Sœur Véronique

Evangile de dimanche: embauche!

Mais enfin, quelle idée !

Pourquoi le maître du domaine de l’évangile, demande-t-il à son intendant de verser leur salaire aux ouvriers, en commençant par les derniers embauchés? Ne peuvent-ils pas attendre un peu, alors que ceux de la première heure qui ont enduré le poids du jour et de la chaleur, ont certainement hâte d’empocher leur dû et de retourner chez eux pour se reposer et se rafraîchir? Ils se seraient probablement retirés sans rien demander de plus. Et le maître aurait ainsi évité leur mécontentement, leurs récriminations et le sentiment d’injustice qui ne va pas manquer de se faire entendre, à juste titre.

A juste titre, vraiment?

Mon ami, je ne te fais aucun tort, n’as-tu pas été d’accord avec moi pour une pièce d’argent? Prends ce qui te revient et va-t’en! rappelle le maître de la vigne.

Dans cette parabole, il y a deux types d’ouvriers comme il y a deux langages. Les ouvriers de la première heure sont embauchés avec un contrat de travail: on s’est mis d’accord pour la rémunération de la journée. Aux embauchés de la dernière heure, aucun salaire défini n’est promis. Le maître dit simplement: Allez, vous aussi, à ma vigne, je vous donnerai ce qui est juste. La rétribution reste à son estimation. Sans doute a-t-il été touché d’apprendre que personne ne les avait embauchés; il est sensible à leur situation de chômeurs: comment vont-ils nourrir leur famille?

«Ne sommes-nous pas dans un moment bien choisi pour entendre l’appel?»

Allez à ma vigne!

Ce maître n’hésite pas à sortir au petit jour, puis à quatre reprises pour recruter des ouvriers. Quelle obstination! Mais jamais il ne va sur place pour vérifier la qualité du travail, son avancée, le zèle ou la paresse des uns ou des autres. Il fait confiance à tous.

Décidément, c’est un maître bien étonnant!

N’ai-je pas le droit de faire ce que je veux de mon bien? Vas-tu regarder avec un œil mauvais parce que moi je suis bon? Etonnant, peut-être, mais perspicace!

Combien de difficultés relationnelles seraient évitées si notre œil était bon? Si nous évitions de regarder autrui avec envie, voire jalousie? Nous savons à quel point la comparaison est mortifère, car nous ne sommes jamais dans la situation de l’autre, nous ignorons tout de son histoire, de ses blessures et de ses combats.

Allez à ma vigne! Le seul souci de Dieu est d’appeler, d’envoyer et d’accueillir dans son Royaume. La Vigne, c’est le Royaume et aussi partout où vit l’humanité. Nous sommes tous, toutes appelés. Mais Dieu attend l’heure où nous serons prêts à rejoindre ceux et celles qui déjà travaillent à sa Vigne.

Alors, comment choisirons-nous de cultiver notre petit arpent de vigne, c’est-à-dire notre milieu social, nos familles, la société, l’Eglise?

Ne sommes-nous pas dans un moment bien choisi pour entendre l’appel?

Allez à ma vigne. C’est un envoi et une urgence. Oui, l’urgence est là dans notre Eglise de Suisse. Allons-nous nous dérober? Nous décourager? Quitter l’Eglise parce qu’elle nous a déçus, scandalisés? Ou serons-nous des ouvriers d’espérance?

Soeur Véronique | 22 septembre 2023


Mt 20, 1-16

En ce temps-là,

Jésus disait cette parabole à ses disciples :

    « Le royaume des Cieux est comparable

au maître d’un domaine qui sortit dès le matin

afin d’embaucher des ouvriers pour sa vigne.

    Il se mit d’accord avec eux sur le salaire de la journée :

un denier, c’est-à-dire une pièce d’argent,

et il les envoya à sa vigne.

    Sorti vers neuf heures,

il en vit d’autres qui étaient là, sur la place, sans rien faire.

    Et à ceux-là, il dit :

›Allez à ma vigne, vous aussi,

et je vous donnerai ce qui est juste.’

    Ils y allèrent.

Il sortit de nouveau vers midi, puis vers trois heures,

et fit de même.

    Vers cinq heures, il sortit encore,

en trouva d’autres qui étaient là et leur dit :

›Pourquoi êtes-vous restés là,

toute la journée, sans rien faire ?’

    Ils lui répondirent :

›Parce que personne ne nous a embauchés.’

Il leur dit :

›Allez à ma vigne, vous aussi.’

    Le soir venu,

le maître de la vigne dit à son intendant :

›Appelle les ouvriers et distribue le salaire,

en commençant par les derniers

pour finir par les premiers.’

    Ceux qui avaient commencé à cinq heures s’avancèrent

et reçurent chacun une pièce d’un denier.

    Quand vint le tour des premiers,

ils pensaient recevoir davantage,

mais ils reçurent, eux aussi, chacun une pièce d’un denier.

    En la recevant,

ils récriminaient contre le maître du domaine :

    ›Ceux-là, les derniers venus, n’ont fait qu’une heure,

et tu les traites à l’égal de nous,

qui avons enduré le poids du jour et la chaleur !’

    Mais le maître répondit à l’un d’entre eux :

›Mon ami, je ne suis pas injuste envers toi.

N’as-tu pas été d’accord avec moi pour un denier ?

    Prends ce qui te revient, et va-t’en.

Je veux donner au dernier venu autant qu’à toi :

    n’ai-je pas le droit de faire ce que je veux de mes biens ?

Ou alors ton regard est-il mauvais

parce que moi, je suis bon ?’

    C’est ainsi que les derniers seront premiers,

et les premiers seront derniers. »

«Mon ami, je ne suis pas injuste envers toi. N’as-tu pas été d’accord avec moi pour un denier ? Prends ce qui te revient, et va-t’en» | DR
22 septembre 2023 | 17:00
par Sœur Véronique
Temps de lecture: env. 4 min.
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