Sœur Nicole

Evangile de dimanche: Le Fils, des bêtes sauvages et des anges

L’Évangile de ce dimanche commence de manière surprenante: «Aussitôt, l’Esprit pousse Jésus au désert.» Pourquoi l’Esprit pousse-t-il Jésus au désert? Jésus vient d’être baptisé par Jean Baptiste, les cieux se sont ouverts et au moment où il voyait l’Esprit descendre sur lui, Jésus a été confirmé dans son identité de Fils par une voix venant des cieux disant: «Tu es mon Fils, le bien-aimé». C’est fort de ce qu’il vient de vivre et d’entendre que Jésus est envoyé au désert 40 jours.

En ce début de carême, 40 jours nous sont donnés pour vivre une expérience de désert. Accepterons-nous d’y être poussés par l’Esprit? Quel peut donc en être l’enjeu?

Le désert est le lieu de l’expérience fondatrice du peuple: il y a fait l’expérience de Dieu, un Dieu qui a entendu et vu sa misère, esclave en Égypte. Ce Dieu a libéré le peuple: il l’a conduit au désert et l’a nourri durant 40 ans: apprentissage d’une relation de confiance, jour après jour. Dieu a fait alliance avec lui en donnant à Moïse les 10 Paroles pour vivre; depuis en hébreu, le mot «désert» signifie le «lieu de la Parole».

Le désert, Dieu connaît: c’est le lieu où il se révèle de manière privilégiée.

 «Jésus est dans le désert 40 jours éprouvé par Satan». L’épreuve révèle la qualité d’un métal; elle révèle le cœur de la personne. Jésus va-t-il se révéler, lui le Fils de Dieu?

Osons le désert pour nous rapprocher du Seigneur et de sa manière d’être.

Mais, c’est connu, quand Dieu est là, celui qui s’oppose à Dieu, Satan pointe son nez!

Alors, le Satan, appelé aussi l’adversaire, le diviseur, le trompeur va-t-il réussir son coup?

Car le propre de Satan est de diviser pour régner, de mettre en question et induire en erreur pour détourner de la vérité et faire chuter.

Jésus ne tombe pas dans le piège. Il s’est fait homme pour nous libérer du mal et nous introduire dans une communion avec lui. Marc nous donne le résultat de l’épreuve: «Éprouvé par le Satan, Jésus était avec les bêtes sauvages et les anges le servaient»

En étant avec les bêtes sauvages, Jésus manifeste sa victoire sur Satan et toutes les forces contraires: victoire d’une communion avec tous les êtres vivants. La cohabitation heureuse avec les bêtes sauvages évoque l’idéal messianique, annoncé par les Prophètes, un retour à la paix paradisiaque (cf. Is 11,6-9).

Jésus nous dit aujourd’hui: cessez de vous situer en opposition, d’être en conflit les uns avec les autres ou avec une partie de votre être: «Je suis avec vous».

Soyez victorieux de l’adversaire qui rôde en vous ou autour de vous. Apprenez à vivre en harmonie avec vous, avec Dieu et les uns avec les autres!

Ainsi, la Création sera renouvelée: les forces sauvages seront domestiquées. Rappelez-vous le loup de Gubbio: une fois apprivoisé, d’ennemi des villageois, il en devient ami et protecteur. Les loups apprivoisés peuvent devenir des anges gardiens.
Le service des anges évoque la protection divine (cf. Ps 91,11-13).
En Jésus, le Royaume de Dieu s’est approché! Après cette confrontation personnelle à Satan, Jésus peut commencer sa mission: libérer l’homme de ses démons, annoncer la proximité du Royaume et inviter à se convertir.
Osons le désert pour nous rapprocher du Seigneur et de sa manière d’être.
Apprenons à vivre en alliance. Alors peut-être pourra-t-on dire autour de nous:
«le Royaume de Dieu s’est approché»?

Sœur Nicole Lechanteur | Vendredi 16 février 2024


Mc 1, 12-15

Jésus venait d’être baptisé.
Aussitôt l’Esprit le pousse au désert
et, dans le désert,
il resta quarante jours,
tenté par Satan.
Il vivait parmi les bêtes sauvages,
et les anges le servaient.

Après l’arrestation de Jean,
Jésus partit pour la Galilée
proclamer l’Évangile de Dieu ;
il disait :
« Les temps sont accomplis :
le règne de Dieu est tout proche.
Convertissez-vous
et croyez à l’Évangile. »

Jésus au désert, détail. Duccio di Buoninsegna vers 1310 | Domaine public.
16 février 2024 | 17:00
par Sœur Nicole
Temps de lecture: env. 3 min.
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