Guy Musy

Théologie fondamentale

Effaré par le déchaînement de bêtises haineuses provoquées par l’affaire Huonder, (par exemple, celles relayées dans le courrier des lecteurs du quotidien «Le Temps» du 18 août 2015), j’ai envie de faire l’apologie d’un cours que j’ai subi il y a bien longtemps plutôt que suivi. On l’appelait dans ma Faculté «Théologie Fondamentale». Le contenu était excellent, mais la forme – scholastique et latine – laissait à désirer. Il y était précisément question de «révélation divine» et des critères servant à l’authentifier. Pour autant qu’il fût possible à la raison humaine d’opérer ce genre de discernement. Cette réflexion, me semble-t-il, est plus que jamais nécessaire en notre temps, alors que le fondamentalisme relève la tête et exerce la terreur.

Autrement dit, qu’est-ce que je dis quand je dis «Dieu»? Ou, plus gravement, au nom de quelle autorité et sous quels signes un humain peut-il déclarer: «Dieu m’a dit ceci ou cela» ou encore: «C’est Dieu qui parle dans mon livre»? Et de brandir ensuite des menaces d’éternelle damnation – ou pire encore! – contre ceux qui ne se rendraient pas immédiatement, pieds et mains liés, à ses propos. Indiscutables, puisque tombés du ciel ou écrits dans son livre.

Je plaide donc pour une critique rationnelle des allégations de ceux qui se réclament d’une religion. Et même des sources dont ils se disent inspirés. La tolérance ou la coexistence entre les religions ne suffit plus. Un jour, inévitablement, une bombe à retardement fait d’irréparables dégâts. Comme celle qui vient d’exploser ces jours derniers à Palmyre, en Syrie

Les chrétiens n’ont pas attendu notre siècle pour faire passer leurs Ecritures au crible de la critique littéraire et historique. Une approche qui ne les a pas rendus athées, mais leur a permis de mieux saisir le message essentiel que ces écrits véhiculaient. Origène, au troisième siècle déjà, distinguait trois sens dans les Ecritures: le sens littéral, le sens moral et le sens spirituel. Les fondamentalistes irréductibles – ceux qui s’en tiennent au sens littéral – n’ont pas tous déserté le camp chrétien. Une survivance qui étonne et qui mériterait d’être finement analysée. Et que dire alors de ceux qui sévissent dans le judaïsme et en islam?

Guy Musy | 24.08.2015

Mgr Huonder, évêque de Coire
24 août 2015 | 09:27
par Guy Musy
Temps de lecture: env. 2 min.
Huonder (11), Théologie (93)
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