Suisse: CIAO un site dynamique au service des jeunes
Apic Reportage
Enthousiasme et sérieux dans des contacts riches
Jacques Schouwey, agence Apic
Fribourg, 19 avril 2007 (Apic) Depuis 10 ans, le site internet CIAO répond aux jeunes Romands dans différents domaines: sexualité, drogues, santé, relations, formation, violences, religion et existence, racismes. Le site «J’y crois moi non plus» est spécifiquement consacré aux questions d’ordre religieux et existentiel.
Lors de l’entretien qu’elles ont accordé à l’Apic, Béatrice Salla, responsable des relations avec les médias, et Emilie Stauffer, psychologue, stagiaire à CIAO, expriment leur enthousiasme à travailler pour une telle association. Elles décrivent les structures et le fonctionnement du site, en dégageant ce qui en fait la particularité par rapport à une relation traditionnelle.
Les deux personnes travaillant sur le site à Lausanne insistent sur le fait que, par le biais de l’ordinateur, on atteint les jeunes là où ils sont. Le contact que l’on a avec eux est privilégié, car la barrière de l’écran informatique leur permet, selon la psychologue, de s’ouvrir et de parler plus librement, ce qu’ils ne feraient certainement pas dans un face à face.
«L’important, c’est que les jeunes viennent individuellement avec leurs questions et se sentent en confiance. Ils ont souvent besoin de clés d’interprétation pour leur existence et veulent apprendre à décoder les relations.» Très souvent, affirme Emilie Stauffer, il y a des retours, des jeunes qui reviennent sur le site pour compléter leur demande ou pour exprimer leur reconnaissance aux répondants. Comme psychologue, elle perçoit ces «remerciements comme de vrais signes de confiance.»
Les «clients» de CIAO
Pour les deux collaboratrices qui sont au coeur même de l’association et qui voient défiler toutes les questions et réponses, il est évident que les jeunes qui ont recours à CIAO attendent des échanges sérieux et un contact avec des adultes qui ne proviennent pas de leur environnement immédiat. Ils se sentent pris au sérieux et perçoivent qu’ils sont respectés, même s’ils manifestent parfois une certaine maladresse ou honte à formuler leurs demandes.
Par le fait que les répondants sont des professionnels qui ne jugent pas, qui n’apportent pas des remèdes tout faits, mais qui les écoutent et essaient de les comprendre, les intervenants sur le site se sentent plus à l’aise pour aborder des thèmes qui leur tiennent particulièrement à coeur. C’est le cas des problèmes relationnels, que ce soit avec les copains, en famille, ou en société. Les questions de dépendance à l’égard des parents (malades par exemple) ou de malaise des parents à l’égard de produits (alcool, drogues, jeu) sont récurrentes. Il s’agit alors de faire comprendre aux jeunes qu’ils ne sont pas les seuls à passer par ces difficultés et qu’ils doivent apprendre à gérer au mieux leur propre vie.
Un autre thème qui revient souvent est celui de la violence: entre jeunes, avec les parents, automutilation, tendance suicidaire. Très embarrassés, ils ont besoin de quelque lumière, et parfois d’être guidés vers un spécialiste. S’ils consultent pour eux-mêmes, les jeunes interviennent aussi pour les autres dont ils sont fort solidaires. Mais, étonnamment, selon nos interlocutrices, les questions qui font la une des journaux (viols collectifs, par exemple) ne sont pas celles des jeunes qui utilisent CIAO. Cela révèle, à leur avis, une image positive de la jeunesse actuelle.
Béatrice Salla reconnaît toutefois qu’il arrive que les problématiques soulevées par les jeunes sont lourdes à porter et exigent de prendre du recul. Celles-ci peuvent même mettre en échec les répondants. C’est le cas, en particulier avec des jeunes qui ne vont pas bien et qui refusent de consulter un spécialiste. Pour elle, cela vient du fait qu’ils ont de la peine à appeler au secours. «Certains veulent simplement être entendus, mais refusent d’être aidés.» Dans ces cas, CIAO reste à leur service, mais doit accepter ses limites, dit-elle.
CIAO: «J’y crois moi non plus»
Le site réservé aux questions religieuses est pris en charge par des personnes formées en théologie catholique ou réformée, en philosophie ou en sciences humaines, qui mettent à la portée des jeunes les contenus des diverses optiques religieuses ou existentielles. Les questions touchent soit des points de vue très personnels qui dérangent les jeunes, soit des points de vue plus généraux sur les différences entre les religions ou sur certains concepts-clés des traditions religieuses.
Quelques exemples bien typés de questions: «Religion et sexualité», «Eglise et homosexualité», «Relations sexuelles hors mariage», «Mon amour et ma religion s’accordent difficilement, que faire?», «Différences de convictions religieuses entre amoureux», «Que veut dire: l’homme à l’image de Dieu?», «Quelle Bible choisir?», «ça marche comment le paradis?», «Les religions aveuglent-elles?» «Jeunes chrétiens dans le monde», «Peut-on communiquer avec les esprits?» «Le bien, le mal, comment y voir clair?» etc.
Fonctionnement de l’association
Trois personnes et une stagiaire travaillent au coeur même de l’association romande à Lausanne, à des taux allant de 50% à 80%. Sonia Rhis, directrice du site, assume la supervision et suit l’évolution des différents thèmes, tout en gérant le stage d’Emilie Stauffer. Béatrice Salla se charge de la mise à jour des contenus du site; elle suit le travail des répondants et assume la responsabilité du développement des projets et thèmes sur le site. Elle consacre aussi son temps aux relations avec les médias.
Emilie Stauffer a pour tâche de relire les questions et réponses et de voir si les réponses sont adéquates ou si elles exigent un nouveau traitement. Elle répond aussi aux questions sur le thème relations et guide les jeunes vers des questions qui ont déjà obtenu une réponse, en vue de compléter leur information. Le centre de Lausanne diffuse les questions selon les thèmes aux aiguilleurs qui, eux, les dirigent vers les répondants.
Quelques chiffres
Financièrement, CIAO est soutenu par tous les cantons romands (départements de la santé publique et dîme de l’alcool), par des fonds de l’Office fédéral de la santé publique, par le Fond de prévention du tabagisme et la Régie fédérale des alcools. Pour certains projets, des recherches ponctuelles de financement sont engagées, comme par exemple pour un projet santé relatif au poids et à l’alimentation. La Loterie romande participe au financement du matériel de promotion. La Fondation OAK (Association philanthropique dont le siège est à Genève, et qui est active dans les domaines des droits de l’homme et de la préservation de la nature) a réglé tous les frais de répondance durant 5 ans. Le budget annuel de CIAO est d’environ 1 million de francs.
En 2006, les thèmes les plus abordés sont la sexualité (40%), les relations (26%), la santé (18%), et les autres sites entre 5 et 6%. Chaque mois, ce sont environ 700 questions qui parviennent à CIAO, ce qui fait une moyenne de 25 par jour. 6 millions de pages du site ont été lues cette même année. Le nombre des questions-réponses téléchargées varie, selon les thèmes, de 100 à 360 fois. Dans le thème «J’y crois moi non plus», il y a eu 260 téléchargements.
Pour marquer le dixième anniversaire de l’ouverture du site, CIAO participera à Paléo à Nyon et se fera connaître lors de cette grande manifestation culturelle, le 29 juillet. JS
Encadré
Objectifs de CIAO
Par le biais de la messagerie informatique, les jeunes peuvent poser toutes les questions qui leur tiennent à coeur et que parfois ils n’osent pas poser dans un face à face. Chaque réponse est donnée dans l’anonymat et dans un délai de trois jours dès réception de la question. Les répondants, tous des professionnels des domaines concernés, s’engagent à répondre avec franchise et simplicité aux jeunes. Une «foire aux questions» est en train de se mettre en place sur le site pour permettre aux jeunes qui le désirent d’avoir déjà une première approche de la thématique qu’ils aimeraient aborder.
Interactif, le site n’a d’autre but que d’informer, orienter et soutenir les jeunes dans leurs préoccupations. Les répondants se doivent de prendre position, sans avoir le droit de promouvoir une idéologie ou des convictions personnelles. Atteindre les jeunes par le biais qui leur est le plus connu, l’informatique, revient à aller là où ils sont et à ne pas attendre qu’ils viennent où ils ne veulent pas aller. JS
Encadré
Principe de la répondance sur CIAO
CIAO garantit l’anonymat de tous les intervenants, des jeunes qui posent des questions aussi bien que des professionnels qui y répondent.
Chaque réponse est personnelle et différenciée. La réponse a pour but l’appropriation par le jeune de l’information dont il a besoin, dans son propre contexte.
La réponse informe, oriente et soutient le jeune dans sa démarche. CIAO ne fournit pas une solution mais des pistes pour aider le jeune à avancer. Si nécessaire, on donne dans la réponse des adresses-ressources afin que le jeune poursuive ses démarches en relation avec un professionnel sur le terrain.
CIAO offre une aide ponctuelle qui ne vise pas une démarche thérapeutique ou un enseignement doctrinal.
La forme des réponses sera simple et soignée. Le langage doit aussi être adapté non seulement au jeune auquel on répond, mais également à la majorité de ceux qui vont lire la question-réponse.
La réponse ne doit pas aller beaucoup plus loin que la question :
En utilisant un langage et des messages facilement compréhensibles, CIAO véhicule une parole d’adulte s’inscrivant dans le contexte global de notre société.
Les répondants s’abstiennent de porter des jugements de valeur négatifs envers les usagers, ce qui ne signifie pas qu’ils restent neutres devant certaines situations.
Les répondants n’utilisent pas le site pour promouvoir une idéologie ou des convictions personnelles.
Charte éthique de CIAO
CIAO est une association romande sans but lucratif, neutre du point de vue politique et confessionnel. CIAO promeut la santé selon la définition de l’Organisation mondiale de la santé: bien-être physique, mental et social de l’individu.
Les informations présentes sur le site, ainsi que les réponses aux questions, sont rédigées par des professionnels des rubriques concernées. Les rubriques visent à encourager des conduites responsables, respectueuses de la liberté et des valeurs d’autrui, en accord avec les lois en vigueur en Suisse. Les répondants n’utilisent pas le site pour promouvoir une idéologie ou des convictions personnelles. Informations sur le site www.associationciao.ch (apic/js)
Italie: Jean Paul II passe ses vacances d’été dans le Val d’Aoste pour la huitième fois
APIC – Reportage
Les villageois d’Introd attendent le pape
Par Walter Müller, agence APIC
Introd, 16 juin 2000 (APIC) Chaque année, en juillet, le pape Jean Paul II quitte l’agitation du Vatican et sa canicule pour le silence et la fraîcheur d’une vallée alpine italienne. En 1988, il a jeté son dévolu sur la petite localité d’Introd et ses 600 âmes, dans le Val d’Aoste francophone. Nature sauvage, simplicité des villageois, nous avons voulu savoir ce qui attirait le chef de l’Eglise catholique dans le hameau haut perché où il se rendra pour la huitième fois du 10 au 22 juillet.
Contraste des paysages! Sur les hauteurs du Grand Saint-Bernard qui culmine à 2’473 mètres, l’Hospice des chanoines de Saint-Augustin offre gîte et protection au randonneur. La route encore bordée de neige part vers le sud. Les villages égrènent des noms à consonance française. En une demi-heure, nous arrivons à la ville d’Aoste, à 580 mètres d’altitude, engoncée dans la montagne et écrasée de chaleur. Avec ses 30’000 habitants et son agitation fébrile, elle a des airs de petite métropole industrielle, engorgée par le trafic vers les tunnels du Mont-Blanc et du Grand Saint-Bernard.
Le charme de la vieille ville et les superbes édifices romains ont cependant de quoi faire descendre de voiture. Nous passons sous le monumental arc de triomphe de l’empereur Auguste, qui rappelle depuis 2000 ans la victoire des légions romaines sur les peuples celtiques venus d’Helvétie. Et par la Porta Praetoria de la cité, de la même époque, elle aussi parfaitement conservée. Comme les autres vestiges romains et médiévaux.
Affinités lointaines
Peut-être n’est-ce pas tout à fait le hasard si l’actuel chef de la papauté, – la seule institution de la Rome ancienne à avoir survécu jusqu’à nos jours – choisit de passer ses rares jours de congé estivaux dans le Val d’Aoste, la plus petite région autonome d’Italie avec ses 3’262 km2 et ses 118’000 habitants.
Au matin du lundi 10 juillet, Jean Paul II sera accueilli sur l’aérodrome valdotain par Mgr Giuseppe Anfossi, évêque d’Aoste, et par les autorités régionales. On montera en voiture puis, après une dizaine de kilomètres direction ouest, la colonne des véhicules obliquera vers le sud pour s’engouffrer dans la montagne.
880 mètres d’altitude. Le convoi arrivera à Introd pour dépasser l’église paroissiale, le château et l’administration communale avant de poursuivre son ascension, où la végétation se raréfie et se fait plus alpestre. Ce n’est qu’au hameau de Combes que l’on mettra pied à terre, sur la place de parc de la maison de vacances des élèves de Don Bosco, à 1’350 mètres d’altitude. Jean Paul II peut se retirera alors dans la maison construite pour lui ces derniers mois. Son état de santé et son âge ne l’autorisent en effet plus à séjourner dans la maison de vacances, louée à des privés, où il avait jusqu’ici l’habitude de prendre ses quartiers.
Nouvel espoir
Les vacances du pape sont une bénédiction pour Introd, explique Osvaldo Naudin, à la tête des destinées de la petite commune depuis 20 ans. «La présence régulière du pape chez nous a changé notre façon de voir l’existence et nous a redonné du courage». Les habitants sont fiers que le pape choisisse, année après année, le cadre de leur vie quotidienne pour s’y reposer. La commune ne compte ni hôtels, ni pensions. Seulement quelque maisons de vacances louées aux touristes et le camp de jeunesse des Salésiens. «En hiver, la commune utilise la nouvelle maison du pape comme centre de ski de fond, précise Osvaldo Naudin, âgé de 54 ans. Il n’y a pas de chômage à Introd. Les habitants vivent de l’agriculture, de l’artisanat du bois ou travaillent à Aoste».
Ce qui attire le pape en ce lieu, poursuit le notable, c’est son calme et le grand réseau de promenades et de randonnées des alentours». Le territoire de la commune jouxte le parc national du Gran Pran Paradiso. Le maire ne nous cache pas qu’Introd a traversé naguère des temps difficiles. Ces années noires ont laissé des traces dans le hameau des Combes. Comptant encore 130 personnes en 1918, il a été frappé par un exode massif à cause de la misère et du manque de perspective économique. L’école a été fermée en 1968 et, depuis, les paysans ne montent qu’en été pour les foins et le bétail.
Après la misère, un nouvel élan
Une courte ballade pour admirer le style des constructions de la région, avec leurs toits de pierre. Si certaines bâtisses tombent en ruines ou sont à l’abandon depuis des décennies, plus d’une demeure a été restaurée avec amour, dans le respect de l’architecture traditionnelle, pour offrir aujourd’hui tout le confort moderne. Osvaldo Naudin n’est pas peu fier d’annoncer que dès l’an prochain, des familles viendront habiter Combes à l’année.
D’autres signes manifestent discrètement la renaissance du hameau: la chapelle de Saint-Laurent rénovée en 1993 et le «musée Jean Paul II», ouvert en 1996 et retraçant les séjours du pape. «Il n’y a pas de magasins de souvenirs; nous ne sommes pas à Naples», sourit Osvaldo Naudin. Ce qui tempère l’optimisme du président de commune, c’est la fermeture du tunnel du Mont-Blanc qui a entraîné un recul de 30% du tourisme. Les entreprises ne peuvent plus répondre aux appels d’offres de Chamonix et enregistrent une perte sèche qui ne pourra pas être compensée avant la réouverture du tunnel. Les pendulaires qui travaillaient sur la France sont également prétérités.
Contacts amicaux avec les villageois
Pio, vieillard souriant qui détient les clés de la chapelle de Combes, assure dans son dialecte, rappelant fort les patois suisses romands, que les choses ont bien changé depuis que le pape vient à Introd. Toute la population se réjouit de sa venue. Lors de ses promenades ou de ses excursions, Jean Paul II croise les villageois, ce qui donne lieu à des échanges sympathiques. Pio raconte que le pape lui a même serré la main en venant à la chapelle de Combes. Une autre fois, Jean Paul II l’avait rencontré qui faisait les foins avec d’autres paysans. Le pape avait voulu traverser les prés fraîchement fanés pour aller les saluer. Mais sa suite l’en avait aussitôt empêché.
Les villageois nouent également des contacts amicaux avec la délégation vaticane forte de 200 personnes, principalement des agents de sécurité italiens et du Vatican, qui accompagnent le pape dans ses vacances et logent à la colonie des salésiens. «On a appris à se connaître au fil des années et on s’apprécie». Pio ajoute qu’il arrive que les membres de l’escorte du pape passant devant la chapelle s’arrêtent pour déguster avec lui une grappa fait maison. Parmi eux, le secrétaire personnel de Jean Paul II. Comme gardien de la chapelle où le pape vient régulièrement se recueillir et méditer, Pio se sent un peu comme le sacristain de Jean Paul II, durant deux semaines de juillet.
Les inconnus n’ont pas la possibilité d’approcher le pape. La route menant à Combes, totalement refaite voilà trois ans, est bouclée pendant son séjour, mais le musée demeure accessible.
Sanglier et aigles royaux
La région de Combes est parcourue de sentiers, bordée de prairies, de fleurs rares et d’herbes aromatiques. Une faune sauvage, riche et diverse, prospère dans cet environnement préservé. Il n’est pas rare que des sangliers s’approchent de la résidence papale ou que des aigles royaux la survolent. La vue est imprenable sur le massif du Mont-Rose à l’Est et sur le Mont-Blanc à l’Ouest. C’est dans ce cadre idyllique, sur la place de sport de la colonie salésienne, que Jean Paul II va célébrer l’Angélus le 16 juin entouré des habitants d’Introd. Cette cérémonie est toujours très bien revêtue.
Le 22 juillet, avec le départ du pape, le hameau va reprendre son visage habituel et le quotidien va reprendre ses droits. Chacun se réjouissant déjà que le pape revienne à Introd, pour ses prochaines vacances. (apic/wm/traduction: Marie-José Portmann)