Bernard Litzler

Deux ans de plus !

Décidément, le diocèse de Coire reste un théâtre permanent. L’annonce surprise, au matin du 4 mai, du maintien de Mgr Vitus Huonder jusqu’au printemps 2019 à la tête de l’évêché de Suisse orientale a surpris. «C’est la décision du pape François», a laissé entendre dans la Luzerner Zeitung celui qui joue les prolongations.

Même le nonce apostolique à Berne, Mgr Thomas Gullickson, a semblé surpris. Et la Conférence des évêques, par la voix de son président Mgr Morerod, a battu le record du communiqué de presse le plus laconique de son histoire. «Nous avons appris cette décision et nous la respectons bien sûr», écrit, sans aucune autre appréciation, le prélat fribourgeois. Onze mots pour un texte sibyllin dont l’interprétation est laissée au lecteur.

Ceux qui comptaient voir enfin Mgr Huonder tourner les talons à 75 ans ont immédiatement réagi. D’aucuns parlent de choc, d’autres de déception. Certains évoquent le manque d’informations du pape à propos des agitations continues du diocèse. Ceux qui attendaient désespérément un changement vont devoir faire preuve de patience.

Cette période risque d’assombrir un ciel déjà lourd.

Néanmoins, dans le vaste diocèse à six cantons suisses, tous ne sont pas de cet avis. Certains se réjouissent de cet ajout de deux ans. Car l’évêque n’est pas seul. Sa vision d’une l’Eglise solide dans sa foi, sa discipline et ses traditions est partagée par nombre de catholiques, en Suisse alémanique.

Pourtant, cette période risque d’assombrir un ciel déjà lourd. Avec un danger d’orages fréquents. Car la plus petite étincelle fait gronder les médias et monter aux créneaux les détracteurs de l’évêque grison. Lui-même, par ses positions catégoriques, favorise d’ailleurs souvent ces réactions.

Les plus optimistes voient là une chance de repenser le découpage d’un trop grand territoire, en deux ou trois diocèses. Ou de faire surgir des noms nouveaux pour succéder à Vitus Huonder. Les autres vont user de tous les stratagèmes pour rendre ces deux ans au moins aussi difficiles que les précédents.

Manifestement, deux conceptions opposées de l’Eglise catholique cohabitent dans le diocèse de Coire. Les positions des deux camps favorisent les caricatures et les regards suspicieux de part et d’autre. Le maintien de Mgr Huonder ne favorisera pas la paix. Mais espérons que le pronostic sera contredit par la réalité. Deux ans de plus, ça passe vite ou lentement, c’est selon.

Bernard Litzler | 04.05.2017

L'évêché de Coire
4 mai 2017 | 16:58
par Bernard Litzler
Temps de lecture: env. 2 min.
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