fails@church est un "nouveau format de discussions" proposé par l’Eglise catholique dans le canton de Zurich | © Anja Wurm
Suisse

Zurich: Témoigner de ses échecs en Eglise

Des personnalités zurichoises engagées en Eglise témoignent non de leurs réussites, mais de leurs propres échecs. La démarche, un brin anticonformiste, a déjà attiré une cinquantaine de curieux.

fails@church, traduisez échecs à l’Eglise, est un «nouveau format de discussions» proposé par l’Eglise catholique dans le canton de Zurich. La démarche s’inspire d’une réalité qui a fait ses preuves dans le monde des startups: les «Fuckup Nights». Entrepreneurs et patrons d’entreprise aguerris y partagent leurs déboires, comme autant d’étapes nécessaires vers le succès.

L’échec est souvent un lieu où quelque chose de nouveau peut germer.

A Zurich, trois personnalités bien en vue dans les milieux ecclésiaux se sont donc pliées à l’exercice: Josef Annen, le vicaire général catholique, Christoph Sigrist, le pasteur de la Grossmünster et René Winkler, ancien directeur international de Chrischona, un groupement d’Eglises évangéliques. Le 26 août dernier, tous trois ont partagé une expérience d’échec personnel devant une cinquantaine d’auditeurs au Kosmos, un un café culturel de la ville.

Echec au séminaire

Josef Annen a ainsi témoigné avec sincérité des difficultés qui furent les siennes à l’époque où il dirigeait le séminaire diocésain, à Coire. Convaincu de la valeur de ses orientations pastorales pour les candidats au sacerdoce, il s’est heurté au refus d’un supérieur, alors que toute l’équipe qui l’accompagnait soutenait ses vues. Quelques années plus tard, il reste persuadé de la justesse de ses idées et reconnaît une certaine tristesse lorsqu’il évoque ce souvenir.

Christoph Sigrist a quant à lui évoqué un épisode assez traumatisant en montagne: une randonnée qui a mal tourné au point de lui faire craindre pour sa vie. A ce moment, tout pasteur qu’il était, il s’est senti simple mortel, incapable de réagir plus calmement que les autres. Sa foi ne lui était d’aucun secours. Il avait simplement peur et ne comptait que sur le guide qui les accompagnait pour le sortir de cette situation.

René Winkler avait été engagé comme l’homme fort qui pourrait renforcer l’unité des Eglises évangéliques du réseau Chrischona. Mais il a toujours eu le sentiment que, sous sa houlette, les Eglises n’étaient pas unies, mais tiraillées par des intérêts personnels.

Une «culture de l’erreur»?

Aucun conseil, lors de cette première rencontre. Juste le partage d’une expérience commune à chaque être humain: l’échec. Avec une petite note d’espérance: toucher à ses limites ne doit pas être nécessairement l’occasion de reculer, de faire un pas en arrière. Mais ce peut être l’occasion d’un surcroît de réalisme pour saisir davantage ce que l’on peut faire – ou ne pas faire. L’échec étant souvent un lieu où quelque chose de nouveau peut germer.

A l’origine de l’événement, Simon Brechbühler est convaincu de l’utilité de ces rencontres dans les milieux chrétien. L’agent pastoral catholique zurichois plaide même pour «une culture de l’erreur» dans l’Eglise. La date du prochain fails@church est donc déjà fixée: le 27 janvier à Zurich. (cath.ch/com/pp)

fails@church est un «nouveau format de discussions» proposé par l’Eglise catholique dans le canton de Zurich | © Anja Wurm
1 septembre 2019 | 16:34
par Pierre Pistoletti
Temps de lecture: env. 2 min.
Zurich (130)
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