Bernard Litzler

Le vrai «travail»

Depuis quelques semaines, les échos du Burundi sont alarmants. La réélection contestée du président Nkurunziza, en juillet, n’a pas modifié l’atmosphère générale, dramatique. Des familles fuient Bujumbura. Car les assassinats perpétrés dans les quartiers rebelles de la capitale épouvantent. Car les massacres de 1994 au Burundi et au Rwanda sont trop récents pour que soient négligées ou oubliées les blessures profondes infligées aux peuples concernés, d’une part, à la mémoire, de l’autre.

Les opposants ont-ils raison d’agiter le spectre d’une possible répétition? Même le président du Rwanda voisin, Paul Kagame met en avant le génocide de 1994. De fait, l’inquiétude grandit, à juste titre, dans la communauté internationale… Car le Burundi charrie, dans son histoire récente, des éruptions sanguinaires: en 1972, en 1988, en 1993-4, en 2003 et depuis.

Comment sortir de cette spirale violente? Le 9 novembre, Ban Ki-moon, le secrétaire général des Nations Unies, a appelé les forces de sécurité burundaises à manifester de la retenue lors de la campagne de désarmement actuellement en cours à Bujumbura. Pourtant l’impression qui domine est celle d’un accroissement de la violence.

Quand Révérien Ndikuriyo, le président du Sénat, appelle les chefs de quartier à «travailler» pour avoir des parcelles, on a froid dans le dos. Le «travail» consistait précisément, dans les années 1990, à tuer les opposants. «Travailler» ne veut-il dire que tuer et spolier les biens? Face à des atrocités à grande échelle et à la guerre civile qui menace, le vrai «travail» reste à faire: celui de la paix.

Des milliers de personnes ont fui le Burundi | © Keystone)
10 novembre 2015 | 15:19
par Bernard Litzler
Temps de lecture: env. 1 min.
Burundi (24)
Partagez!