Jeanne-Marie Ambly

Evangile de dimanche: Qui est mon prochain?

Luc 10, 25-37

Dans la parabole du Bon Samaritain proposée à notre écoute ce dimanche, une fois de plus Jésus semble ne pas répondre vraiment aux demandes qui lui sont adressées. Ses réponses, décalées par rapport à la question posée, obligent son interlocuteur à changer de point de vue – comme on se déplace devant un tableau pour le voir sous un autre angle.

«Que dois-je faire pour avoir en héritage la vie éternelle?» Dans la question du docteur de la Loi, on peut entendre que la vie éternelle serait la récompense d’un ›faire’ juste. La réponse de Jésus propose une approche différente. Il n’y est pas question de vie reçue en héritage mais simplement de ›vivre’. Un ›vivre’ lié à la pratique de la Loi non dans une perspective de récompense mais dans une logique vitale: «Fais ainsi et tu vivras». Aimer Dieu de tout son cœur et son prochain comme soi-même, c’est cela vivre vraiment. On pense au choix existentiel proposé par le Deutéronome: choisis la vie, afin de vivre (Dt 30, 19). C’est l’invitation que Jésus lance en réponse à la question de son interlocuteur.

Celui-ci relance le débat: «Et qui est mon prochain?». On attendrait de la part de Jésus une définition ou une liste de caractéristiques permettant de repérer le prochain qui est à aimer comme soi-même. Au lieu de répondre, Jésus raconte l’histoire de cet homme roué de coups par des brigands et secouru par un Samaritain en voyage. A la fin de la parabole, une conclusion s’impose presque: mon prochain est tout homme en détresse croisé sur mon chemin.

Mais Jésus emmène ailleurs son auditeur et les lecteurs que nous sommes. Il retourne la question: »Lequel des trois, à ton avis, a été le prochain de l’homme tombé aux mains des bandits?» Serait-ce une invitation à entendre que l’autre, dont la peine ou la pauvreté m’interpellent, n’est mon prochain que si je deviens le sien? La relation ne peut être que réciproque. Si je suis proche de lui – c’est bien ce qui se dit dans le mot ›prochain’ – il l’est de moi. Est mon prochain celui dont je m’approche – ce que fait le Samaritain contrairement au prêtre et au lévite qui passent de l’autre côté – et par qui je me laisse approcher. On n’aime pas son prochain de loin, d’une généreuse mais distante charité. Aimer son prochain comme soi-même c’est entrer dans la réciprocité d’une relation.  S’approcher et se laisser approcher. Toucher et se laisser toucher. Physiquement et intérieurement. Si le Samaritain s’approche, c’est qu’il s’est laissé toucher intérieurement, saisir de compassion.

«Va, et toi aussi, fais de même.»

Jeanne-Marie d’Ambly | 08.07.2016


Luc 10, 25-37

25 Et voici qu’un docteur de la Loi se leva et mit Jésus à l’épreuve en disant : « Maître, que dois-je faire pour avoir en héritage la vie éternelle ? »

26 Jésus lui demanda : « Dans la Loi, qu’y a-t-il d’écrit ? Et comment lis-tu ? »

27 L’autre répondit : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta force et de toute ton intelligence, et ton prochain comme toi-même. »

28 Jésus lui dit : « Tu as répondu correctement. Fais ainsi et tu vivras. »

29 Mais lui, voulant se justifier, dit à Jésus : « Et qui est mon prochain ? »

30 Jésus reprit la parole : « Un homme descendait de Jérusalem à Jéricho, et il tomba sur des bandits ; ceux-ci, après l’avoir dépouillé et roué de coups, s’en allèrent, le laissant à moitié mort.

31 Par hasard, un prêtre descendait par ce chemin ; il le vit et passa de l’autre côté.

32 De même un lévite arriva à cet endroit ; il le vit et passa de l’autre côté.

33 Mais un Samaritain, qui était en route, arriva près de lui ; il le vit et fut saisi de compassion.

34 Il s’approcha, et pansa ses blessures en y versant de l’huile et du vin ; puis il le chargea sur sa propre monture, le conduisit dans une auberge et prit soin de lui.

35 Le lendemain, il sortit deux pièces d’argent, et les donna à l’aubergiste, en lui disant : «Prends soin de lui ; tout ce que tu auras dépensé en plus, je te le rendrai quand je repasserai.»

36 Lequel des trois, à ton avis, a été le prochain de l’homme tombé aux mains des bandits ? »

37 Le docteur de la Loi répondit : « Celui qui a fait preuve de pitié envers lui. » Jésus lui dit : « Va, et toi aussi, fais de même. »

«Que dois-je faire pour avoir en héritage la vie éternelle?» .
8 juillet 2016 | 17:30
par Jeanne-Marie Ambly
Temps de lecture: env. 3 min.
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