Bernard Litzler

L’été meurtrier

La saison des vacances coïncide souvent avec la vacuité de l’information. Que de «petits sujets» dans nos journaux, que de rediffusions sur nos radios et télévisions. Hélas la terreur sanglante s’est invitée plus que de coutume à la table de l’info estivale: plus de 80 morts à Nice, cinq blessés graves dans un train en Bavière. Avec un même point commun: les revendications de l’Etat islamique.

N’importe quel individu désireux d’attirer l’attention peut se rallier à la cause de Daech. C’est facile et l’effet est garanti. Car le bruit généré par ces crimes à ciel ouvert sapent nos valeurs, génèrent une envie de revanche, rendent suspect tout migrant cherchant refuge chez nous.

Reconnaissons-le: l’épreuve touche nos démocraties. Comment propager tolérance, accueil de l’autre et respect quand des enfants sont fauchés par un camion fou? Comment camper sur des principes qui demandent du temps quand des mesures urgentes s’imposent contre la folie meurtrière de quelques fanatisés? Personne n’a la réponse à ces questions.

Comment propager tolérance, et respect quand des enfants sont fauchés par un camion fou?

Mais une chose reste sûre: nous n’en aurons pas fini rapidement avec ces élans de mort et cette idéologie qui se prétend islamique. Nous devons y résister. Avec les moyens de police et de renseignement. Mais aussi contre nos envies de vengeance immédiate. Contre cet instinct proche de la loi du talion.

Nos démocraties peuvent offrir des solutions aux blessés de la vie. Elles le prouvent tous les jours dans l’accueil, les soins dans les hôpitaux et les maisons de retraites, dans l’intégration, les cours de langues, les loisirs offerts durant l’été. Un jeune socialisé à moins de risques de devenir un exécutant des basses œuvres de Daech s’il est reconnu, accueilli, encouragé.

L’Europe a su éliminer les Brigades rouges en Italie, la Bande à Baader en Allemagne, Action directe en France. Tous ces groupuscules maniant l’idéologie, les enlèvements et les bombes se sont éteints. L’Etat islamique agit, lui, comme une franchise commerciale sans droit d’adhésion. Il rassemble aisément ceux qui cherchent une publicité à leur mal être.

L’amour est la réponse au crime. Mais le Christ torturé et cloué sur le gibet du Golgotha continue de hurler, avec nous et pour nous: «Mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné?»…

 

Bernard Litzler | 20.07.16

 

 

Nice, Promenade des Anglais, fleurs en hommage aux victimes de l'attentat du 14 juillet 2016 (photo Flickr Susan Smith)
20 juillet 2016 | 13:49
par Bernard Litzler
Temps de lecture: env. 2 min.
Attentat (68), Nice (30)
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