Guy Musy

Evangile de dimanche: le temps de l’entre-deux

Une fois n’est pas coutume. Lisons le passage des Actes des Apôtres prévu pour ce dimanche. En conformité avec cet entre-deux qui sépare l’Ascension de la Pentecôte. Le temps de vivre une absence qui n’est pas encore comblée par la présence de l’Esprit, le Père des orphelins, comme le désigne ce Jésus qui a disparut de nos yeux.

Le texte des Actes nous parle de ces disciples affolés et désorientés par ce départ, reprenant naturellement le chemin du cénacle, un lieu clos qui devait leur servir de refuge. Comme on aime se retrouver « à la maison », en rentrant du cimetière, dans une chaude atmosphère qui donne l’illusion d’être encore vivants. Notons – et c’est vraiment surprenant – que se pressent au cénacle les membres des deux familles de Jésus. Celle des Douze, réduite à Onze du fait de la trahison de l’un d›entre eux, et la proche parenté de Jésus, ses frères de sang. Un assemblage assez disparate quand on sait la méfiance et même l’hostilité de ces derniers à l’endroit du fils de Joseph qui, selon eux, déshonorait leur famille. Mais Luc les réunit en la circonstance. Comme s’il voulait conjurer les dissensions et divisions à venir entre juifs devenus chrétiens et païens convertis au même évangile. Le rédacteur des Actes fera de longues allusions à ce douloureux conflit.

Entre les deux groupes, héritiers à titre divers de Jésus de Nazareth, Luc  place celle qu’il appelle «Marie, la mère de Jésus«. Elle est la charnière entre les deux familles, la charnelle et la spirituelle. Sur la croix, selon l’évangile johannique, son fils Jésus l’a donnée pour mère à tous ses frères et sœur, quelles que soient leur origine et leur histoire de vie. Marie, mère universelle, est là au milieu de tous, les concilie et les enveloppe tous de son manteau, comme aime à le montrer l’iconographie médiévale. Elle n’est donc pas obstacle à l’unité des croyants; elle la protège et la fortifie.

Pour parfaire son tableau, Luc ajoute d’autres «femmes» au côté de Marie. Il  nous l’a déjà dit dans son évangile, et même en citant leurs noms, des femmes sont associées de très près aux disciples masculins. Elles aussi sont au service de l’évangile. Dans les Actes, elles participeront à l›expansion de l’Eglise, comme cette Lydie, marchande de pourpre qui tient boutique à Philippe de Macédoine. Sa maison abritera la première communauté chrétienne à avoir vu le jour sur le sol européen.

Bref, une belle image d’Eglise que cette communauté diversifiée, réunie dans une «chambre haute», quelque part dans cette ville de Jérusalem qui a vu crucifié un être aimé. Que «faisaient-ils» ensemble, si ce n’est exorciser leur peur et étouffer leur chagrin? Luc précise qu’ils priaient sans relâche et que leur prière exprimait l’unité de leurs cœurs.

Il fut un temps où les chrétiens toujours désunis avaient choisi ces dix jours qui séparent l’Ascension de la Pentecôte pour prier pour leur unité. Ce texte des Actes était fort bienvenu pour les y encourager. Pourquoi cette prière – œcuménique – ne retrouverait-elle pas en ces jours sa  priorité?

Guy Musy | 26 mai 2017


Actes 1, 12 – 14

Les Apôtres, après avoir vu Jésus s’en aller vers le ciel,
retournèrent à Jérusalem
depuis le lieu-dit « mont des Oliviers » qui en est proche,
– la distance de marche ne dépasse pas
ce qui est permis le jour du sabbat.
À leur arrivée, ils montèrent dans la chambre haute
où ils se tenaient habituellement ;
c’était Pierre, Jean, Jacques et André,
Philippe et Thomas, Barthélemy et Matthieu,
Jacques fils d’Alphée, Simon le Zélote, et Jude fils de Jacques.
Tous, d’un même cœur, étaient assidus à la prière,
avec des femmes, avec Marie la mère de Jésus,
et avec ses frères.

Les Apôtres, après avoir vu Jésus s’en aller vers le ciel, retournèrent à Jérusalem.
26 mai 2017 | 21:04
par Guy Musy
Temps de lecture: env. 3 min.
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