ouvertes, qu’il faut que nous travaillions, sur des divergences qu’il faut que nous explorions mieux». «Il y a beaucoup de travail», a ajouté le cardinal, voyant les 11 mois à venir, avant la prochaine session – deuxième phase du chantier – en octobre 2024 comme «un temps de germination». 

Le 25 octobre, sera publié un premier texte de cette assemblée, un «message au peuple de Dieu», qui doit accompagner le rapport de synthèse – document final. Ce message se veut raconter «au plus de personnes possibles l’expérience que les membres du Synode ont vécu», a expliqué Paolo Ruffini, préfet du dicastère pour la Communication. 

Le texte du Rapport de synthèse sera quant à lui approuvé par les membres ayant droit de vote – qui sont au total 365, dont près d’un quart de non-évêques, religieux, ou laïcs – samedi soir, 28 octobre. 

Catéchisme de l’Église catholique et communauté LGBT

Répondant à une question sur la possibilité de modifier le Catéchisme de l’Église catholique qui qualifie les actes homosexuels d’«intrinsèquement désordonnés», le cardinal autrichien Christoph Schönborn, archevêque de Vienne, a rappelé que seul le pontife pouvait décider d’un changement sur ce texte. 

Depuis sa promulgation en 1992, «il y a un seul changement qui est intervenu avec le pape François sur la peine de mort», a expliqué celui qui a été le secrétaire de rédaction du catéchisme. Le cardinal Schönborn a alors révélé que Jean-Paul II «voulait déjà qu’il y ait une condamnation explicite de la peine de mort», et que Mère Teresa de Calcutta en avait fait la demande «avec insistance». «Est-ce qu’il y aura d’autres changements dans le catéchisme? Je ne sais pas», a-t-il poursuivi. 

Quant au discours de l’Église sur l’homosexualité, le théologien a donné une clé de lecture utilisée par le pape François, en se référant à la question de «l’imputabilité». Cette question envisage que «quelque chose qui objectivement ne correspond pas au dessein de Dieu» peut avoir «subjectivement une imputabilité réduite ou même non-existante». «Le principe, c’est de tenir ces deux éléments, et ce sera toujours comme ça, il y a un ordre objectif et il y a les personnes humaines, qui ont toujours droit au respect, même si elles pèchent», a-t-il explicité en français. 

Citant Jean XXIII, le cardinal Schönborn a également redit «l’immutabilité de la doctrine», mais «l’approfondissement de la compréhension» de celle-ci. 

Enfin, évoquant les divisions entre les chrétiens, l’archevêque de Vienne a laissé entendre que «peut-être que Dieu permet cette honte du manque d’unité parce que nous ne sommes pas encore capables de faire bon usage de notre unité pour le bien de l’humanité». Il y a en effet «une unité de force, militaire, politique, économique», qui n’est pas celle de l’Évangile, a-t-il averti. (cath.ch/imedia/bh)

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Le cardinal Aveline a souhaité «revenir avec des possibilités d’embarquer plus de monde dans cette dynamique synodale, pour ne pas rester sur un petit échantillon» | © Diocèse de Marseille
24 octobre 2023 | 12:17
par I.MEDIA

Le Synode est appelé à bâtir «une Église qui a Dieu en son centre et qui, par conséquent, ne se divise pas à l’intérieur et n’est jamais dure à l’extérieur», a déclaré le pape François lors de la messe de lancement du Synode sur l’avenir de l’Église, sur la place Saint-Pierre, le 4 octobre 2023.

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