Père Philippe M. Schönenberger – Eglise Sainte-Claire, Genève
Chers amis,
Jeudi, je me suis rendu à Fribourg pour la grande procession de la Fête-Dieu. J’ai été très touché par des petites filles, des scouts, qui cheminaient juste entre nous, les prêtres concélébrants et notre évêque qui portait le Saint-Sacrement. Ces petites filles portaient de grandes corbeilles pleines de pétales de roses qu’elles lançaient tout au long du chemin pour que Jésus passe sur un tapis de fleurs du début à la fin de la procession.
C’était vraiment très beau et cela m’a rappelé une anecdote concernant sainte Jacinte, la voyante de Fátima. Au Portugal, comme à Fribourg et partout dans le monde où l’on organise des processions de la Fête-Dieu, on donne les mêmes instructions à différents groupes d’enfants : dès que vous voyez Jésus, faites-lui honneur, lancez-lui les pétales de rose que vous portez dans vos corbeilles.
C’est aussi ce que l’on avait dit à Jacinte de Fátima, âgée de 5 ans. Cependant, elle semblait attendre. Les pétales de roses restaient dans sa corbeille. Ses catéchistes lui faisaient constamment des signes : vas-y, lance tes fleurs. Rien n’y faisait. Jacinte restait impassible.
À la fin de la procession, voilà que l’on fait des reproches à Jacinte. Mais enfin, pourquoi n’as-tu pas lancé tes pétales de rose ? Nous t’avons fait signe à de nombreuses reprises. Alors, Jacinte a répondu : vous m’aviez dit qu’il fallait que je lance les pétales à Jésus, dès que je le verrais ; mais moi, je ne l’ai pas vu !
Ces paroles de la future sainte Jacinte de Fátima touche le centre même de notre foi : quand nous prions, nous voulons rencontrer Jésus ; et pendant la messe, et plus encore le jour de la Fête-Dieu, nous voulons voir Jésus.
Nous voyons effectivement Jésus dans l’Eucharistie
J’espère que vous n’êtes pas comme la future sainte Jacinte de Fátima et que vous avez tous compris, que vous croyez tous que nous rencontrons et que nous voyons effectivement Jésus dans l’Eucharistie. Certes, l’Eucharistie est à la fois une grande joie et une épreuve pour notre foi. Une grande joie, car rencontrer et voir Jésus sur cette terre, c’est déjà comme une anticipation du ciel. En même temps, cela reste une épreuve : les yeux de notre corps ne voient que du pain et du vin, pourtant nous croyons, nous sommes convaincus que ce n’est plus ni du pain, ni du vin, mais le Corps, le Sang, l’Âme, la Divinité de Jésus.
Notre foi vient des paroles de Jésus
D’où vient notre foi ? Tout simplement des paroles de Jésus. Nous savons que nous pouvons lui faire confiance. Il l’a dit, il continue à le dire à travers les paroles du prêtre : Ceci est mon Corps, Ceci est mon Sang. S’il le dit, c’est que c’est vrai. C’est vraiment son Corps, c’est vraiment son Sang.
Depuis les tout débuts de l’Église, forts de cette foi en la présence de Jésus dans l’Eucharistie, les chrétiens ont voulu prolonger leur temps d’action de grâce, si court pendant la messe après la communion, en passant de longs moments à l’église. Ici, à Sainte-Claire, des personnes de toute la ville de Genève et même de plus loin se relaient quasiment tous les jours pour adorer le Christ eucharistique dans la petite chapelle latérale sur votre droite. C’est impressionnant !
Jésus est l’unique nécessaire
Il me semble d’ailleurs que l’adoration eucharistique nous rappelle les deux aspects essentiels de notre relation avec Jésus.
Tout d’abord, il est l’unique nécessaire. Sans lui, nous ne pouvons rien faire. De manière très intéressante, le Christ a choisi le pain comme élément de base pour célébrer l’Eucharistie. Sans pain, pas de messe. Dans le texte de l’Évangile d’aujourd’hui, Jésus nourrit une foule immense en multipliant quelques morceaux de pain. Sans ce pain, toutes ces personnes auraient défailli sur le chemin. Le pain, dans le pays de Jésus à son époque comme aujourd’hui sous nos latitudes, est un peu l’aliment de base. Tout le monde, ou presque, mange du pain. À mon avis, il est probable que Jésus ait choisi le pain pour l’Eucharistie pour nous rappeler que nous avons besoin de lui. À la messe, pendant nos temps d’adoration, il nous donne la force nécessaire pour aller de l’avant !
Jésus est la raison de notre joie
Et le vin alors ? Ce n’est certainement pas une boisson dont nous avons besoin pour vivre. D’ailleurs, personnellement, je n’aime pas trop le vin et je me méfie de toutes les boissons alcoolisées. Je préfère de très loin le coca-cola. Évidemment, je célèbre quand même la messe avec du vin, suivant la volonté de Jésus. D’ailleurs, je crois deviner pourquoi le Christ a justement choisi le vin comme deuxième matière de base pour célébrer l’Eucharistie.
Le vin est la boisson de la fête. D’habitude, quand on organise une fête, on pose des bouteilles de vin sur la table. Jésus n’est pas seulement l’unique nécessaire. Il est aussi la cause, la raison de notre joie. Il nous donne son amour, il nous donne tout avec une immense générosité. Grâce au Christ, nous sommes dans l’allégresse, nous sommes en fête aujourd’hui, maintenant et toujours.
En ce jour de la Fête-Dieu, remercions le Christ : grâce à lui, nous avons force et courage pour aller de l’avant ; grâce à lui, nous sommes dans la joie. Jetons-lui donc les pétales de rose de nos prières, de notre respect et de notre amour comme signe de notre reconnaissance de sa présence parmi nous.
Fête du Saint-Sacrement du corps et du sang du Christ
Lectures bibliques : Genèse 14, 18-20 ; Psaume 109 ; 1 Corinthiens 11, 23-26 ; Luc 9, 11-17