Evangile de dimanche: Voici le livre de la Croix

Luc 23, 33-43

Quand les mots sont écrits à l’encre de son sang (Fr. Gilles), lesquels privilégier, dans ce long récit de la Passion, pour susciter l’écoute et réveiller le cœur? Peut-être en cette année de la Miséricorde, le dialogue entre Jésus et le malfaiteur, dit le bon larron  (23, 33-43).

La promesse de Jésus, «aujourd’hui, avec moi, tu seras dans le Paradis», semble offrir un salut à bon compte à celui qui reconnaît qu’il a ce qu’il mérite. Et si la générosité dérangeante de cette promesse était à hauteur de l’audace de la demande? Oser s’adresser à cet homme rejeté par son peuple et suspendu à la croix comme un bandit, en lui reconnaissant autorité sur un royaume! Ce malfaiteur discerne-t-il en Jésus un prince? un roi? Quel type de royauté? Sa prière serait-elle la plus belle profession de foi de l’Evangile? Jésus y affirme à plusieurs reprises «qu’il soit fait à la mesure de ta foi». Voici, dans cette ultime demande adressée à Jésus, un acte de foi démesuré. La réponse de Jésus est à la mesure de cette démesure.

C’est parce que Jésus est avec les malfaiteurs (v. 33), qu’il peut promettre avec une telle assurance: «Avec moi tu seras dans le paradis». La communion de présence qu’il offre dans le paradis est le fruit de sa proximité dans la déréliction. Car c’est par ses blessures que nous sommes guéris et c’est le châtiment qui pèse sur lui qui nous donne la paix (Isaïe 53, 5). C’est au prix de sa vie qu’il nous ouvre, ainsi qu’au malfaiteur, le royaume de son Père.

Lui qui est passé parmi nous – en bienfaiteur – en faisant le bien (Actes 10, 38) est mis au rang des malfaiteurs. Il s’est voulu proche et solidaire jusque là. Juste compté parmi les pécheurs, il intercède pour eux: «Père, pardonne-leur : ils ne savent pas ce qu’ils font», accomplissant ainsi les paroles du prophète Isaïe: «Le juste, mon serviteur, justifiera les multitudes, il se chargera de leurs fautes, car il s’est dépouillé lui-même jusqu’à la mort, et il a été compté avec les pécheurs, alors qu’il portait le péché des multitudes et qu’il intercédait pour les pécheurs» (Isaïe 53).

Miséricordieux comme le Père est miséricordieux, ces mots qui reprennent ceux de Jésus (Luc 6, 36), avant d’être un appel qui nous est lancé en cette année de la Miséricorde, révèlent son identité de Fils. Il est le premier à être miséricordieux comme le Père. Sa mort sur la croix est le sommet inégalable de la révélation de la miséricorde du Père.

Jeanne-Marie d’Ambly | 18.03.2016

Luc 23, 33-43

33 Lorsqu’ils furent arrivés à l’endroit appelé «le Crâne», ils le crucifièrent là ainsi que les deux malfaiteurs, l’un à droite, l’autre à gauche.
34 [Jésus dit: «Père, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font.»] Ils se partagèrent ses vêtements en tirant au sort.
35 Le peuple se tenait là et regardait. Les magistrats eux-mêmes se moquaient de Jésus [avec eux] en disant: «Il en a sauvé d’autres; qu’il se sauve lui-même, s’il est le Messie choisi par Dieu!»
36 Les soldats aussi se moquaient de lui; ils s’approchaient pour lui présenter du vinaigre
37 en disant: «Si tu es le roi des Juifs, sauve-toi toi-même!» 38 Il y avait au-dessus de lui cette inscription [écrite en grec, en latin et en hébreu]: «Celui-ci est le roi des Juifs.»
39 L’un des malfaiteurs crucifiés avec lui l’insultait en disant: «Si tu es le Messie, sauve-toi toi-même, et nous avec toi!»
40 Mais l’autre le reprenait et disait: «N’as-tu aucune crainte de Dieu, toi qui subis la même condamnation?
41 Pour nous, ce n’est que justice, puisque nous recevons ce qu’ont mérité nos actes, mais celui-ci n’a rien fait de mal.»
42 Et il dit à Jésus: «[Seigneur,] souviens-toi de moi quand tu viendras régner.»
43 Jésus lui répondit: «Je te le dis en vérité, aujourd’hui tu seras avec moi dans le paradis.»