François-Xavier Putallaz

Diagnostic préimplantatoire: un mauvais argument

Un argument-massue qui convainc toutes les majorités est le suivant : puisque le diagnostic prénatal (DPN) est autorisé, suivi d’un avortement lorsque le fœtus est handicapé, il importerait de légaliser le diagnostic préimplantatoire (DPI), lequel est moins invasif et moins traumatisant ; ceux qui, comme les catholiques, se battent contre le DPI préfèrent-ils donc une grossesse à l’essai qu’un test en laboratoire sur quelques cellules embryonnaires ?

Sous ses apparences naïvement simples, l’argument cache un sophisme.
1. D’abord il est typique de la « pente glissante », qui s’appuie sur un acquis (la dépénalisation de l’avortement) afin d’accomplir un nouveau pas réputé inexorable.

2. Les deux procédures ne sont pas semblables. Dans le cas d’un DPN qui révélerait une grave maladie, le couple de parents se trouve confronté à un grave dilemme : d’un côté l’autodétermination reconnue à la mère (que beaucoup admettent), d’un autre l’exigence de protection due à la vie à naître (que toute intuition morale reconnaît). Cette situation est donnée : elle n’a pas été voulue et chacun comprend le drame consistant à résoudre la tension.

Dans le cas du PDI en revanche, la situation est voulue et délibérément provoquée : on y choisit de produire plusieurs embryons dans le but explicite d’en détruire plusieurs. La décision malintentionnée est inscrite dans le processus même du diagnostic.

3. Mais surtout, le DPI implique un tri et une sélection, et c’est ce qui le distingue fondamentalement de l’interruption volontaire de grossesse. Il est très inquiétant que l’on veuille légaliser un processus délibérément eugénique, pour lequel on s’octroie le pouvoir exorbitant de décider qui mérite de vivre et qui ne le mérite pas. Une telle procréation sous réserve n’est-elle pas contraire au sens profond de l’accueil de la vie à naître ?

4. Et finalement, la barrière psychologique naturelle est plus forte dans le cas du DPN : un lien est établi entre la mère et son enfant, fût-il fragile. La vulnérabilité de l’embryon in vitro est beaucoup plus grande, dans la mesure où il ne bénéficie pas de cette protection naturelle. C’est donc à la loi d’y suppléer et, en ce sens, il n’est pas absurde de protéger davantage, ou autant, l’embryon in vitro que l’embryon in utero.

Puissions-nous ne pas nous laisser convaincre trop vite par les arguments émotionnels, mais mesurer les dangers que le DPI fait courir à la société. Et surtout aux enfants à naître : les plus vulnérables.

 

voir aussi: http://www.eveques.ch/societe/ethique/colloque-sur-la-procreation

5 septembre 2014 | 17:41
par François-Xavier Putallaz
Temps de lecture: env. 2 min.
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